Bonsoir,
je me suis souvenu avoir lu quelque chose à ce sujet et je l'ai retrouvé dans un ancien ouvrage dédicacé par l'auteur en avril 1990, c'est vous dire que cela date.
Voici un scan de l'extrait de l'ouvrage:
Le Mistel ou Composite (L'avion à califourchon)
Un système ancien et vicieux, consistait à monter un avion à califourchon sur un autre, pour anéantir un objectif lointain. Les premiers essais d'attelages avaient eu lieu dans les années 1930, en Russie et aux U.S.A. avec avion et bombardier, puis en Angleterre en 1938 avec des hydravions. En Allemagne, les premiers essais d'accouplement ont été effectués au printemps 1940, avec un Heinkel 46 remorquant un Gotha 150. En 1941, l'Institut Allemand de Recherche DFS fut désigné par l'Etat-Major de la Luftwaffe pour reprendre en mains tous les essais. En 1942, on procéda à des essais avec un Klemm KI 35A monté sur un planeur DFS 230. Puis des jumelages seront effectués avec un Junkers 52/3m et un Fock-Wulf FW 56, un FW 56 avec un DFS 230 et enfin un Messerschmitt Bf.109 avec un DFS 230 V-7 chez Gotha. Un Messerschmitt Bf 109 avec un Blohm-Voss BV 40 et un Me 410 et un BV 40, etc.
Encouragé par les succès de ces jumelages, le capitaine Siegfried Holzbaner, chef pilote d'essai de la firme Junkers eut l'idée d'utiliser le bombardier Ju 88.
Pour cela il fut récupéré les cellules de Ju 88 usagées ou réformées. Les appareils conducteurs choisis furent le Messerschmitt Bf 109 modifié et le Focke Wulf FW 190, pour les avions porteurs ce fut le Junkers 88 A ou Ju 88 G. Le principe de lancement fut le suivant : l'appareil supérieur conducteur fut arrimé à peu près au centre de gravité, sur deux points de la traverse principale à l'aide d'un chevalet de longerons, maintenu en état de vol sur l'appareil porteur.
La séparation en vol se faisait de la façon suivante : d'abord le jambage arrière s'abattait, ce qui donnait à l'appareil supérieur un angle d'attaque plus fort, de façon qu'il puisse s'élever dès l'instant de la séparation. Une école fut constituée chez le constructeur avec des versions d'instructions, constituées par des Junkers 88 A/Bf 109 F (sous le nom de code de « Mistel S1 »), des Junker 88 G/FW 190 A 8 (sous le nom de code « Mistel S2 »), des Junkers 88 G6/FW 190 A 6 (sous le nom de code de « Mistel S3 A »).
Les « Mistel » en opération
Cet attelage qui fut baptisé « Mistel » (Mistel toe = le Gui) avait comme nom de code « Engin Beethoven » ou « Père et Fils ». La combinaison « Armée » d'opération était composée d'un Ju 88 A4 sans équipage modifié, avec une charge creuse de 3.800 kg placée dans le nez de l'appareil et un Bf.109 F comme avion-pilote plus connu sous le nom de code de Mistel I. Les autres combinaisons seront : Ju 88 G1/FW 190 A-6 ou F-8 (Mistel II), Ju 88 A-4/FW 190 A-8 (M is-tel III a), Ju 88 H-4/FW 190 A-8 (Mistel III b), Ju 88 G-10/FW 190 F-8 (Mistel Ill c). Un dernier modèle sera expérimenté peu de temps avant la fin de la guerre avec un Ju 88 G8 et un Fw.Ta 152 H.
La charge creuse avec son « dard pointu » comportait l'allumage des détonateurs, donnait au Ju 88 un aspect particulièrement venimeux. Son efficacité était d'une telle puissance, qu'elle était capable de percer environ une tôle d'acier de 8 mm ou 20 mètres de béton armé.
Toutes les commandes étaient dirigées par le pilote de l'avion de chasse, qui dégageait son appareil à 1,5 km de l'objectif, tandis que le Ju 88 volait vers l'objectif, toutes commandes bloquées avec une grande précision.
Par contre, certains Ju 88 étaient équipés d'un « Pilote Automatique » qui manquait de précision. La mise à feu du Ju 88 bourré d'explosif, se faisait par une commande électrique, tandis que la séparation des deux appareils par une charge d'explosifs, qui dégageait le chasseur de son attelage. Les premiers Mistel qui devaient attaquer la Flotte britannique à Scapa-Flow au Danemark, furent livrés à la 2e escadrille du KG 101 (2KG.101) en mai 1944, sur le terrain de GROVE. Cette première unité opérationnelle avait été mise sur pied sous le commandement de l'Hauptman (Capitaine) Horst-Rudat et faisait partie du plan « Einsenhammer » (marteau-pilon). En réalité, cette opération sera annulée suite au débarquement allié en Normandie. L'escadrille avec ses 5 Mistel I s'envolera pour la base de St-Dizier, où elle effectuera sa première mission dans la nuit du 24 au 25 juin 1944, contre les navires de guerre dans la baie de la Seine. Escortée de Bf 109 G du I/JG.301, un Ju 88 sera détruit au cours du vol d'approche, les quatre autres atteignirent la zone d'opération et coulèrent des « Block-Ships » du port artificiel d'Arromanches.
En août 1944, l'escadrille forma la base du premier groupe de Mistel, qui deviendra en octobre le III/KG 66 ; seul groupe utilisant des Mistel et comprenant également un groupe de balisage et un groupe de remplacement. Le 10 novembre 1944, le III/KG 66 sera transformé en II/KG 200 composé de trois escadrilles. Le KG 200 qui était équipé de Ju 88 S, Ju A et de Ju 188 E accomplissait des missions d'éclaireurs pour les Mistel I et les Mistel III du VIKG 200. Le VIII/KG 200 était l'escadrille de réserve et d'instruction du groupe.
En novembre 1944, une unité de Mistel qui avait été mutée au Danemark fut pratiquement décimée au cours d'une attaque contre la Flotte britannique. Au début de 1945, les unités de Mistel restantes, le 1 er et le 2e Groupes du KG 30 passent sous commandement du KG 200 et sont regroupées en unité de combat à Helbig, en vue d'attaquer des Centres Stratégiques en U.R.S.S. Ces nouvelles opérations auront lieu suivant le vieux plan « EISENHAMMER », avec des bases de départ en Prusse Orientale. Mais devant l'avance des troupes russes, et les bombardements américains, 18 Mistel seront détruits au sol sur la base de Rechlin-Lârz. Une dernière mission aura lieu le 16 avril 1945 avec 17 Mistel contre les ponts de l'Oder sur le front de l'Est, escortés de Ju 188 comme avion éclair et un groupe de chasse de protection. L'objectif sera atteint mais la plupart des Mistel sera transformée en véritable écumoire par la DCA Russe.
Au total 250 Mistel environ seront réalisés.
Voilà ce que j’ai pu trouver dans un ancien livre ‘’Armes secrètes et ouvrages mystérieux de Dunkerque à Cherbourg’’ écrit par Myrone N. Cuich.
Je ne sais si tous ce qui est relaté dans l’article, reflète la réalité.