Bonjour,
Désolée de remuer le couteau dans la plaie de la honte alsacienne... quitte à passer pour l'avocat du diable... mais entre me vanter ou me taire au sujet de mes différents ancêtres, j'ai choisi de comprendre.
L'étude de G. Diebold et son exposé sont bien menés et en toute objectivité.
Les facteurs psychologiques et sociologiques d'un engagement volontaire doivent être pris en considération même si cela ne parait pas suffisamment "historique" aux yeux de certains.
D'un point de vue général :
Quels ont été les effets de la propagande sur la population ? Nous avons des chiffres qui démontrent l'inefficacité de cette propagande.
Pourquoi a-t-on cru que la communication issue de la culture du IIIème Reich allait fonctionner sur une population ayant une double culture ? Probablement en souvenir de l'annexion de 1870 et avec l'optique tronquée que les alsaciens allaient tous être ravis de redevenir allemands.
Comment ont été perçus les messages de propagande (et les actions de séduction comme la fête de la carrotte^^) par les concernés ? tant en bien qu'en mal.
Du coup, quels auraient du être les codes efficaces pour la population ciblée ? Sont ils les mêmes qu'aujourd'hui ?
La connaissance actuelle des codes publicitaires, de leur technique et de leurs impacts sauraient répondre à cela. Et surtout elle dispose d'outils quantitatifs permettant de ramener une étude au niveau factuel attendu dans une recherche historique.
Puis il y a les cas individuels :
Ce "collabo" glorifié dans un journal de propagande seulement après sa mort l'était il vraiment ?
Cet homme malheureux en mariage a-t-il saisi une opportunité de fuite conjugale dans l'engagement volontaire ?
Ce fonctionnaire père de 7 enfants a-t-il cédé à l'appel d'un meilleur salaire ?
Celui qui s'est engagé pour fournir des informations ou des avantages à ses proches et qui ne s'en est jamais vanté après guerre (ou n'a pas pu) était il un vraiment un traitre ou un potentiel résistant ?
Celui dont la veuve s'est empressée de faire établir une carte au NSDAP après le décès de son conjoint afin toucher une pension, était il un fanatique nazi de la première heure ?
Ce prisonnier français de la Drôle de Guerre a-t-il reçu comme injonction de s'engager sous peine de voir sa captivité renouvelée et même imposée à sa famille ?
Il n'est pas question là de dédouaner des comportements mais de les analyser dans leur contexte spécifique avant d'en tirer une conclusion objective.
Si au final l'engagé volontaire a cédé à l'appel d'une idéologie dont nous connaissons aujourd'hui les conséquences, cela reste son plein droit. Nous sommes simplement ici comme observateurs et non comme juges.
Les rumeurs, les pressions et les documents falsifiés ont causé bien plus de dégâts dans les familles alsaciennes qu'une confrontation militaire. La différence est qu'une guerre a une fin que les traumatismes qui y sont liés n'ont pas. Un secret de famille mérite parfois d'être brisé pour faciliter l'acceptation d'un passé qualifié de "honteux" par la majorité. Un fait est un fait, soit. Encore faut il que le contexte soit clairement défini.
En conclusion, essayer de décrypter la manipulation psychologique de masse de l'époque et de définir les motivations personnelles d'un individu dans son contexte sociologique n'a donc rien de honteux. C'est même essentiel à la compréhension des autres évènements passés et même de ceux à venir.
Amen ! ou CQFD pour les plus cartésiens
Dans les chiffres annoncés par G. Diebold, il reste 114 personnes dont l'affection n'est pas connue. Une piste intéressante qui reste à creuser.
Comme le lien pour G. Diebold vers le site des Malgré-Nous est out, je vous mets celui vers le Mémorial :
http://www.memorial-alsace-moselle.com/ ... l-2019.pdfComme quoi, même le sujet des engagés volontaires mérite d'être abordé au titre du devoir de mémoire