"Knock'em all down" : Aix-la-Chapelle, 1944

Bonsoir,

Le 12 septembre 1944, quand le VII US Corps, à l'initiative de COLLINS, attaque dans le corridor de Stolberg (une "fausse" trouée entre Aachen et Hürtgen) il semble bien qu'il n'ait rien pour tenir Aachen (SCHWERIN vient d'abandonner la ville, indéfendable). Alors oui, peut être, aurait-elle pu être prise "à la hussarde" selon la formule consacrée et qui va bien en l'occurence. Mais le hussard COLLINS en bon "Blitzkrieger" évite la ville jouant la carte de l'initiative pour franchir le Westwall (très dense à cet endroit) avant qu'il ne soit garni. A bout de souffle, il va se casser les dents sur la 12.Volksgrenadier-Division qui arrive miraculeusement (une sorte de miracle de la Marne à l'envers).

L'affirmation suivant laquelle von Schwerin vient d'abandonner la ville n'est pas correct . Le soir du 14 septembre, la 116. Panzer Divison
tient toujours les accès ouest et sud de la ville . La ligne de défense va du "Schneeberg" vers Vaalserquartier et Flinzenshäuschen .
La Pz AA116 sécurise entre ce dernier lieu et Forst (en vert) . Vu le peu de moyens anti-char dont dispose la division (3 Panzer IV, 2 Panther
et 2 Stug + 15 Stug de la Sturmgeschützbrigade 394 et quelques Pak 7,5 cm) et la trouée qui s'est formée le matin du 14 entre la 116.Panzer
Division et la Kampfgruppe 9.Panzer Division qui s'est retiré vers la deuxième ligne du Westwall, Schwerin est par contre persuadé que sa division
ne pourra pas tenir Aix-la-Chapelle jusqu'au soir du 14 septembre . Mais contre toute attente, von Schwerin arrive à stopper l'avance américaine
-le 16th Infantry Regiment prend possession de Rothe Erde et de Eilendorf (en bleu) le matin du 14 septembre- le long de la ligne de chemin de fer
Aachen-Düren (en rouge) avec la Pz AA 116, un bataillon d'instruction et quelques Flak .
La 12.Volks Grendier Division n'arrive que le 16 septembre (1 bataillon) et le 17 septembre .


Kriegsgliederung 9. Panzer Division au 10.09.44

Kriegsgliederung 116. Panzer Division au 15.09.44



Au vu des forces en présence, j'ai quelques doutes si ,de la part des Américains, il y avait une réelle volonté, vers le 12 septembre, de
s'encombrer d'Aix-la-Chapelle . Je pense que cette ville, sans véritable intérêt stratégique, ne devient que par après un enjeu de propagande
des 2 côtés .

[Dog Red]

Au vu des forces en présence, j'ai quelques doutes si ,de la part des Américains, il y avait une réelle volonté, vers le 12 septembre, de
s'encombrer d'Aix-la-Chapelle.

Je partage tes doutes.
Merci pour les précisions. MAC DONALD est plutôt léger, dès lors, quand il évoque l'abandon de la ville par la 116.Pz-Div.

Faut absolument que je me procure les mémoires de GUDERIAN fils, je vais essayer de commander ça à un prix raisonnable cette semaine !

Bonjour,

MAC DONALD est plutôt léger, dès lors, quand il évoque l'abandon de la ville par la 116.Pz-Div.

Faut absolument que je me procure les mémoires de GUDERIAN fils, je vais essayer de commander ça à un prix raisonnable cette semaine !

Il n'est pas seulement léger, mais il se trompe complètement . Le limogeage de von Schwerin ne se fait pas suite à des erreurs militaires de
sa part, mais suite à la lettre adressé au "commandant américain" qui devait occuper Aix-la-Chapelle . Lettre qui tombe entre les mains des
bonzes de la NSDAP que von Schwerin avait fortement critiqué le 12 septembre, leur reprochant d'avoir abandonné la population civile
d'Aix-la-Chapelle .
On a surtout la chance d'avoir encore la totalité du KTB et des annexes du KTB du 81.AK ce qui permet de croiser les informations .

[Prosper Vandenbroucke]

Je pense que la prise de Aachen est surtout symbolique car c'est quand même la première grande ville du III° Reich qui tombe au mains des Alliés de l'Ouest et que la ville en elle même au point de vue stratégique ne représentait pas beaucoup d'importance (bien que donnant accès à la région de la Ruhr), mais l'impact psychologique et symbolique à du être immense.
Bien amicalement
Prosper

Je pense que la prise de Aachen est surtout symbolique car c'est quand même la première grande ville du III° Reich qui tombe au mains des Alliés de l'Ouest et que la ville en elle même au point de vue stratégique ne représentait pas beaucoup d'importance (bien que donnant accès à la région de la Ruhr), mais l'impact psychologique et symbolique à du être immense.
Bien amicalement
Prosper

Je me demande si c'était tellement symbolique et si peu stratégique.

Au cours d'un récent voyage à Aix la Chapelle, croyant avoir oublié des médicaments essentiels, j'ai regardé une minute la voie la plus courte pour choper un train Strasbourg puis Besançon.

A ma grande surprise - je la voyais pas là - on était à 70 km de Cologne : Aachen est la porte de la Rhénanie, et se trouve, sauf erreur, bien au nord du Westwall. (il est vrai que border le Rhin n'est pas encore le franchir, mais enfin on peut imaginer le début d'affolement dans les rangs allemands...)

Je parle d'une géographie que je connais peu, on me contredira si je suis à côté de la plaque.

[Dog Red]

Je me demande si c'était tellement symbolique et si peu stratégique.

[...]

A ma grande surprise - je la voyais pas là - on était à 70 km de Cologne : Aachen est la porte de la Rhénanie, et se trouve, sauf erreur, bien au nord du Westwall. (il est vrai que border le Rhin n'est pas encore le franchir, mais enfin on peut imaginer le début d'affolement dans les rangs allemands...)

Je parle d'une géographie que je connais peu, on me contredira si je suis à côté de la plaque.

Pierremanu, Aachen n'est pas au nord du Westwall comme tu l'imagines mais "enchâssée" même dans le dispositif comme le montre bien la carte ci-dessous.



Au risque de me tromper (tout est question d'appréciation), ce n'est pas tant la ville que la voie d'accès naturelle au Rhin qui a ici valeur stratégique et explique sans doute le double réseau de fortifications du Westwall à cet endroit. Ce que les Américains ont appelé "corridor de Stolberg" et par lequel COLLINS cherche à se glisser sans intérêt pour la ville (qui est par ailleurs embarrassante à défendre, environnée de hauteurs d'où il est assez facile d'observer et pilonner).

Le point stratégique c'est Cologne (Köln), point de passage sur le Rhin depuis l'antiquité romaine et point de passage que convoitent les Alliés.
De Köln on peut envelopper la Ruhr vers le nord ou filer droit vers l'est et Berlin (je renvoie au plan de MONTGOMERY à la seconde quinzaine d'août 1944).
Aachen n'est qu'un jalon entre la Meuse (Liège/Maastricht) et le Rhin.

Quant au symbole, la aussi au risque de me tromper, n'est-il pas le Rhin plutôt que toute autre chose ?
Aachen ne sera qu'un maigre lot de consolation à agiter sous le nez de la presse (déjà) alors que partout (d'Arnhem à Metz) l'offensive alliée s'est éteinte aux portes de l'Allemagne dont Aachen n'est "que le paillasson" (sauf tout le respect à une ville bimillénaire, siège de l'empire carolingien).

Merci pour la carte, Daniel.
C'est très différent de ce que j'avais en tête. (En particulier c'est tourné autant face à la Belgique que face à la France.)

[Dog Red]

C'est très différent de ce que j'avais en tête. (En particulier c'est tourné autant face à la Belgique que face à la France.)

Et une bonne part des Pays-Bas.
La Ruhr est à l'abri derrière "le mur", c'est ce que l'Allemagne en guerre a de plus précieux. Raison pour laquelle la Ruhr est l'objectif n°1 des Alliés en Europe occidentale.