Dimanche 3 septembre 1944 au matin, un important groupe (environ 300 hommes selon les témoignages) de soldats allemands entre dans Jemappes par la route nationale qui traverse le Borinage en venant de Quiévrain et la frontière française vers la ville de Mons.
Les hommes sont essentiellement des Fallschirmjäger issus de la 6.FJD (les enquêteurs de la Commission des Crimes de Guerre établiront rapidement que se mèlent à eux des hommes des troupes de campagne de la Luftwaffe et quelques auxiliaires russes issus d'un Wolga-Tartaren-Bataillon) qui refluent en Belgique depuis le Cambrésis.
Alors qu'ils sont à hauteur de l'avenue Demerbe (actuelle rue Richebé), les Allemands se font tirer dessus par des résistants du Front de l'Indépendance depuis un terril proche (carte ci-dessous).
Mieux armés, les paras ripostent et dispersent leurs assaillants. Mais ils ont subi des pertes et les esprits sont échauffés. S'en suit une chasse aux "Terroristen".
Les maisons sont forcées, saccagées, à coups de grenades éventuellement. Avenue Demerbe, les habitants sont sortis de chez eux manu militari.
Les hommes et les femmes sont séparés en deux groupes distincts.
Des avions alliés en maraude remontent la route nationale à basse altitude et provoquent un moment de flottement.
Les femmes en profitent pour s'égailler dans les rues avoisinantes.
Les Fallschirmjäger vont se rabattre sur le groupe d'une dizaine d'hommes.
Ceux-ci sont fouillés et dépouillés puis emmenés au bout de l'avenue (+/- flèche horizontale sur la carte).
Ils sont rassemblés au pied du mur d'un laminoir.
Un Panzer ouvre le feu à coups de mitrailleuse.
Sept ne se relèveront pas : Emile Fagniart, René Mairesse, Frans Splingard, Hector Quintin, Edouard Sirault, Joseph Beck et Gaston Hoyoux ; les quatre rescapés sont : MM. Aimable Urbain, Pierre Bastien, Charles Arthur et son fils,
Un pan du mur a été conservé et une plaque rappelle le meurtre de ce 3 septembre, il va y en avoir d'autres...
https://www.google.be/maps/place/Mur+de ... &entry=ttu
Les soldats poursuivent leur route jusqu'à l'écluse qui permet de traverser le canal de Condé et contourner Mons par le nord.
Les Américains sont arrivés la veille et le centre ville est à éviter.
A l'écluse, les paras emmènent avec eux les marins de la Kriegsmarine qui manoeuvrent l'écluse.
Passé le canal, ils débouchent dans le quartier de la route de Baudour (la marche des Allemands est repérée en bleu sur la carte).
Pour leur malheur, les riverains vont prendre les Allemands pour des Américains !?
Petit mot d'explication : après 4 années d'occupation, les habitants connaissent bien les attributs du soldat allemand, le casque caractéristique, l'uniforme vert-de-gris et les bottes.
Les Fallschirmjäger qui s'avancent ont une toute autre allure : casque droit des parachutistes, tenue camouflée (que les témoins qualifieront plus tard de "kaki") et bottines de saut.
La confusion est telle que les civils acclament les Allemands en criant "Les Américains !"
Déjà échaudés, les soldats vont répéter le mode opératoire de l'avenue Demerbe et là aussi rassembler les gens dans la rue.
Quatorze hommes sont emmenés vers le parc communal et alignés près de l'entrée côté Ghlin (le village voisin - Flèche verticale sur la carte).
André Cardinal, Désiré Cardinal, Marcel Cheron, Fernand Deghislage, Jules Donfut, Fernand François, Marcel Houdart, Louis Laurent, Auguste Leblanc, Jules Levêque, Valère Levêque, Fernand Mondron, Raoul Noël et Nicolas Perez.
Un des otages qui comprend l'allemand se rend compte qu'ils vont être fusillés et s'enfuit en prévenant les autres.
Neuf sont fauchés par les balles.
A suivre...