landevenneg a écrit:Le livre de Y Mervin [Saint-Marcel] vaut le coût d'être lu. D'une manière générale l'ensemble des livres de Y Mervin forment un tout cohérent et il ne laisse pas l'idéologie prendre le dessus sur les sources. C'est toujours argumenté et sourcé. Même ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, ont intérêt à le lire pour le débat.
C'est presque un plaidoyer d'auteur !
Le "tout cohérent", c'est surtout une unité de lieu (la Bretagne occidentale), une unité de temps (la période de la SGm) et ensuite la poursuite d'une démonstration iconoclaste, provocatrice sur le ton bien que numériquement exacte : la Résistance fut plus dangereuse pour les Bretons qu'envers les Allemands.
Le très gros intérêt des livres d'YM, c'est l'accès direct à des extraits d'archives souvent inédites, clairement référencées, donc vérifiables par le lecteur, et citées sans souci de tronquer ou de pointer seulement les deux lignes qui vont dans le sens souhaité. A ce propos "St-Marcel" accentue cette bonne orientation. On en a pour son argent avec la matière première.
Toutefois, si "l'idéologie ne pend pas le dessus sur les sources", au sens où elle ne les déforme pas, elle n'est pas pour autant absente du texte et domine un peu trop l'analyse et les conclusions. Sa forme d'expression est aussi relativement engagée, probablement excessive mais cela reste justement de la responsabilité de l'auteur. Je note des répétitions nombreuses qui montrent une relecture peu rigoureuse ou une publication peut-être précipitée (?). D'où présence de coquilles (Erquy n'est pas loin !) et, plus gênant, un plan un peu bancal, n'ouvrant pas sur une conclusion. Celle-ci est distillée au fil du texte.
Je m'explique. L'auteur déborde largement de la journée de St-Marcel, ce qui s'explique en partie par le souci louable de bien contextualiser. En aval, il s'attarde longuement sur les errements des procédures engagées par la famille LE MENE (double meurtre avec violences, couvert par la résistance) et divers épisodes peu glorieux de la période. On ne sait plus trop si l'ouvrage est centré sur St Marcel ou sur le "procès de la résistance". OK pour ces dérives, OK pour la longue mise sous le tapis qu'il convient de démontrer, mais il n'y a pas que cela dans la période. C'est donc souvent confus [comme mon post !] malgré l'abondante (et je pense vraiment honnête) documentation à l'appui. Probablement aurait-il été plus clair de compléter l'analyse chronologique par une approche historiographique plus précise montrant le "traitement de l'affaire" en séparant St-Marcel et l'affaire LE MENE. Et ce n'est bien entendu qu'une de ces affaires qui pourraient documenter une synthèse spécifique.
Pour revenir à St Marcel, je pense qu'il manque là aussi une analyse fine de la biblio disponible et une description du corpus original rassemblé par l'auteur. On découvre le tout pas à pas et ce n'est pas très facile.
Bref, un nouvel apport dont on ne peut que recommander une lecture ... critique.
JD