Bonjour,
Je souhaitais raconter l'histoire du soldat qui a sauvé ma ville natale.
Il s'appelait James Dougal Mac Racken, ASN 34 881 595 - Compagny A - 315e The Enginer Combat Battalion, 90th infantry division. Ce soldat américain s'est sacrifié pour défendre un pont de Mayenne, qui porte désormais son nom, le 5 août 1944.
Né le 1erjuin 1916 à Red Spring, en Caroline du Nord (États-Unis), il a 28 ans lorsqu'il débarque sur les plages normandes, en juin 1944. Sa division d'infanterie, la 90e, est chargée de libérer Mayenne. Deux ponts sur trois ont déjà été détruits, seul celui de la Caisse d'épargne peut permettre une avancée rapide des Américains. Dans la nuit du 5 août 1944, son équipe spécialisée en déminage a pour mission de couper les fils conducteurs, reliés à une bombe de 125 kilos et à 15 caisses de dynamite, placés sur le pont par l'ennemi allemand.
Protégés par deux chars, les démineurs progressent. Le sergent Mac Racken s'élance sur le pont, à découvert, et coupe les fils. Il sera abattu par les tirailleurs et mitrailleurs Allemands, positionnés rue Roullois. Le groupement Weaver de la 90e division peut emprunter le pont. À partir de 5 h 30, la progression des Américains est générale. Mayenne est conquise, puis libérée.
La ville est libre, mais ignore le nom de son sauveur. Alors maire de la ville, Charles Drou demande aux autorités compétentes le nom du soldat. Il l'obtiendra onze mois après, fin juin 1945.
À sa mort, James Mac Racken laisse derrière lui une femme, Maggie, et une petite fille de trois ans, Myrtis. L'épouse du maire mayennais commence alors une correspondance avec la veuve. « J'ignorai tout jusqu'alors des circonstances dans lesquelles mon bien-aimé avait été tué, l'armée ne donne aucun renseignement sur ceux qui meurent là-bas ! » écrit-elle. Pour Noël, la ville offrira à la petite Myrtis une poupée.
À chaque date anniversaire, la ville de Mayenne invite Maggie Mac Racken à assister aux célébrations. Mais ses finances ne lui permettent pas de traverser l'Atlantique. Un journal de Caroline du Nord s'intéresse à cette histoire. Très vite, les lecteurs se mobilisent et récoltent plus de 1500 dollars pour aider la famille à se rendre en France. L'information est relayée par la branche nationale du journal, et tout s'accélère. En juillet 1961, dix-sept ans après la libération de Mayenne, la veuve Mac Racken se rend enfin sur le lieu de sacrifice de son mari.