« Les FTP sont en droit de se considérer en légitime défense à l’égard des policiers qui, obéissant aux ordres de la Gestapo, font la chasse aux Français pour les livrer aux pelotons d’exécution boches. De chacun de ces policiers sans honneur et sans conscience qui trahissent la France, on peut dire avec Victor Hugo : « Tu peux tuer cet homme avec tranquillité » (« Il faut en finir », L’Humanité, 28 mai 1942).
Le 7 juin in groupe de policiers dU GMR « Perrache », caserné au fort de la Vitriolerie, à Lyon est chargé de convoyer un convoi d'essence à Chalon sur Saone. Au retour l'escorte est réquisitionnée pour transporter des munitions à Bourg dans l'Ain pour le compte de la Milice. Vers 11 h, entre Saint-Amour et Bourg, sur la route reliant Nantey à Florentia Le groupe est arrêté par un groupe de Résistants qui s'empare des véhicules et de l'armement. Les policiers sont emmenés.
On peut penser qu'il s'agit de les empêcher de donner trop vite l'alerte. Que s'est 'il passé dans le maquis? Dans la nuit il semble qu'on annonce aux policiers qu'ils vont être libérés. Après 2 heures de marche, vers 23 h, à proximité de Florentia, les policiers sont alignés et rafalés à la mitrailleuse. (Deux des douze hommes retrouvés par la population gravement blessés, survivront en faisant le mort) Les corps des 10 tués étaient enterrés dans une fosse commune au cimetière de Nantey.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer que les policiers ont été conduits à proximité d'une agglomération et non exécutés immédiatement dans le maquis et enterrés sur place.
- Il n'y avait pas forcement unanimité dans le maquis pour exécuter les policiers
- Il y avait une volonté que la population découvre les corps pour servir d'exemple.Dans son rapport du 29 juillet 1944, le commandant Missioux (officier, gaulliste, premier commandant régional des CRS fin 1944), chef du GMR « Rhodanien », apportait des éléments complémentaires. Les individus qui ont abattu les policiers étaient cinq Russes. Le chef de « bande » avait crié avant d’ouvrir le feu sur les prisonniers, «Vous êtes des GMR, donc des traîtres, vous méritez le châtiment des traîtres ».
Le groupe de Résistants n'a pas été identifié cependant des historiens notent que le 1er bataillon du capitaine Grillon, Paul Cribeillet, comptait dans ses rangs, le détachement du lieutenant Lamkine et du sous-lieutenant Tchernov, tué au combat le 15 juin 1944. Ce détachement était composé d’une majorité de Russes.
Il ne s'agirait donc pas d'un maquis noir, excuse généralement évoquée pour se défausser de toute responsabilité. Le choix de faire exécuter les policiers par des Russes peut s'expliquer parce qu'il leur était plus facile d'obéir qu'à des Français devant exécuter des compatriotes innocents. Il semble qu'il ait existé une certaine pratique d'employer des étrangers, (ukrainiens, polonais, espagnols) pour les basses œuvres histoire d'accréditer la pertinence des motifs d'exécution et qu'il n'y avait pas d'autres motifs.Le capitaine Grillon, Chef d'orchestre aux Folies Bergères, membre du parti communiste depuis 1920, a écrit un livre de souvenirs "Carnet de route et souvenirs du capitaine Grillon" qui en dit long sur le personnage:
"Empreint d'une veine romantique prononcée et marqué par une profonde dichotomie entre les patriotes résistants et les lâches collaborateurs, le récit de Paul Cribeillet (« Capitaine Grillon » dans la résistance) rapporte l’expérience du chef du 1er bataillon F.T.P.F. de l'Ain Jean Martel (personnification littéraire de Paul Cribeillet). Par son entremise, il présente les hommes de son bataillon qui participent à la création du maquis du 1er bataillon F.T.P. de l'Ain. C'est ainsi que les maquisards entrent immédiatement en action malgré leur inexpérience : un collaborateur est abattu, des lignes de chemins de fer sont sabotées et le « premier parachutage » est réceptionné. Les opérations ne cessent dès lors de se multiplier, frappant les esprits de la population et terrifiant chaque jour un peu plus les « boches et les miliciens » honnis, qui assassinent sans vergogne et détruisent plusieurs villages. Accueillie avec une joie sans égale, l'annonce du débarquement conduit les F.T.P. à multiplier les coups de main afin d'entraver l'action de l'occupant, ce qui coûte la vie à plusieurs d'entre eux. Le bataillon affronte également un défi majeur puisqu'il lui faut intégrer en son sein un grand nombre de nouvelles recrues. Progressivement, les villes et villages de la région sont libérés au prix d’actions héroïques. La prise de Bourg-en-Bresse, aux côtés des Alliés, est la dernière « action de guerre » (298) du bataillon. Ce récit s'achève par un vif hommage rendu à tous les martyrs de la résistance, célébrée une nouvelle fois avec fougue par l’auteur."La Commission d'épuration du GMR a prononcé la réhabilitation des 10 hommes assassinés précisant que nombre d'entre eux n'avaient pas participé à des actions contre la Résistance. Cependant la mort de ces policiers continue de déranger et au titre du "devoir de Mémoire", les noms de ces 10 policiers ne figurent sur aucun Monument aux Morts, plaque commémorative:
Roger Delorme, Aimé Achard, René Putinier, Marcel Morraglia, Roger De Raedt, André Bay, Jules Milceut ou Milcent, Louis Donque, Louis Féraud.