Le jusqu'au-boutisme du soldat allemand face à l'Armée rouge ne fait aucun doute.
Pas de mirage de paix-séparée de ce côté-là à l'automne 44 (j'avais lu en son temps que la décision de capitulation inconditionnelle, plus tôt dans la guerre, se voulait également une forme de pression pour tenter d'empêcher un nouveau pacte STALINE-HITLER). Face à l'URSS, c'est bien d'une victoire totale dont il est question en 1944 (je ne suis pas certain que cette optique soit forcément celle d'HITLER en 1941).
H.Pekar a écrit:...le parti allemand n'a pu être décontenancé par la déclaration de reddition inconditionnelle de Roosevelt : cela correspondait très exactement à leur mode de pensée.
J'en suis beaucoup moins sûr.
Les Allemands tout d'abord.
HITLER comme ses généraux me semblent tout pétris de logique clausewitzienne... ...et c'est bien normal ! On n'échappe pas à un siècle de pensée prussienne pour les derniers, on n'admire pas Frédéric le Grand pour rien pour le premier. Toute la pensée allemande du
Blitzkrieg me semble par ailleurs aller dans ce sens. L'obtention de victoires décisives successives peu couteuses en temps et en moyens permettant de signer la paix du prince. Rien de neuf. La guerre est la poursuite de la politique (restauration de la puissance allemande et établissement d'un
Lebensraum à l'Est) par d'autres moyens.
C'est cette vision classique, et européenne, de la guerre qu'ont les Allemands. C'est cet état d'esprit qui leur laisse croire en l'illusion d'une paix séparée possible avec les occidentaux contre le communisme.
C'est une erreur fondamentale que ne commet pas HITLER tant qu'il n'obtient pas une dernière victoire décisive à l'Ouest (l'offensive d'hiver 1944/45 en Ardenne) permettant de ramener les anglo-saxons à la table des négociations.
Les Américains ensuite.
ROOSVELT est dans la droite ligne d'un LINCOLN, 80 ans plus tôt contre les états confédérés du sud lors de la Guerre civile. Une victoire militaire totale, débouchant sur une capitulation sans condition permettant d'imposer son modèle politique au vaincu. Pas de revanche possible. Le calice doit être bu jusqu'à la lie et le système politique remplacé.
On va au-delà des arrangements entre princes des Temps modernes, on va au-delà de la pensée clausewitzienne de la bataille décisive. La bataille décisive n'est qu'un moyen pas une fin permettant de déboucher sur des négociations.
Une nouvelle dimension de la guerre qui, me semble-t-il, a totalement échappé aux Allemands et qui leur impose, jusqu'à la 23e heure au moins, de se défendre coûte que coûte.