Très intéressant, cette "fin d'un monde" dans l'Italie du nord.
Mussolini a commis l'erreur d'entrer en guerre le 10 juin 40, pour participer au traité de paix avec la France. Pour pris de la tôle qu'il s'est prise dans les Alpes, il ne demande rien moins que la Corse, Nice et la Tunisie. Mauvaise pioche : Hitler va s'opposer à cette "voracité ridicule" (Lacouture) et proposer à la France des conditions "inattendues de la part de ce furieux" (Lacouture, toujours) ce qui est négliger, d'une part que Hitler, furieux et brutal tant qu'on voudra, a toujours fait preuve d'un esprit politique aiguisé, d'autre part qu'il a en face de lui un Pétain qui a demandé à ses troupes, "le coeur serré", de cesser le combat, AVANT même de connaître les conditions allemandes, ce qui revient à se mettre à la discrétion du vainqueur, et constitue en fait une avance politique à peine voilée.
Et voila donc Mussolini en guerre contre l'Angleterre, sans que ça lui rapporte rien (une vague zone d'occupation) et sans avoir réellement le soutien du peuple italien, dont il reste à prouver qu'il souhaitait réellement, fascistes compris, entrer en guerre, et dans une alliance avec les nazis.
Mussolini qui comptait se gaver au détriment de la France déjà vaincue le 10 juin, paiera de sa vie ce moment de "voracité". Licencié en 43 par ses propres sbires (le Grand Conseil Fasciste) il devient la marionnette d'Hitler, et on constate dans ce récit très détaillé qu'il est cornaqué, dans sa fuite, par un envoyé spécial d'Hitler qui veille à ce qu'il ne déserte pas vers la Suisse !
Ce qui laisse ouverte la question de savoir si la Suisse l'aurait accueilli, sachant qu'à priori il n'a même pas eu la liberté et l'occasion de tâter le terrain auprès de Berne, à moins qu'on ne sache pas tout. (mais les Suisses, qui ont accueilli Pétain, ont en revanche laissé Pierre Laval à la porte, ce qui augure mal de la décision qu'ils auraient pu prendre concernant Mussolini.)