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LA LIBERATION DE LA FRANCE

Tout ce qui concerne la libération de l'Europe et qui n'est pas développé au sein des sections ci-dessus.
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LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 12 Aoû 2014, 14:01

1944 : le printemps de toutes les attentes
Par Pierre Laborie

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Des résistants de l’Armée secrète française écoutent Radio-Londres, diffusée sur un poste TSF, dans une ferme « amie ». | KEYSTONE-FRANCE/GAMMA

Qu'ils viennent vite !… Qu'ils viennent vite !”, disent la rue, la loge et la boutique. “Qu'ils viennent vite !”, disons-nous tous. Il est temps. Nous vivons une vie qui n'est plus que d'attente, d'oscillation de la peur à la rage. » Quand, le 6 mai 1944, Léon Werth appelle ainsi à l'urgence du Débarquement, il se fait l'interprète de l'impatience d'une majorité de Français. Sans être vécu par tous avec la même intensité, l'espoir d'une proche délivrance rythme les jours, dans la lassitude ou parfois l'exaspération d'un pays au bord de l'épuisement. Si l'attente est immense, les épreuves subies depuis des mois préservent de l'euphorie. Chacun sait qu'il en coûtera d'en finir. Pas au point, cependant, d'en faire douter : l'arrivée des Alliés ne peut signifier que la libération.

Ces rappels sont banals. Ils constituent pourtant une des rares certitudes qui pourraient être généralisées s'il était possible de capter les attentes de la France moyenne. Cette France-là est introuvable. Elle l'est plus que jamais en 1944, en raison de l'extrême diversité des circonstances et des lieux qui décuplent autant d'expériences que d'histoires singulières. Avec, toutefois, dans un pays éclaté en micro-territoires au sort disparate, un même constat : la situation est devenue intenable. Aux problèmes du quotidien qui dévorent les énergies, à la déliquescence d'un pouvoir à la légitimité perdue, aux souffrances ordinaires de l'Occupation, à celles des résistants et aux drames d'une répression devenue féroce, aux déportations sans retour des juifs, sont venues s'ajouter de nouvelles tragédies. Elles amplifient les peurs.

L'AGONIE D'UN RÉGIME
Les exactions de la Milice, la justice expéditive de ses cours martiales et les exécutions sommaires qui se multiplient, de part et d'autre, exacerbent la violence des déchirements entre Français. Ils rendent plausible la menace d'une guerre civile. De son côté, l'armée allemande terrorise la population par des rafles massives (Querçy, Haut-Jura) et des représailles aveugles : les tueries du Périgord, en mars, et les 86 exécutions d'Ascq (Nord), le 2 avril 1944, marquent le début d'une longue traînée de sang. Enfin, à la fois admis mais terriblement douloureux à accepter, les bombardements alliés provoquent des destructions d'une ampleur inconcevable et font des dizaines de milliers de victimes (60 000 au total). Non seulement ces morts apparaissent injustifiées, mais la propagande des occupants et de Vichy – orchestrée chaque jour sur Radio-Paris par le très écouté Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à l'information et à la propagande – va enfermer pour des décennies leur sacrifice dans le silence des mémoires étouffées.

Dans ce contexte, et même si les plus nombreux mettent l'espoir d'une libération dans la réussite du Débarquement, l'attente n'est pas une et uniforme. Elle peut s'appeler Philippe Pétain. Le vieux maréchal espère être une nouvelle fois attendu comme un ultime recours. Des fidèles croient toujours au double jeu supposé du « vainqueur de Verdun », et Charles Maurras écrit dans L'Action françaisedu 6 juin que la France retrouve un chef à aimer et à acclamer. A Paris, Rouen, Nancy, Lyon et Saint-Etienne, où il exprime sa compassion aux familles endeuillées par les bombardements, Pétain essaie de masquer quatre années de renoncements et d'ignorer l'agonie de son régime. Il affirme pouvoir rester à l'écart d'un conflit qui fera de nouveau de la France un théâtre de guerre : elle doit rester neutre, sans se « mêler des affaires des autres ». Le mode d'emploi est à préciser. A moins, comme certains le suggèrent, de le chercher chez le père Ubu…

Pas question de neutralité, en revanche, pour le camp de la collaboration qui, il y a peu, se réclamait justement du chef de l'Etat. Après avoir longtemps ironisé sur le Débarquement, affirmé son impossibilité puis son échec assuré, ses leaders concèdent maintenant son éventualité en dénonçant la niaiserie des inconscients qui s'impatientent. C'est un cauchemar qui les attend et qu'on leur prédit. L'arrivée des Alliés signifiera l'épouvante, dont les ravages des bombardements en cours ne donnent qu'un aperçu anodin. Pour leur part, les miliciens et autres soutiens de Vichy et des nazis radicalisent leur détermination, convaincus de n'avoir plus rien à perdre. Ils vont jusqu'au bout de leur logique de mort et c'est précisément à l'idée de mort qu'ils veulent associer celle de la Libération. Qu'ils préparent ou non leur fuite, ils participent en attendant à la traque des juifs et aux expéditions punitives contre les résistants, aux côtés de la police de sûreté (Sipo-SD) allemande, des SS ou de la Wehrmacht.

TEMPORALITÉ PARALLÈLE
Il y aurait peut-être une forme de neutralité dans ce qui pourrait être perçu comme de la futilité. D'autres y verront une obstination à durer, à exister hors du temps, ou dans une temporalité parallèle. Il s'agit de toute façon d'un refuge réservé à quelques-uns. C'est le cas pour ceux qui, au Théâtre Edouard-VII, à Paris, attendent fiévreusement l'événement du mois de mai 1944 : quel accueil sera réservé à la mise en scène d'Andromaque par Jean Marais, à son jeu, à celui d'Alain Cuny ?« On n'a ni bois, ni électricité, ni moyen de communication. On répète. On joue. C'est admirable. C'est la France qui lutte avec ses vraies armes », écrit Jean Cocteau dans son journal, à la date du 7 mai 1944. Attente brève puisque le spectacle est interdit après une semaine de représentations, sur intervention de la Milice, le 29 mai. La veille, Philippe Henriot avait déclaré sur Radio-Paris : « Les poses plastiques prises par M. Marais et M. Cuny dansAndromaque nuisent plus à la France que les bombes anglaises. »

En mai 1944, la Résistance n'a pas exactement les mêmes attentes, ni la même conception de la lutte. Ses vraies armes ne sont que secondairement les alexandrins de Racine, recyclés dans ses messages. Sans pouvoir prédire à coup sûr de quoi demain sera fait, c'est pourtant elle qui en sait le plus. Elle sait ce qui l'attend. A l'exception de la date, divulguée au dernier moment, les résistants connaissent les grandes lignes du scénario et le rôle qu'ils doivent y tenir. En liaison avec le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA, France libre) ou le Special Operations Executive (SOE) – le service britannique chargé de la guerre subversive –, ils travaillent partout, depuis longtemps, à la préparation du Débarquement.

RÉPRESSION IMPLACABLE
Dans chaque région, les plans Vert, Violet, Tortue et Guérilla fixent les objectifs pour le rail, les télécommunications, les routes et les coups de main. Devenus familiers aux auditeurs de Radio-Londres, des bouts de phrases sibyllines donnent le signal du passage à l'action. Leur mystère tient souvent à des codes simples. Les sabotages des voies ferrées doivent par exemple faire référence au vert, à la couleur ou au son. « Il est sévère mais juste… » ou « Véronèse était un peintre » font ainsi partie des 220 messages diffusés le 5 juin.

Pour les résistants, ces mois d'attente ont été les plus longs. Beaucoup n'en verront pas le dénouement. La répression, devenue efficace, est implacable. Aggravée par les déportations, l'espérance de vie des clandestins n'a jamais été aussi courte que pendant les premiers mois de 1944, terriblement meurtriers. Plusieurs maquis ont été détruits, à l'image du repli dramatique des combattants du plateau des Glières, à la fin du mois de mars. Le sacrifice d'une élite se poursuit. Trop de noms manqueront à la France de la Libération. On peut citer ceux de Jean Cavaillès, fusillé en février 1944, de Marc Bloch, arrêté en mars et fusillé le 16 juin, d'André Bollier, lui aussi arrêté en mars, évadé puis retrouvé et abattu le 17 juin dans son imprimerie de Lyon. Pierre Brossolette se suicide le 22 mars pour mettre fin à la torture, et Jacques Bingen croque sa pilule de cyanure le 13 mai…

AMBIVALENCE
Les certitudes des minorités engagées ne sont pas partagées avec la même conviction par la masse des Français. L'ambivalence modèle les pratiques sociales. Il ne s'agit pas de duplicité, mais de stratégies plus ou moins conscientes qui aident à contourner ou à mieux supporter les rudes contradictions du réel et sa complexité. Rares sont les choix réductibles à des solutions tranchées. Si l'attente des Anglo-Américains est associée par le plus grand nombre au retour de la liberté, elle ne signifie pas un ralliement inconditionnel à la Résistance.

A l'inverse, dénoncer l'irresponsabilité de certains maquis par crainte de représailles, ce n'est pas condamner le combat des résistants ou nier sa légitimité. Etre révolté par les frappes aveugles de l'aviation alliée, ce n'est pas se ranger aux arguments des collaborateurs. Après avoir décrit à son amant américain Nelson Algren l'horreur d'un train mitraillé, où corps et viande de boucherie des valises de ravitaillement éventrées se retrouvaient pêle-mêle, Simone de Beauvoir ajoutait : « Ça se passait tout à la fin de la guerre quand vous essayiez de stopper les trains et d'anéantir les locomotives, comme vous deviez le faire, personne ne s'en indignait, on était seulement un peu effrayé. »

Les attentes de 1944 rappellent que les représentations du futur appartiennent à l'histoire de la Libération, à ses explosions de joie, à ses rêves, à ses douleurs. D'autres viendront et, parmi elles, au printemps 1945, celle des absents, interminable…
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 12 Aoû 2014, 14:03

1944 : une terre normande bouleversée
Par Jean Quellien

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Près de Gavray (Cotentin), le 1er août 1944. Des civils français regardent les cadavres de soldats allemands. | ROBERT CAPA/ICP/MAGNUM PHOTOS

Le 6 juin 2014, le monde entier a suivi les commémorations du 70eanniversaire du débarquement en Normandie. Puis la fièvre médiatique est retombée, ignorant le plus souvent qu'à cet événement a succédé une longue et âpre mêlée dont l'issue a décidé du sort de la France et de l'ouest de l'Europe. La bataille de Normandie reste largement méconnue : l'histoire n'y trouve pas son compte ; la mémoire normande non plus. A la fin de l'été 1944, la guerre laisse derrière elle une terre normande meurtrie par l'intensité des combats et la mort de 20 000 de ses habitants. La bataille de Normandie est bien l'un des affrontements majeurs de la seconde guerre mondiale en Europe, comme Stalingrad. A son apogée, 2 millions d'hommes s'affrontent, soit à peu près autant que sur les rives de la Volga.

L'OPPOSITION IMPRÉVUE DES ALLEMANDS
Le Débarquement a réussi… mais il n'est nullement décisif. D'abord surpris, les Allemands se sont ressaisis et ont offert une opposition imprévue, malgré une infériorité numérique de plus en plus marquée. En juillet, ils se battent à un contre trois. Cependant, les Alliés piétinent et l'ombre de la guerre des tranchées plane sur le front de Normandie. « Dig or die » (« creuse ou crève ») devient le leitmotiv de ces temps difficiles. Les stratèges alliés avaient prévu de libérer l'essentiel du territoire de la Basse-Normandie en trois semaines. Il faudra quatre fois plus de temps pour y parvenir. La fin du mois de juillet approche et les troupes du commandant en chef des forces alliées en Europe, l'Américain Dwight Eisenhower, sont toujours confinées dans le Cotentin et le Bessin, à peu de distance des plages, alors qu'elles auraient dû atteindre Brest et la Loire. Alors que Britanniques et Canadiens sont tenus en respect dans la plaine autour de Caen par les divisions blindées allemandes, les Américains – après la prise de Cherbourg fin juin – restent englués dans « l'enfer des haies » ; un terrain favorable aux défenseurs où la supériorité matérielle de l'assaillant se dilue dans les mailles resserrées du bocage.

S'appuyant à la fois sur une infanterie généralement plus expérimentée et des chars bien supérieurs à ceux de ses adversaires, l'armée allemande résiste de manière acharnée. Vers le 24 juillet, les pertes alliées atteignent plus de 165 000 hommes (tués, blessés, disparus ou prisonniers), contre 117 000 pour les Allemands. La prise de Caen, le 9 juillet, et celle de Saint-Lô, le 18, ont surtout valeur de symboles et ne débloquent nullement la situation. Dans ce contexte défavorable, l'entente entre les Alliés vacille. La presse d'outre-Atlantique pointe la faible progression des Britanniques et les pertes en hommes plus élevées du côté américain, sous-entendant que l'effort fourni par les uns et les autres n'est pas le même. Eisenhower, bien qu'agacé par les lenteurs du général britannique Bernard Montgomery, s'efforce malgré tout de préserver une cohésion menacée.

LES CIVILS PRIS ENTRE DEUX FEUX
La population de la Basse-Normandie, où se déroule l'essentiel des combats, dépasse à peine le million d'habitants. En d'autres termes, les civils sont deux fois moins nombreux que les soldats en train d'en découdre. Perdus au beau milieu d'une bataille gigantesque, ils se retrouvent souvent pris entre deux feux.

Les Alliés disposent d'une énorme supériorité aérienne et d'une artillerie particulièrement puissante, y compris celles des croiseurs et cuirassés restés à proximité des côtes. Leurs pièces de gros calibre peuvent tirer très loin à l'intérieur des terres des salves dévastatrices. De ces atouts, ils usent et abusent sans retenue… souvent au détriment des civils. Que se présente un risque de contre-attaque allemande ou un obstacle dans la progression des troupes et l'on fait donner canons et avions.

Ainsi, dès le 6 juin et dans la dizaine de jours qui a suivi, Caen, Saint-Lô, Coutances, Falaise, Vire, Argentan, Lisieux, L'Aigle et bien d'autres villes normandes sont écrasées sous un tapis de bombes. En les réduisant en des champs de ruines, les Alliés entendent ralentir la montée des renforts allemands. Particulièrement meurtrières, les frappes aériennes ont été responsables des deux tiers des pertes civiles.

150 000 NORMANDS EN EXODE
Soucieux de préserver la vie de leurs hommes, les Alliés multiplient systématiquement les barrages d'artillerie avant de partir à l'assaut. Mais le déluge d'obus ravage des villages entiers et accroît le nombre des victimes. Dialogue tendu mais bien révélateur que celui du curé d'une bourgade au nord de Saint-Lô avec un officier américain : « Comme je protestais naturellement contre la destruction systématique du village, le commandant qui dirigeait le tir me répondit : “Nous aimons mieux détruire deux cents maisons que de faire tuer deux de nos hommes, car les maisons se reconstruisent !” Comme j'essayais de lui représenter que, dans ces maisons, il se trouvait des vieillards, des femmes et des enfants, il se récria : “Nous sommes venus vous libérer ! Vaut-il mieux laisser vos maisons debout et les boches dedans ?” »

Pour tenter de se mettre à l'abri des combats, les civils suivent les conseils des anciens de 14-18 et creusent là où ils le peuvent des tranchées qu'ils couvrent de fagots pour se prémunir des éclats. Des foules de citadins terrifiés quittent à la hâte leurs villes dévastées par les bombes et investissent les fermes des alentours, submergées par un flot de plus de 100 000 réfugiés. En masse, des Caennais trouvent asile à l'abbaye aux Hommes (actuelle mairie) et dans l'église Saint-Etienne où ils subissent, dans des conditions précaires, les effets d'un mois de siège. Des milliers d'autres s'abritent dans les carrières de pierre souterraines qui ceinturent la ville, à Fleury-sur-Orne ou Mondeville, réduits à une vie de troglodytes des semaines durant. D'autres se terrent dans les galeries des mines de fer de la région.

En juillet, les Allemands ordonnent l'évacuation vers le sud de villages entiers situés sur leurs arrières : 150 000 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, nourrissons, malades, sont chassées sur les routes de l'exode, qui en vélo, qui en poussant une brouette ou une carriole, ou en tombereau pour les paysans. Un long et dangereux périple commence. Il les mènera pour la plupart dans l'Orne, la Mayenne ou la Sarthe, mais parfois beaucoup plus loin, jusque dans le Massif central ou les Charentes.

« CETTE LUTTE INÉGALE APPROCHE DE SA FIN »
Engagée dans une véritable bataille d'attrition, soufrant d'une infériorité numérique de plus en plus forte, pénalisée par des renforts insuffisants en hommes et en armes comme par la pénurie en munitions et carburant, l'armée allemande s'use lentement alors que ses adversaires ne cessent de se renforcer, grâce à leur puissance logistique. Elle est au bord de la rupture. Le 15 juillet, quelques jours avant d'être mis hors de combat par un avion allié, le feld-maréchal Erwin Rommel adresse à Hitler un rapport prophétique : « Partout nos soldats combattent en héros, mais cette lutte inégale approche de sa fin. »

Le 25 juillet, à l'ouest de Saint-Lô, les Américains lancent l'opération « Cobra ». Un bombardement aérien massif – où pour la première fois est utilisé le napalm – ouvre une brèche dans le filet défensif allemand. Exsangue et faute de défenses en profondeur, la VIIe armée ne peut rétablir le front et endiguer le flot qui déferle. En moins d'une semaine, les blindés américains sont à Avranches, 60 km plus au sud. La guerre de mouvement reprend ses droits. La IIIe armée de l'Américain Patton s'engouffre en Bretagne et avance vers la Loire. Début août, la défaite allemande en Normandie se précipite après l'échec de la contre-attaque de Mortain, ordonnée imprudemment par Hitler, au début du mois d'août. Tirant parti de la situation, les Alliés imaginent alors d'encercler les troupes adverses. C'est l'épisode fameux de la poche de Falaise qui se referme le 22 août.

Certes, les pertes sont lourdes (autour de 50 000 hommes), mais les armées allemandes ne sont pas anéanties – comme on l'a dit parfois, à tort. Il n'y a pas eu de Stalingrad en Normandie ! Toutefois, elles n'ont plus d'autre possibilité que de battre en retraite. Poursuivies, elles franchissent la Seine fin août et se replient vers les frontières du Reich, incapables d'enrayer l'avance foudroyante des divisions alliées en direction de la Belgique et de l'est de la France.

Après avoir longuement piétiné en Normandie, les Alliés ont non seulement comblé leur retard sur les plans, mais cette fois-ci pris une avance considérable par rapport à leurs prévisions. A la mi-septembre 1944, la ligne de front se situe sur des positions qui ne devaient être atteintes que… trois cent trente jours après le Débarquement, c'est-à-dire au début du mois de mai 1945 ! Comme le dira plus tard Eisenhower : « Il y a souvent une différence énorme entre un plan de bataille et ses résultats. »

La longue bataille en Normandie a porté un coup sévère aux forces allemandes à l'Ouest, permettant ainsi la très rapide libération de la France, obtenue pour l'essentiel avec sept à huit mois d'avance. Mais elle a aussi laissé une région dévastée, avec des pertes très élevées au sein de sa population. En revanche, le reste de la France a été relativement peu touché par les combats de l'été 1944, compte tenu de l'avance fulgurante des armées alliées. Il convient donc de dire – et de redire – que c'est très largement la Normandie qui a payé le prix de la libération de la France.
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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 13 Aoû 2014, 19:03

En 1944, le long calvaire de la Bretagne
Par Jacqueline Sainclivier

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JOHN G. MORRIS/CONTACT PRESS IMAGES

A l'automne 1944, les Allemands se replient sur leurs bases sous-marines de Lorient et de Saint-Nazaire. Les villes libérées ne sont plus que des champs de ruines.

Eisenhower a souligné le rôle militaire de la Résistance bretonne lors de la Libération, mais elle a eu un rôle civil tout aussi important, avec l'installation des autorités provisoires prévues par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Ce satisfecit ne doit pas faire oublier le prix payé, conséquence d'une répression accrue. Entre la fin de l'année 1943 et le 6 juin 1944, les arrestations de résistants bretons se multiplient. Comme celle, le 10 décembre 1943, de Maurice Guillaudot, commandant de gendarmerie du Morbihan, mais aussi chef départemental de l'Armée secrète (AS) qui a transmis des rapports sur « le panier de cerises », nom de code pour l'état de la défense allemande et son implantation. Malgré ces interpellations, l'activité et les effectifs de la Résistance augmentent sans cesse. Mais la route est encore longue entre le débarquement en Normandie et la libération totale de la Bretagne, après le 8 mai 1945.

PARACHUTAGE À L'AVEUGLE
Appliquant, dès le signal donné sur la BBC, les plans de sabotage des Alliés destinés à paralyser l'ennemi, des groupes de résistants passent à l'action dans la nuit du 5 au 6 juin, puis les jours suivants, retardant l'acheminement de troupes et de matériel allemands vers le front normand ; certaines colonnes mettront ainsi deux semaines pour aller de Redon à Avranches (150 km). La nouvelle du débarquement entraîne un afflux de jeunes vers les maquis. Mais les résistants manquent d'armes, même si des parachutages, après le 6 juin, améliorent la situation.

L'opération alliée déterminante en Bretagne est menée par des parachutistes français du 4e bataillon de SAS (Special Air Service, une unité des forces spéciales britanniques) dirigé par le commandant Bourgoin, dit « le Manchot » – blessé lors de combats en Tunisie, il a été amputé du bras droit en février 1943. Quatre sticks (groupes de combat) de près d'une quarantaine d'hommes doivent créer deux bases pour accueillir les autres éléments du bataillon. Leur objectif est d'évaluer les forces allemandes et les possibilités d'action avec la Résistance.

UN MANQUE D'ARMES CRIANT
Mais ils sont parachutés à l'aveugle. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, un stick est largué sur la base Samwest, près de Saint-Brieuc, et entre en contact avec des groupes FTPF (Francs-tireurs et partisans français) ; mais dès le 12 juin, à la suite d'attaques allemandes, ils décrochent. Le deuxième groupe, dirigé par le lieutenant Marienne, a été largué sur la base Dingson, dans le Morbihan, à 2 km de l'endroit prévu. Les hommes parviennent malgré tout à établir le contact avec la Résistance : près de Saint-Marcel, la ferme de la Nouette, habitée par la famille Pondard (les parents et leurs huit enfants) devient le point de ralliement.

Le manque d'armes se fait de plus en plus criant ; dans l'urgence, le 8 juin, le lieutenant Marienne télégraphie au commandant Bourgoin encore en Angleterre : « 10 compagnies faiblement armées sur 25. Envoyer urgence tous officiers disponibles, troupes et matériel en particulier Bren Guns. (…) Suis enthousiasmé par organisation et ses immenses possibilités. » Il fait référence à la Résistance morbihanaise, dirigée par le colonel Paul Chenailler, « Morice », successeur de Maurice Guillaudot, qui s'appuie principalement sur les brigades de gendarmerie. A la suite de ce télégramme, le reste du bataillon est largué avec le commandant Bourgoin et son parachute tricolore !

Du 9 au 17 juin 1944, 68 avions lâchent une moyenne de 28 conteneurs apportant des armes, des munitions, des conserves mais aussi des vêtements et des chaussures, signe du dénuement des FFI.

SAINT-MARCEL SUBIT LA RÉPRESSION
La nouvelle de la présence de troupes alliées se répand très vite. D'après le commandant Bourgoin, quelque 3 000 à 4 000 hommes passent à Saint-Marcel prendre des armes entre le 10 et le 18 juin, avant de regagner leur maquis. Environ 2 500 hommes sont retranchés dans le camp de 400 hectares quand il est attaqué, à l'aube du 18 juin 1944. Les affrontements durent toute la journée ; les Allemands engagent d'abord une compagnie de parachutistes, puis une compagnie de Géorgiens et deux bataillons d'une division d'infanterie qui devait se rendre initialement sur le front de Normandie. Le combat cesse avec la nuit. Quand, le lendemain, les troupes allemandes veulent reprendre l'offensive, aucune résistance ne leur est opposée : SAS et FFI se sont dispersés pendant la nuit.

Les jours suivants, la répression s'abat sur le village de Saint-Marcel, qui est incendié, et sur tout le centre de la Bretagne. Les civils ne sont pas épargnés ; l'occupant est aidé par la Milice et des troupes supplétives. Les maquisards qui n'ont pu se replier sont faits prisonniers et exécutés.

Stratégiquement le succès est au rendez-vous. Pendant plusieurs jours, l'envoi de renforts allemands sur le front de Normandie est retardé. Le retentissement est énorme auprès de la population – le maquis de Saint-Marcel reste un marqueur de la mémoire bretonne.

32 RÉSISTANTS EXÉCUTÉS À RENNES
Dès le Débarquement, les représailles allemandes ne se font pas attendre. Le 7 juin, 74 notables bretons sont arrêtés puis emprisonnés à Rennes. Le 8 juin, 32 résistants dont neuf Espagnols et Maurice Prestaut, le chef régional du mouvement Défense de la France, sont exécutés à Rennes. Pour l'occupant, alors que les troupes américaines approchent, la lutte contre les « terroristes » et les « bandes » est une priorité.

Les Alliés, eux, bombardent ponts et noeuds routiers et ferroviaires, atteignant des villes (Fougères) ou des bourgs (Montfort-sur-Meu) pour la première fois. Ce n'est toutefois que le 31 juillet que le VIIIe corps d'armée du général Middleton appartenant à la IIIe armée commandée par Patton atteint les portes de la Bretagne. Rennes est libérée le 4 août – la veille, 900 résistants sont déportés en train –, Saint-Brieuc, Ploërmel et Vannes le 6 août, Morlaix et Quimper le 8.

Cette avancée rapide des troupes américaines est facilitée par le peu de résistance des soldats allemands, qui se replient vers les ports ou vers l'est de la France – et par l'action des Forces françaises de l'intérieur (FFI). A cette date, ces derniers comptent entre 30 000 et 35 000 combattants pour toute la Bretagne. Ils tiennent les routes, « nettoient » les arrières des troupes américaines, contribuant ainsi largement à la libération de la région. Ils paieront un lourd tribut, comme les civils qui les aident et qui, découverts, sont systématiquement exécutés par les Allemands. Des monuments le long des routes bretonnes le rappellent.

LA LIESSE POPULAIRE N'A PAS EFFACÉ LE TRAUMATISME DE L'ÉPURATION
Si, en quelques jours, les Américains pénètrent profondément en Bretagne, la situation n'en reste pas moins ambivalente dans les mois qui suivent : l'installation des nouvelles autorités de l'Etat désignées par le GPRF se fait sans problème majeur, mais les combats se poursuivront jusqu'à la capitulation allemande, le 8 mai 1945. En effet, la progression des Alliés est stoppée devant les ports transformés en forteresses. Aidés par les FFI, les Américains doivent réduire une à une les poches côtières. La forteresse de Saint-Malo est libérée le 17 août 1944 mais totalement détruite. Arrivées aux abords de Brest le 7 août, les troupes du général Middleton sont confrontées à une défense allemande acharnée. Là encore, les FFI les appuient lors de combats qui durent jusqu'au 19 septembre, détruisant la ville.

La liesse populaire qui s'ensuit ne doit pas faire oublier les images traumatisantes liées à l'épuration extrajudiciaire – plus maîtrisée, cependant, qu'on ne l'a longtemps cru – qui s'effectue principalement entre le 6 juin et septembre 1944, lors des combats et de la répression des maquis. Il y eut 581 exécutions sommaires et plus de 270 femmes tondues en Bretagne. Cette phase, brève mais violente, joue un rôle de catharsis. Tony Vaccaro, GI, photographe, retient l'image d'un soldat embrassant une petite fille à Saint-Briac-sur-Mer au milieu d'une ronde de jeunes femmes, mais pour d'autres femmes, le GI est celui, blanc ou noir, qui les a violées. Si ces faits sont minoritaires, ils n'entachent pas moins la Libération.

FORCES FRANÇAISES DE L'INTÉRIEUR ACHÈVENT LA LIBÉRATION
Libération qui n'est pas encore achevée à l'automne 1944, car les Allemands se replient sur leurs bases sous-marines de Lorient et Saint-Nazaire. Ces poches de résistance fixent certes des troupes allemandes (25 000 à 30 000 hommes à Lorient et quelque 25 000 à Saint-Nazaire) mais également des troupes alliées. Les Américains ne veulent pas prendre d'assaut ces ports (trop coûteux en temps, en hommes et en matériel). Ils confient donc aux FFI la tâche de tenir les positions. Une forme d'hommage à leur combativité, certes, mais une source d'inquiétude pour les habitants des villes concernées. A Lorient, 18 bataillons de FFI participent aux combats et une vingtaine à Saint-Nazaire. La situation de cette dernière poche est plus difficile car, plus étendue, elle prend au piège 124 000 civils.

Après la reddition de Lorient et de Saint-Nazaire le 8 mai, les cérémonies de capitulation se déroulent respectivement les 10 et 11 mai 1945. Enfin libérées, Lorient et Saint-Nazaire ne sont alors plus qu'un champ de ruines…
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Re: LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 14 Aoû 2014, 16:00

1944 : les maquisards, ni héros ni victimes
Par Gilles Vergnon

L’annonce du Débarquement provoque un afflux massif de volontaires désireux de combattre l’occupant.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, la BBC diffuse 210 messages appelant à l'action la Résistance française, y compris très loin du théâtre d'opérations normand. Il s'agit en effet de tromper l'état-major allemand sur le lieu de l'effort principal. Les maquis sont au premier chef concernés par ces messages. Désignant en 1943 les caches des réfractaires au travail en Allemagne, ils sont devenus des formations hiérarchisées et militarisées.

« MONTAGNE MAQUISARDE »
Au printemps 1944, les maquisards ne sont sans doute guère plus de 50 000, concentrés dans des zones de moyenne montagne. La « montagne maquisarde » n'est en effet pas une montagne d'altitude, de pics et de neiges éternelles. C'est une montagne habitée, où les maquis doivent trouver la bonne distance pour s'implanter : assez proches des villages pour s'y ravitailler, suffisamment éloignés pour préserver la nécessaire discrétion. Peu nombreux, mal armés, les maquisards sont cependant mieux encadrés. De nombreux officiers, délivrés de leur serment de fidélité à Pétain après la dissolution de l'armée par l'armistice fin 1942, les ont rejoints et leur donnent, non sans mal, un minimum d'instruction. Un peu partout, des groupes de sédentaires ont été créés pour les renforcer, le moment venu.


Image
Portrait anonyme d'un maquisard réalisé par le photographe Izis, en août 1944 | IZIS BIDERMANAS

La mobilisation après le 6 juin déborde cependant ces schémas trop bien ajustés. L'annonce du Débarquement et les appels de la BBC agissent comme un électrochoc, et mobilisent des milliers de volontaires désireux de combattre au grand jour pour la libération de leur pays. Dans le Vercors, les effectifs passent ainsi en quelques jours de quelques centaines à près de 4 000, selon le commandant Huet, leur chef militaire. Dans l'Oisans proche, on passe de quelques dizaines à plus d'un millier d'hommes. Même poussée dans le Limousin, où Pierre Magadoux, un des compagnons du fameux Georges Guingouin, parle d'une « ruée vers les bois ». Ces « Chants du départ » de juin mêlent les réminiscences de la « levée en masse » de 1792 et de la mobilisation tricolore d'août 1914, teintées parfois des couleurs plus vives de l'été 1936. Comme l'écrit le résistant Alban Vistel, c'est « la croisade et la Commune réconciliées ». Mais ce gonflement des maquis pose le double problème de leur armement et de leur encadrement, donc de leur efficacité militaire face à la Wehrmacht.

« OPÉRATION CADILLAC »
Le premier est partiellement résolu par la manne des parachutages : de juin à septembre, les Britanniques expédient près de 78 000 pistolets-mitrailleurs Sten, plus de 1 100 armes antichars, sans compter pistolets, fusils, grenades et équipements. Le 14 juillet 1944, l'« opération Cadillac » fait pleuvoir en plein jour 3 780 conteneurs, soit 400 tonnes d'armes et de munitions, suspendus à des parachutes tricolores. Mais, plutôt bien dotés en armes individuelles, les maquis le sont moins, ou pas du tout, en armes collectives, mitrailleuses et surtout mortiers, armes idoines de la guerre en montagne. Les Alliés se refusent à les fournir pour des raisons politiques (ne pas armer trop lourdement des formations où les communistes sont présents) et militaires (pas besoin de mortiers pour la guérilla).

Le problème de l'encadrement est plus délicat encore. Officiers et sous-officiers ne sont jamais assez nombreux, spécialement dans les maquis Francs-tireurs et partisans (FTP). Et ils manquent de temps pour transformer, en quelques semaines au mieux, en quelques jours souvent, les combattants enthousiastes mais inexpérimentés de juin 1944. Le général Koenig, qui adjure les Forces françaises de l'intérieur (FFI), dans ses messages du 10 et du 17 juin, de « rompre le contact » face à l'occupant, est conscient de ces difficultés. Avec les problèmes réels de communication et surtout d'autorité de l'état-major FFI de Londres sur les maquis, il ne pouvait guère être entendu dans le contexte semi-insurrectionnel de ce début juin.

Les maquis agissent presque partout de manière homogène. Ils multiplient embuscades et sabotages et, partout où ils sont assez forts, ils libèrent des portions de territoire. Des dizaines de communes passent ainsi sous contrôle de la Résistance, surtout dans le sud du pays : dans l'Ain (Nantua, Oyonnax), en Ardèche (Annonay, Le Cheylard), dans le Vercors, en Auvergne (mont Mouchet, canton de Mauriac) et dans le Limousin, où les FFI libèrent Tulle le 7 juin. On abroge la législation de Vichy, on proclame le rétablissement de la République, accompagnée de pavoisements tricolores et de retour des bustes de Marianne. Dans le Vercors, la « grande République française » est « officiellement restaurée » le 3 juillet. A Oyonnax, Henri Romans-Petit proclame même la« IVe République ». Des administrations provisoires s'installent, imprimant des journaux, assurant le ravitaillement, jugeant les suspects de collaboration. A Annonay, le maréchal Pétain est ainsi « convoqué » pour jugement par un « tribunal populaire »…

HISSER LE DRAPEAU
Cette volonté d'occuper le territoire relève-t-elle de consignes alliées ? Non, aucun ordre explicite n'a existé en ce sens. De consignes de la France libre ? En partie : l'idée de réduits à occuper, pour libérer des zones plus vastes, existait bien dans les plans des mouvements de Résistance en 1943, puis des services français de Londres et d'Alger. Mais ces initiatives, que l'on retrouve au-delà des réduits prévus, relèvent plutôt de la dynamique de tout mouvement clandestin qui, dès qu'il se sent assez fort, est tenté d'occuper le terrain et de « hisser le drapeau ».

Il est facile aujourd'hui de juger ces initiatives comme prématurées. Mais elles procèdent d'une volonté de combattre au grand jour, compréhensible après quatre ans d'occupation. Elles s'inscrivent aussi dans le pronostic partagé qu'une fois le Débarquement réussi, les troupes alliées allaient déferler en France dans un Blitzkrieg inversé.

C'est l'opposition de la défense allemande en Normandie qui retarde le calendrier de la Libération et laisse à la Wehrmacht le temps d'écraser les principaux maquis, là du moins où ils menacent ses lignes de communication. La brigade Jesserintervient fin mai contre le maquis du mont Mouchet et le disloque rapidement. Dans l'actuelle région Rhône-Alpes, la 157e division de montagne du général Pflaum conduit plusieurs opérations successives contre les maquis : dans l'Ain (7-19 juillet), dans le Vercors (21 juillet-5 août) et l'Oisans (8-18 août). Dans le Limousin, la division SS Das Reich reçoit l'ordre d'écraser les maquis. Ces interventions s'accompagnent d'exactions sur une échelle jusque-là inconnue en France. Si l'on connaît bien Tulle, Oradour-sur-Glaneet Vassieux, il faut citer aussi Le Cheylard le 7 juin (34 victimes), Argenton-sur-Creuse le 9 juin (56 victimes), Dortan en juillet (36 victimes), etc.

A l'inverse, d'autres zones libérées sont épargnées car sans intérêt stratégique pour la Wehrmacht qui, de plus, n'a pas les moyens ni intérêt à intervenir partout. Le bilan humain est néanmoins lourd. Du côté des maquisards, devenus en fait les combattants d'une armée de libération, les pertes sont moins dues aux combats qu'à l'exécution sommaire après capture. Même s'ils portent un semblant d'uniforme ou un signe de reconnaissance (le brassard tricolore siglé FFI), l'armée allemande refuse de les reconnaître comme combattants réguliers. En outre, les pertes sont plus élevées chez les néophytes de juin-juillet 1944 que chez les vieux maquisards endurcis par les hivernages en forêt, plus disciplinés et mieux entraînés.

Le bilan de l'action des maquis est aujourd'hui revu à la baisse par les historiens. Ils n'ont pas, contrairement à ce que l'on affirmait, distrait d'importantes forces allemandes du front de Normandie. La division Das Reich avait reçu l'ordre formel de détruire les maquis du Limousin : on ne peut donc parler de retard pour désigner ses opérations. C'est encore plus vrai pour la division Pflaum, fer de lance des opérations allemandes contre les maquis en région alpine. Division d'instruction de jeunes recrues, elle est chargée non de repousser les Alliés, mais de maintenir l'ordre en France. Ajoutons que, équipée pour la guerre en montagne, cette unité, sous-dotée en artillerie, défenses antiaérienne et antichar, aurait été d'un faible appoint en Normandie. De même, si les sabotages furent efficaces, on ne peut leur attribuer tout le ralentissement du trafic ferroviaire : les bombardements alliés ont tenu leur part.

On ne peut cependant en rester à ce constat. La phrase attribuée à Eisenhower, convertissant l'action de la Résistance en l'équivalent de « quinze divisions », n'a guère de sens. Il écrit en fait dans ses propres Mémoires de guerre, Croisade en Europe (1949), que « sans eux, la libération de la France et la défaite de l'ennemi en Europe occidentale auraient été bien plus longues et nous auraient coûté davantage de pertes ».

UN HALO D'INSÉCURITÉ
Laconique, cette citation est sans doute près de la vérité : en l'absence hypothétique de la Résistance, les Alliés auraient libéré la France, mais avec des délais et des pertes supplémentaires. L'existence des maquis, la menace qu'ils incarnent entourent la Wehrmacht d'un halo d'insécurité et émoussent sa capacité combative. On le voit bien, à considérer, après le 15 août, la piteuse retraite de la division Pflaum vers l'Italie. De même, la crainte d'utiliser le réseau routier de l'arrière-pays, infesté de maquis, oblige la XIXearmée allemande à effectuer sa retraite depuis la Méditerranée par la seule vallée du Rhône, ce qui augmente ses pertes et permet, à l'inverse, une progression rapide par la route Napoléon des forces alliées débarquées le 15 août.

Ajoutons enfin que, pour l'Histoire, l'importance des maquis ne peut être jaugée à l'aune unique de l'efficacité militaire. Des milliers de jeunes gens se sont dressés pour participer à la libération de leur pays et beaucoup l'ont payé de leur vie. Il n'est guère imaginable qu'ils aient pu rester l'arme au pied, en attendant que d'autres fassent le travail… S'ils ne cherchaient pas nécessairement à être des héros, on ne peut, à l'évidence, les regarder comme des victimes.
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Re: LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de fbonnus  Nouveau message 15 Aoû 2014, 16:57

Le débarquement oublié du 15 août 1944 en Provence
Par Jean-Marie Guillon

Moins connu que le 6 juin, le débarquement en Provence, le 15 août, n'en est pas moins capital pour les Alliés dans leur reconquête de l'Europe

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Des résistants FTP du maquis de Venelles, près d’Aix-en-Provence, pendant l’été 1944. | JULIA PIROTTE/MUSÉE DE LA PHOTO DE CHARLEROI

Le débarquement du 6 juin masque celui du 15 août dans la mémoire collective, ce 70e anniversaire de la Libération a permis de le vérifier. Or, s'il n'est que second par sa date et les moyens employés, le débarquement en Provence n'en est pas pour autant secondaire. Les deux opérations ont été conçues conjointement par les états-majors alliés. Celle de Méditerranée – « Anvil » (« enclume », en anglais) – aurait dû avoir lieu en même temps qu'« Overlord ». Elle a été décalée par manque de péniches de débarquement et pour ne pas ponctionner les fronts italiens avant la prise de Rome. Mais les Américains l'ont maintenue, contre l'avis des Anglais. Elle est essentielle pour le général de Gaulle comme pour la population et les résistants, massivement mobilisés depuis le 6 juin et qui paient un lourd tribut – des milliers de morts entre juin et août, dont près de 400 dans les seuls départementaux provençaux entre le 6 et le 17 juin –, alors qu'en Normandie les Alliés piétinent.

850 NAVIRES DE GUERRE
L'armée allemande s'y attendait. Les attaques aériennes qui se multiplient font comprendre vers le 10 août que le débarquement aura lieu à l'est du Rhône. Des convois sont repérés. La flotte nécessaire pour « Dragoon » (le nouveau nom d'« Anvil »), la plus importante jamais rassemblée en Méditerranée, comprend 2 200 bâtiments, dont 850 navires de guerre, à 98 % américains et anglais. Partis d'Afrique du Nord, de Corse, d'Italie du Sud, ils doivent parcourir une distance bien supérieure à celle d'« Overlord ». Ils sont signalés dans la nuit du 14 au 15 août au sud de Toulon. La veille, la population du port – celle qui reste, tant il a été bombardé – a reçu l'ordre de l'évacuer.

Le littoral provençal est tenu par la XIXeArmée allemande, dont les forces – blindés et artillerie notamment – ont été ponctionnées pour la bataille de Normandie. L'ensemble, qui ne dispose pas d'unités de réserve, est composé de troupes de valeurs inégales, avec de nombreux « allogènes » (ex-Soviétiques, Polonais, etc.) jugés peu fiables. Mais, à Toulon et à Marseille, plus d'une vingtaine de milliers d'hommes sont concentrés avec ordre de tenir. Le « mur de la Méditerranée » n'est pas terminé, mais le feld-maréchal Rommel l'a fait renforcer. Cependant, les Alliés ont la maîtrise absolue de la mer et de l'air.

ACCÉDER AU PLUS VITE À LA RN 7
La zone de débarquement se trouve entre Bormes et Saint-Raphaël, dans le Var, sur le littoral accidenté et peu favorable des massifs des Maures et de l'Estérel. Pourquoi ce choix ? D'abord pour échapper à l'artillerie allemande retranchée à Toulon, ensuite, pour accéder au plus vite à la RN 7, l'axe majeur qui permet d'atteindre la vallée du Rhône. C'est cet objectif que vise l'opération aéroportée qui se déroule, à l'aube du 15 août, dans la vallée de l'Argens. Plus de 7 000 hommes, Anglo-Canadiens et surtout Américains, 200 Jeep et autant de canons y sont parachutés ou déposés par des planeurs autour de La Motte, près de Draguignan, dans un secteur dégagé par les Forces françaises de l'intérieur (FFI). Bien qu'un quart des parachutistes aient été largués trop loin et malgré la résistance rencontrée autour du Muy, où stationne une unité de chars, la 1st Airborne Task Force (1st ABTF) du général Robert T. Frederick parvient à contrôler le secteur.

Dans la nuit, des commandos français chargés de sécuriser les deux ailes de la zone avaient été largués. A l'ouest, les commandos d'Afrique neutralisent la batterie du cap Nègre avant d'affronter les défenses avancées allemandes proches d'Hyères. En revanche, à l'est, à la frontière entre le Var et les Alpes-Maritimes, le Groupe naval d'assaut échoue en atterrissant dans un champ de mines.

Après un bombardement aérien, puis naval, intense, le débarquement commence à 8 heures du matin, ce 15 août. Il est dirigé par le général Truscott et le général Patch, commandant respectivement le 6e Corps d'armée et la VIIe Armée américains. La première vague d'assaut est répartie en trois secteurs : Alpha à l'ouest (Ramatuelle-Cavalaire) pour la 3e division d'infanterie (DI), Delta au centre (Sainte-Maxime) pour la 45e DI et Camel à l'est (Saint-Raphaël) pour la 36eDI.

LE 16, FRÉJUS TOMBE
Les défenses allemandes sont rapidement submergées, sauf sur la plage de Fréjus-Saint-Raphaël, où le débarquement s'avère impossible et est détourné vers Le Dramont et Agay. Partout ailleurs, les résultats dépassent les espérances. Le 15 au soir, les Américains tiennent deux zones, l'une couvre l'Estérel, l'autre enjambe les Maures et rejoint le secteur de la 1st ABTF. Les pertes (tués, blessés, disparus) sont estimées à moins d'un millier d'hommes. Le 16, Fréjus tombe, tandis que FFI et gendarmes libèrent, seuls, Draguignan, la préfecture du Var et le siège de l'état-major du 62e Corps d'armée allemand, qui se trouve isolé. Les blindés du colonel Sudre (1re DB), débarqués à Sainte-Maxime, sont aussitôt dirigés au-delà des Maures et s'emparent du Luc le 17. Les premiers éléments de l'Armée B du général de Lattre de Tassigny, arrivés le 16 à Cavalaire-Cogolin, vont aussitôt relayer les Américains sur le Gapeau, à la lisière du camp retranché de Toulon. Au 20 août, les troupes libératrices ont fait 14 000 prisonniers. Il y en a trois fois plus le 24 août. A cette date, 190 000 hommes et 41 000 véhicules ont été débarqués. Le 18, la XIXe armée allemande reçoit l'ordre de se replier sur une ligne Sens-Dijon-Suisse.

En dépit de contre-attaques retardatrices (Draguignan, Barjols, Arles, Apt, etc.), les prévisions de progression sont pulvérisées. La 3e DI suit la RN 7, libère Aix-en-Provence le 21, avant de pousser sur Salon, Arles et Avignon. La 45e ferraille le long de la Durance. La 36e est dirigée vers Sisteron et Grenoble. Elle est précédée par la Task Force Butler, qui, après avoir aidé à la libération de Digne et de Gap, est rabattue vers la vallée du Rhône. Les blindés allemands y livrent un combat d'arrière-garde pour protéger le repli.

500 KM EN DEUX SEMAINES
Les affrontements les plus âpres ont lieu dans la Drôme, entre Montélimar et Valence, du 20 au 28 août, alors que les colonnes en retraite, harcelées par les FFI et les avant-gardes américaines, tentent d'échapper à l'aviation alliée qui écrase 2 000 véhicules et 300 pièces d'artillerie. Valence est libérée le 31 août et Lyon le 3 septembre, avec soixante-dix jours d'avance par rapport aux prévisions. La VIIe Armée américaine a parcouru 500 km en deux semaines. En revanche, à l'est, la 1st ABTF, qui doit assurer la protection du corps expéditionnaire, laisse libérer Nice par la Résistance alors que les Allemands se replient sur la frontière italienne, d'où ils ne seront délogés qu'en avril 1945.

Entre-temps, Toulon et Marseille sont le théâtre des plus rudes batailles de cette campagne. Les garnisons allemandes, qui ont ordre de tenir jusqu'au bout, s'appuient sur un réseau de batteries et de fortifications redoutable. Leur conquête est confiée aux unités de l'Armée B, la 1re division française libre (DFL), la 3e division d'infanterie algérienne (DIA) et la 9e division d'infanterie coloniale (DIC), les blindés de la 1re DB. Le 19, la bataille de Toulon commence. Elle va durer une semaine. Alors que la 1re DFL et la 9e DIC sont lancées dans un assaut frontal à partir d'Hyères et des Solliès (du 20 au 23 août), les spahis de la 3e DIA, guidés par les FFI, s'infiltrent par le nord. Le 23, les libérateurs rejoignent les résistants qui font le coup de feu au centre-ville depuis le 21. Reste à réduire l'arsenal et les nombreux forts : les combats feront rage encore trois jours.

UNE POPULATION ENTHOUSIASTE
Le coup d'audace est la conquête simultanée de Marseille. Le général de Monsabert, qui décide de pousser sans attendre la relève, s'appuie sur les tabors marocains et les tirailleurs algériens. Précédés par la 1re DB, ces hommes démantèlent la ligne de défense édifiée à la périphérie, notamment le verrou d'Aubagne, enlevé le 21. Les faubourgs de Marseille sont atteints le 22. Le lendemain, les tirailleurs du colonel Chappuis et les blindés parviennent au milieu d'une population enthousiaste, jusqu'à la préfecture que la Résistance contrôle depuis deux jours. Raymond Aubrac, le commissaire de la République, y arrive le 24. La ville n'est pas encore libérée. Le général Schaeffer, commandant la place, refuse de capituler. Il faut s'emparer des positions une à une, Notre-Dame-de-la-Garde le 25, le parc Borély le 26, le fort Saint-Nicolas et le cap Janet le 27, etc., jusqu'à ce qu'il rende les armes le 28 au matin, en même temps que son homologue toulonnais, l'amiral Ruhfus, retranché dans la presqu'île de Saint-Mandrier.

Près de 10 000 Allemands sont morts dans la conquête des deux ports et 35 000 ont été faits prisonniers. Les pertes de l'Armée B s'élèvent à 4 000 tués ou blessés. Mais Toulon et Marseille ont été libérées bien avant les J + 20 et + 40 prévus. Moins d'un mois après le débarquement du 15 août, les hommes de Leclerc (2e DB) rejoignent en Bourgogne ceux du général de Lattre. Malgré le minage des quais par les Allemands, les ports de la région de Marseille accueillent leurs premiers bateaux le 15 septembre. C'est parce qu'ils jugeaient leur contrôle indispensable à l'approvisionnement de leur armée en hommes, en matériel et en carburant que les Américains ont maintenu le projet de débarquement en Provence, dont la réussite a été totale mais l'importance mésestimée. Ce qui est faire peu justice à un épisode majeur de la libération de la France et de l'Europe.
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Re: LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 27 Aoû 2014, 20:02

Bonjour à la demande de notre webmaster qui profite des ses derniers jours de vacances, je vous poste ce qui suit:

27 aout 1944 il y a 70 ans, Midi Libre publiait son premier numéro suite à la libération de Montpellier

image1.jpeg
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Bien amicalement
Prosper ;)
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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Jumbo  Nouveau message 21 Mar 2016, 08:55

Je ressors ce vieux fil suite à une lecture en cours où la question est clairement posée : vu le déroulement plutôt positif des combats en Normandie (on est à 10 jours de la fin de la bataille de Normandie) est-ce que Anvil était indispensable?
Quel a été son apport stratégique dans cette fin de guerre?
Est-ce que les forces engagées dans cette opération n'auraient pas été plus utiles ailleurs?
Est-ce que de toute façon les garnisons allemandes de Marseille, Toulon etc...ne seraient pas tombées seules comme des fruits mûrs?
Est-ce que ce débarquement maintenu par Ike malgré quelques avis contraires n'était pas avant tout politique plus que stratégique?
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Re: LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de brehon  Nouveau message 21 Mar 2016, 12:24

Bonjour,
Jumbo a écrit:Est-ce que ce débarquement maintenu par Ike malgré quelques avis contraires n'était pas avant tout politique plus que stratégique?

Un cadeau fait à la France, donc à De Gaulle, pour que son armée participe directement à la libération du territoire national?
Une exigence de De Gaulle?
Jumbo a écrit:Est-ce que de toute façon les garnisons allemandes de Marseille, Toulon etc...ne seraient pas tombées seules comme des fruits mûrs?

A près la capitulation de l'Allemagne comme les poches de l'Atlantique et Dunkerque. Les ports libérés avant (Cherbourg, Brest, Saint-Malo,...) ne l'ont été que parce que les Américains ont mis le paquet pour.

Quelles étaient les perspectives en Italie? La présence des Alpes empêchait d'en déboucher. La topographie du pays est favorable à la défense.
Le débarquement en Provence et la remontée de la vallée du Rhône permettait d'amener rapidement des effectifs importants à la frontière de l'Allemagne.
Cordialement.
Yvonnick

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Re: LA LIBERATION DE LA FRANCE

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 21 Mar 2016, 12:40

Bonjour Jean.

Au moment de déboucher (enfin) de Normandie, soit du 25/7 (opération Cobra) au 21/8 (fermeture de la poche de Falaise), la donne stratégique change en France et Anvil répond je crois à plusieurs des nouveaux impératifs qui se font jour :
1. tant que la tête de pont est muselée en Normandie, les forces de la 19.Armee (aussi relatives soient-elles) sont clouées dans le sud de la France par la menace d'un second débarquement ;
2. dès que la bataille de Normandie est gagnée, l'exploitation vers l'est peut être entamée. La 19.Armee pose alors un problème stratégique en menaçant le flanc sud du 12th Army Group de BRADLEY ;
3. le débarquement de Provence lève la menace sur le 12th Army Group en obligeant la 19.Armee à mener un combat d'arrière garde ;
4. les forces engagées en Provence n'auraient pu faire mieux ailleurs :
- en Italie : au mieux elles précipitent l'attaque de la ligne Gothique pour déboucher en France début septembre après des pertes en hommes et en temps incomparables ?
- en Normandie : la logistique va poser problème durant tout le mois d'août aux 2 Army Groups déjà engagés, inutile d'en rajouter...
- y-a-t'il un "autre ailleurs" à ce moment ? Je ne vois pas.
5. d'éventuelles "Festungen" méditerranéennes seraient tombées comme les autres mais, en attendant, Marseille est libérée à la fin août. Je ne sais quand le port sera à nouveau opérationnel mais les armées remontant de Provence n'ont pas connu les difficultés logistiques des armées engagées dans le nord de la France il me semble.
6. On accuse souvent Ike d'être plus un organisateur et un politicien qu'un général mais il me semble qu'avec Anvil, il offre aux Français l'occasion de libérer la France et il déploie sur le territoire national une armée française gage de stabilité politique en absorbant d'une part les groupes armés résistants qui se rallient et en mettant en garde les groupes armés communistes qui pourraient représenter une menace tout en conservant à l'US Army un rôle plus militaire que politique. Sans trop connaître ces détails cela me semble plutôt bien joué...

Voilà quand même 6 excellentes raisons de ne pas annuler le débarquement de Provence

EDIT @brehon : cadeau à DE GAULLE... ...ou plutôt exigence de DE GAULLE prêt je crois à retirer les troupes françaises d'Italie si elles n'étaient pas engagées en Provence pour la libération du territoire national.
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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de brehon  Nouveau message 21 Mar 2016, 12:53

Dog Red a écrit:- en Italie : au mieux elles précipitent l'attaque de la ligne Gothique pour déboucher en France début septembre après des pertes en hommes et en temps incomparables ?

"Déboucher en France" en passant par où? A travers les Alpes? En supposant que la Méditerranée eut été le seul théâtre d'opération (ce qui avait été envisagé par Churchill), un débarquement dans le Sud de la France aurait été nécessaire pour les contourner.
Cordialement.
Yvonnick

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