Pas de plaques pour les fusillés allemands.

Bonjour,

Voici un article paru dans la rubrique régions du journal "La Charente Libre" du 15 Avril 2010.

Je voudrais savoir ce que vous en pensez, personnellement et comme le dit l'article je trouve assez logique que ce genre de plaques ne voit pas le jour étant donné les faits marquants dans notre région et surtout par respect pour toutes les victimes innocentes.

Pour bien comprendre cette affaire, sais tu dans quelles circonstances ces allemands ont été fusillés ? Cette unité a t'elle préalablement participé à des "représailles" ou autres atrocité ?
La réconciliation, c'est peut être, dans un premier temps, des contacts entre des hommes, des liens, et non l'anonyme plaque qui me semble à la limite, pour ne pas dire plus, de la provoc. Je ne vois pas bien l'installation de ce genre de plaque, par exemple, dans les Vosges. Je peux comprendre aussi que les enfants allemands cherchent à comprendre.
Une idée pour avancer: faire la promotion des langues étrangères, faire des échanges, discutter ....

De grâce, attendez que nous (les anciens, qui avons subi), soyons partis
pour faire ce genre de "réconciliation" que je qualifierai d'indécente à
l'heure actuelle.

Mon frère a été fusillé au Mont-Valérien à 20 ans, Va-t-on jumeler les
plaques ? C'est çà qui serait une super-idée....

Bonjour Titinet16,

Difficile de (ré)concilier la rancoeur des victimes de la SGM - les victimes civiles en France occupée - et l'aspiration porteuse d'espoir d'une véritable et durable harmonie Franco-Allemande au sein de notre Europe unifiée. L'une et l'autre sont respectables, irréfutables, dirais-je. Tout est dans le compromis: une plaque, oui, peutêtre, mais discrète et petite (1 plaquette), avec une mention strictement neutre, sans 1 nuance d'attendrissement ou d'hommage, afin de ne pas mettre sur le même pied occupés et occupants. A ce prix, et au travers d'un effort de sensibilisation du public local, l'accueil de la demande du fils de l'exécuté, qui doit être "conscientisé" du caractère potentiellement choquant de sa démarche. Il est vrai que précisément cette sensibilité là n'est pas toujours suffisament développée chez nos amis allemands, surtout de la nouvelle Allemagne. On les comprend; ils doivent eux aussi nous comprendre.

Sur ce point, je rejoins entièrement Jardin David: communiquer sans passion, s'en tenir aux faits, apprendre à se connaître, et respecter les sensibilités, même d'intensité différentes, des 1 et des autres. Notre Forum sert aussi à celà, le tourisme aussi, les jumelages entres villes aussi, etc... Très beau domaine d'effort social, mais terrain miné à la fois.

Je repense à l'instant au panneau signalétique du Cimetière militaire allemand de La Cambe, à 2 pas de celui, américain, de St. Laurent-Colleville, voisinage délicat s'il en est. Ce lieu, 1 peu à l'écart, et d'1 acces détourné, est renseigné par quelques lignes, resservies de mémoire: "...Ce cimetière héberge 21000 (?) combattants allemands tombés en Normandie, dont tous ne partageaient pas les buts ni les moyens de leurs chefs... Aujourd'hui, eux aussi reposent en Terre de France". C'est la dernière phrase qui résume toute cette difficile réconciliation.

Bien amicalement.

Je peux comprendre la position de Titzef, mais je voudrais simplement, si elle me lit, lui dire très amicalement que je ne partage pas sa position. Je ne cautionnais pas la pose de cette plaque. Mais, d'une part il n'est jamais trop tôt pour la pardon (avec ou sans allusion biblique) et d'autre part je pense qu'il est nécessaire, de toute façon, d'avancer et de lutter pour que jamais plus l'Europe ne connaisse ce genre de tragédie. Remettre à plus tard les moyens de communiquer (l'étude de la langue) et le partage de simples discussions avec des jeunes qui n'ont absolument aucune raison de partager les fautes de leurs pères ou grand-pères, c'est prendre un risque. Il faut tendre la main, connaître. L'inconnu passe toujours plus facilement pour un ennemi. On ne combat pas au nom d'ordres anonymes ce et ceux que l'on connaît.
Juste une dernière précision pour Titzef: mon village des Vosges figure dans le top 10 des communes les plus "sinistrées" en 1944. Près de 20% de morts dans la population suite à deux déportations, dont mon grand-père. Mon père se souvient très bien du PM que le soldat allemand (j'ai longtemps entendu parler de "boche") lui a flanqué dans le dos pour le pousser dans la cour de la crêche. Il n'a accepté de voir le site du camp de HASLACH qu'en 2000, et depuis participe aux cérémonies organisées par la municipalité allemande. C'est elle qui a fait le premier pas et il était finalement nécessaire de répondre positivement, de ne pas laisser passer l'occasion.
Mais bien entendu, dans la cas de cette plaque c'est différent et plutôt déplacé. Cette famille allemande devrait tout d'abord prendre contact localement, se faire des amis, comprendre la situation de 1944 et tendre la main, sans imposer unilatéralement "son" devoir de mémoire. Je précise aussi que dans les Vosges, il y eut des exécutions d'Allemands et de miliciens, la question de poser une plaque ne s'est pas ... posée.

Edité pour corriger suivant l'indication de Prosper.

[Prosper Vandenbroucke]

Psst......JD,
Il faut s'adresser à Titzef29 au féminin, car il s'agit d'une Dame, et Dame avec un grand D
J'en conviens, tu n'es pas censé de le savoir, ni de connaître son parcours, seulement je te le signale amicalement
Amicalement et bonne soirée
Prosper

C'est à Jardin David que je réponds, et par 1 seul mot: Bravo !

Rien à ajouter à ce qu'il dit: moi non plus je ne "cautionne" pas cette plaque demandée; je crois malencontreuse mais compréhensible la demande, et malencontreuse mais compréhensible son refus, collectif. C'était trop rapide, pas préparé. Mais ce rejet n'est lui non plus pas dans la ligne des temps, que j'approuve et promotionne.

Bien amicalement,

alain

Merci Prosper.
J'ai trouvé une solution:
on leur fait leur plaque, on la leur expédie (pas de remise officielle avec flons-flons),
et ils l'apposent dans leur village.
Car sinon, elle va devenir un site de pélerinage pour les familles et les nostalgiques,
et ce sera la porte ouverte à toutes sortes de dérives, car beaucoup d'Allemands
ont laissé leur peau un peu partout (dans l'attaque des maquis par exemple), et
devrions-nous là aussi mettre des plaques commémoratives pour eux ?
Si on en met une, on devra en mettre d'autres. Ce sera sans fin. Et incongru.
Ils nous l'ont assez rabâché "c'est la Kuerre, Madame". Qu'ils assument ce
qu'ils ont déclanché.
Il n'est pas question ici des enfants qui doivent endosser un héritage bien
lourd, et qui n'en sont pas responsables. Mais c'est une autre histoire.

Bonjour,
Il y a une question que je me pose, en suivant ce fil, c'est celle du pourquoi ces soldats de la Wehrmacht on ete fusilles ?

En septembre 1944, les FFI et les armees alliees faisaient des prisonniers a tour de bras sur le sol francais et je n'ai pas connaissance d'executions, meme sommaires, qui ne s'expliquent pas par des actes criminels, ou au moins consideres comme tels a l'epoque, commis par les executes. Donc copie a revoir, pourquoi ces hommes ont ete fusilles ?

Sur le plan general, il me semble incongru de venir poser une France une plaque de ce genre. Les bonnes relations actuelles entre la France et l'Allemagne n'en n'ont pas besoin. Qu'une municipalite jumelle sa ville avec une ville allemande, ou cree une "rue de l'amitie franco-allemande", je comprendrais et approuverais.

Mais remuer des vieilles douleurs n'apportera strictement rien, mis a part donner un "lieu de pelerinage" aux neonazis et aux falsificateurs negationnistes qui adorent monter en epingle ce genre de tristes incidents pour essayer de nous faire croire qu'ils sont a l'echelle des crimes nazis.

Daniel se pose la même question que moi:

pourquoi ces soldats de la Wehrmacht on ete fusilles ?

Avons nous des spécialistes de la Charente par ici ?
L'idée de Titzef est très bonne: la plaque, elle sera très bien dans le village d'origine de ces soldats !