Post Numéro: 2 de vtt13 28 Aoû 2009, 20:09
Le Duguay trouain a été détruit à Meursault, même s'il est maintenant exposé à Dijon.
extrait du JMO du 2° Cuirassier:
L'Apothéose de Dijon
(9-11 Septembre 1944)
Fidèle à la tradition désormais établie, le 2ème Cuirassiers ne s'attardera pas à Beaune. Le 9 Septembre, à 13 heures, le 1er Escadron quitte la ville, avec le Groupement Vallin pour se porter sur Nuits-St.Georges. Il est suivi de près par le Groupement Letang, comprenant le 4ème Escadron. Un peu plus tard, à 16 heures 30, c'est le tour du Groupement Durosoy dont font partie l'Etat-Major du Régiment et les 2ème et 3ème Escadrons. Traversant Serrigny puis Argily, il s enfonce sous les hautes futaies de la forêt de Cîteaux et atteint, sans combat, St-Nicolas-les-Citeaux où il s'installe pour la nuit qui commence à tomber. L'ennemi est signalé tout près, à Villebichot, et au carrefour des Citeaux. Nos patrouilles en prennent le contact, canonnent ses positions : il faut malheureusement en rester là à cause de l'heure tardive. St.Nicolas, lui-même, n'a été évacué que tout récemment comme le témoignent les cadavres des retardataires de la Wehrmacht, surpris par la reconnaissance. Nuit calme dans le petit village noyé dans la forêt. Le boche est très discret... Trop discret même, car au petit jour, il n'y a plus personne à Villebichot ; seuls les moines occupent paisiblement l'Abbaye de Cîteaux, que les Allemands avaient pourtant tenté de transformer en forteresse.
Un moine délégué par le père Abbé, se présente au Colonel : une collation a été servie à l'Abbaye... Les Cuirassiers sont impatiemment attendus... Il faut malheureusement décliner cette invitation pourtant si tentante. Quel dommage cependant de ne pas pouvoir contempler toutes ces robes blanches, sorties tout a fait exceptionnellement de l'Abbaye !
Mais le 2ème Cuirassiers doit se hâter... éternel esclavage du temps qui le pousse de nouveau en avant, traverse Villebichot, St-Bernard, Epernay, Broindon, Barges.
Aucune opposition. Seuls quelques barrages d'arbres bien vite enlevés. Saulon, objectif de la journée est rapidement atteint. Le Groupement est aux portes de Dijon, ce Dijon qu'on attaquera sans doute demain... L'ennemi vaincu n'attend cependant pas l'assaut impitoyable qui a été prévu. Mettant de nouveau à profit la nuit pour s'échapper, il abandonne la capitale de la Bourgogne, sans accepter le combat dont l'issue ne lui était sans doute pas douteuse...
Le bruit s'en répand aussitôt et les lourds Sherman déjà prêts à rugir, s'ébranlent paisiblement vers la ville. Fenay, Chevigny... Longvic avec son aérodrome bouleversé par les bombes... Dijon enfin...
Quel spectacle ! Spectacle grandiose, spectacle pathétique... Le Régiment est subitement noyé dans une foule immense, une foule ivre de joie, une foule qui ne sait comment manifester son enthousiasme. Tout Dijon est dans la rue. Tout Dijon est venu recevoir ses libérateurs. Tout Dijon cherche par tous les moyens à leur manifester sa reconnaissance. Dès les extrêmes faubourgs de la ville, les ouvriers d'une entreprise de travaux publics, aux ordres d'un contremaître, se dépensent fébrilement à aménager le gué qui permettra aux Sherman de franchir l'Ouche aux ponts sautés. Pains d'épice, bouteilles de Bourgogne, paquets de cigarettes et de tabac pleuvent sur les chars, sur les Half-Tracks. Comment ne pas ressentir une émotion intense devant le geste si généreux de tout un peuple qui donnant tout ce qui lui fait défaut, a voulu matérialiser l'élan de son cœur vers ses frères venus d'Afrique !
Tout véhicule arrêté est immédiatement assailli par une véritable grappe humaine. Tout homme descendu à terre est happé par cent bras, sa combinaison tournoie parmi les vestons civils, les robes claires d'été, disparaît au centre de l'essaim formé autour de lui. Nul ne peut dire comment le Régiment parvint à traverser la ville, atteignant ses faubourgs Nord.
Le temps de compléter les pleins d'essence, de prendre un repas hâtif et le 2ème Cuirassiers devra quitter la belle cité Bourguignonne. Son futur objectif lui est déjà fixé : la route de Langres s'ouvre devant lui... Seul le 3ème Escadron, envié de tous, reste provisoirement à Dijon pour participer à la grande revue de la Libération.