Post Numéro: 10 de michel d 25 Aoû 2009, 18:28
D'origine Dijonnaise, je suis en mesure de vous relater "La jonction de Nod-sur-Seine" telle que la raconte Jean-François BAZIN, journaliste historien dijonnais.
"Un épisode aussi important que symbolique de la Libération se situe en Côte-d'Or : la jonction des forces "Dragoon" et "Overlord", celle de la 1ère D.F.L. et de la 2ème D.B.
Selon le maréchal de Lattre de Tassigny, ce premier contact est pris le 12 septembre dans Montbard par une femme, le lieutenant Eve Curie, qui sert en qualité d'officier de liaison à l'état-major de l'armée, depuis le débarquement, et qu'accompagne le correspondant de guerre Villiers (frère du sous-lieutenant Jean-Pierre Aumont, le comédien, officier d'ordonnance du général Brosset) dans une jeep mêlée au peloton du 1er R.F.M.
La rencontre a lieu le 12 septembre 1944, à 13 heures, quand un peloton de l'escadron Savary, du 1er régiment de fusiliers-marins (1ère D.F.L.) envoyée à Montbard, voit arriver un peloton du 1er régiment de marche des spahis marocains, le régiment de reconnaissance de la division Leclerc.
Le maréchal de Lattre de Tassigny décrit ainsi la suite de la journée du 1er septembre : "Plus à l'ouest, sur la route de Troyes à Dijon, un half-track du régiment de marche du Tchad, venant de Châtillon par Nod, stationne devant le presbytère d'Aisey-sur-Seine quand y passe une voiture de l'Armée B occupée par un officier envoyé en liaison à Paris. Et la modeste cure sert de cadre à cette rencontre historique.
Poursuivant peu après sa route vers le sud, le même half-track croise, vers 17 heures, à Chanceaux, une jeep qui s'arrête. C'est le général Brosset en personne qui est au volant et qui court vers sa maison familiale qu'il n'a plus revue depuis tant d'années. Sur ses indications, le véhicule poursuit sa randonnée jusqu'à Saint-Seine, où stationne le gros de l'escadron Savary.
Enfin, toujours au cours de ce même après-midi, liaison est prise également avec les Américains du 106ème Groupe de Reconnaissance tant par un peloton d'A.M. de l'escadron de Bondoux (2ème Dragons) entre Saulieu et Clamecy, que par les Américains eux-même à Autun.
Ainsi, au soir du 12 septembre, les deux grandes forces d'invasion débarquées en Normandie et en Provence n'en forment plus qu'une. Le fil qui les relie est encore ténu, mais les liens ne vont pas tarder à se faire plus solides, au-delà de Langres qu'aborde la 1ère D.B.
Une liaison entre les deux armées a eu lieu cependant la veille, le 11 septembre : un piper-cub portant un officier de la division Leclerc avait atterri à Sombernon, apportant des précisions sur l'avance des troupes.
Nod-sur-Seine deviendra plus tard le point symbolique de la "jonction", mais celle-ci se réalisa simultanément en une dizaine d'endroits...
Un contact important fut pris toutefois à Nod, comme le raconte Robert Aron dans son Histoire de la Libération : entre un détachement du 12ème cuirassiers (2ème D.B., capitane Gaudet) qui avait gagné Nod depuis Chamesson sur l'indication de M. et Mme Gaston Merle, et les premiers éléments de la 1ère D.F.L. (capitaine Guérard). Pour l'histoire, la poignée de main des deux capitaines restera l'images des "retrouvailles" des hommes de Leclerc et de de Lattre.
L'épisode de Nod : 16 h. Celui de Montbard : 13 h.
Le combat de Maisey, seul combat frontal livré en Côte-d'Or par la Résistance est associé au souvenir de la jonction historique des deux armées. En effet, l'appel à l'aide lancé par le colonel "Claude" au général Leclerc conduit celui-ci à dépêcher quelques blindés du régiment de marche du Tchad vers Châtillon-sur-Seine et le nord de la Côte-d'Or."
MD