Qu'est-ce qu'un fichu Savoyard peut bien connaître à la Lorraine ?
Il se trouve que l'un de mes oncles par alliance était lorrain et que j'ai fait plusieurs séjours dans sa famille durant ma petite enfance... J'en garde quelques images fortes : les grands terrils, bien sûr, mais aussi des nuées de pigeons sur la place de la cathédrale Saint-Etienne de Metz, un chien sympa au fond d'un jardin, des gens souriants, une jeune fille en fleurs...
Bon, je ne vais pas vous faire du Proust (Ici l'ombre...) ; si je veux parler de la Lorraine, c'est que, dans le magazine L'histoire de novembre 2008, dans l'article "Le retour de l'Alsace-Lorraine" dans le giron français le 17 novembre 1918 (officiellement le 28 juin 1919), je lis que "les premiers moments d'euphorie passés, l'installation de l'administration française n'ira pas sans quelques heurts et beaucoup d'incompréhension de part et d'autre. Il ne suffit pas de quelques décrets pour effacer quarante-huit ans d'occupation allemande. [...] l'Alsace, plus encore que la Lorraine a évolué. [...] En 1911, le début d'autonomie qui lui avait été accordé avait satisfait beaucoup de monde. La germanisation est bien réelle dans les provinces [...]. La langue française n'est plus parlée que chez les élites et les habitants de quelques zones rurales [...]. [L'Allemagne avait doté l'Alsace-Lorraine] d'une législation du travail moderne, de retraites, d'assurance sociales et d'institutions décentralisées [inconnues en France à cette époque] et la région [avait goûté, avant la guerre et le blocus allié,] à la prospérité économique. [...] Bref, les années d'après-guerre ont un goût de lendemains qui déchantent [arrogance de certains fonctionnaires français, culpabilisation de la population...]. Lorsque le Cartel des gauches se met en tête, en 1924, d'introduire l'ensemble de la législation française en Alsace-Lorraine [sans plus respecter le régime particulier établi par la loi d'octobre 1919], la fronde est patente."
Quoique de Gaulle parlât de la guerre de trente ans (1914-1945) et que l'historien allemand Ernst Nolte intulât l'un de ses plus fameux ouvrages La guerre civile européenne (1917-1945), qu'est-ce que la libération problématique de l'Alsace-Lorraine en 1918 a à voir avec la SGM ?
Eh bien, le fait que cette première libération problématique a été suivie par une période française peu faste (économie en crise, tracasseries antireligieuses, tracasseries linguistiques, système moins libéral et moins efficace que le système allemand de 1870 à 1918...) explique peut-être pourquoi, en 1942, selon F.-G. Dreyfus (Histoire de la Résistance, de Fallois, 1996, page 351), les francophiles, adversaires déterminés du Reich, ne représentent que 3 à 5% au maximum de la population qui, pour plus des trois quarts, n'est pas a priori contre le retour dans le giron allemand, même si l'opinion va vite déchanter...
P.-S. Que Bruno R.-H. ne vienne point me traiter d'indépendantiste ! S'il y en a qui sifflent la Marseillaise, je suis un des rares à qui elle fait encore verser quelques larmes (surtout lorsque je l'entends à l'étranger)...