Post Numéro: 2 de Tom 10 Jan 2008, 21:27
Tiré du texte Le problème de la conscription en France de 1940 à 1946, disparition et renaissance de Claude d’Abzac-Epezy, Centre d’études d’histoire de la Défense :
La Libération aurait dû entraîner une harmonisation et le retour à la mobilisation générale. D’ailleurs, l’état de guerre n’ayant pas cessé, la loi portant mobilisation générale datant du 1er septembre 1939 est toujours valable.
Cependant, cette mobilisation de 1944 s’avère extrêmement difficile à réaliser et le GPRF doit renoncer à la faire appliquer. Le premier gouvernement de la IVe République choisit de reprendre la conscription en partant de la classe 1946, c’est-à-dire en sautant deux classes d’âge. Cette période se caractérise par une très grande difficulté à remettre en route la conscription, difficulté qui a des répercussions sur le long terme, comme on le voit lors de la catastrophique mobilisation partielle de 1947 à la suite des grèves dites insurrectionnelles. À la Libération, le mécanisme bien huilé de la conscription et de la mobilisation qui avait permis de constituer les immenses armées de 1914-18 et de 1939 1940 est en panne. Cette panne va durer encore quelques années et l’on peut considérer que la machine fonctionnera à nouveau bien à partir de 1949-1950.
Durant cette période, les difficultés d’assurer une égalité de tous devant l’appel sous les drapeaux est un signe de la division de la France et de la perte de puissance de l’État.
Cependant, il ne faudrait pas perdre de vue que, comme toujours, c'est dans les grandes crises que naissent les germes du renouveau. Celui-ci se manifeste, dès l’entre-deux-guerres, par une nouvelle réflexion sur la place du service militaire dans la défense de la France, marquant souvent un fort clivage entre les penseurs militaires favorables à une forme de professionnalisation et les hommes politiques profondément attachés à l’idée d’armée nationale et de conscription universelle. Ce débat se poursuit sous le régime de Vichy : certains chefs militaires qui considéraient que le service d'un an était un des responsables de la défaite voient sans déplaisir apparaître ce qui va devenir une armée de métier, tandis que d’autres cherchent à tout prix à maintenir la conscription à travers les Chantiers de la Jeunesse. Ces divergences vont rejouer à la Libération entre les partis politiques de gauche qui veulent une armée nationale, pratiquement sans encadrement permanent (à l’image de l’armée nouvelle de Jaurès) et les militaires qui veulent maintenir un volet d’armée professionnelle, plus ou moins important. Finalement, c’est une solution de compromis qui s’impose : la politique de défense décidée par le général de Gaulle au Comité de Défense Nationale le 2 octobre 1944 retient le principe d’une force d’intervention, qui permet à la France de s’imposer militairement lors de crises semblables à l’occupation de la Rhénanie en 1936, tout en maintenant le principe de la conscription universelle. Cependant, la formation des jeunes conscrits est profondément renouvelée suivant les principes formulés par le général de Lattre, son principal apport étant de séparer la période d’instruction et la période d’affectation en unité. Au total, le service militaire renouvelé et rajeuni, après des périodes de tâtonnements dans les années d’après-guerre, est en mesure de fournir des contingents formés et facilement rappelables qui seront envoyés en Algérie. La crise connue par le service national durant les années de guerre et d’après guerre est donc à la base d’une modernisation de celui-ci qui lui permettra de s’adapter et de durer jusqu’à la fin du XXe siècle.
C'est en octobre 1946 que la conscription est rétablie officiellement avec service d'un an... En 1944/1945, les F.F.I. incorporés à l'armée française sont des engagés volontaires pour la durée de la guerre + 3 mois...
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Tom le 10 Jan 2008, 21:36, édité 1 fois.