Bonjour et bonnes fêtes à tous
Sur la prière de certains et après avoir consulté beaucoup de gens, sans toujours obtenir de réponse, il me semble finalement utile de clarifier ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas sur la mort du Reichsführer SS et d'en tirer quelques leçons, tant sur les recherches à entreprendre que sur les pouvoirs que tout démocrate se doit de secouer afin de leur faire lâcher les informations que probablement, et probablement sans raison acceptable, ils retiennent.
1) Le gouvernement britannique, fermement tenu en mais par Winston Churchill, s'oppose jusqu'au début de mai 1945 à la tenue d'un grand procès international des dirigeants nazis -contrairement aux Etats-Unis, à l'URSS et à la France.
2) Churchill finit par céder le 3 mai, de très mauvaise grâce, à telle enseigne qu'il écrit à Eden, après lui avoir annoncé le revirement du cabinet : "D'ailleurs beaucoup sont morts et certains peuvent mourir encore" !
3) La cote politique de Himmler connaît, entre le 28 avril et le 10 mai, des oscillations d'une rare amplitude :
-28/4 au matin : chef des SS et de toutes les forces de répression sur le territoire encore contrôle par l'Allemagne, et maître du "Wehrwolf" censé poursuivre la guerre sur les arrières des Alliés;
-28/4 au soir : déchu de toutes ses fonctions et exclu du testament de Hitler, au profit d'un gouvernement Dönitz-Goebbels;
-1/5 : offre ses services à Dönitz, qui ne les refuse pas;
-6/5 : chassé par Dönitz mais gardant pignon sur rue dans sa capitale, Flensburg;
-10/5 : plonge dans la clandestinité.
3) Du 10 au 23 mai, la cavale de Himmler est lente, maladroite, irrésolue. Il apparaît qu'il aimerait mieux se rendre aux Américains qu'aux Anglais mais il doit pour cela traverser une vaste zone tenue par ces derniers;
4) Le 22 mai, il se laisse arrêter sans résistance à un poste de contrôle britannique; ses faux papiers ont tenu, mais ils le désignent comme membre d'une formation policière dont les représetnants sont systématiquement internés;
5) Le 23, vers 14h, il arrive dans un camp de suspects dirigé par le capitaine Selvester. Au bout de 2h, impatient, il se fait connaître. Selvester le prend sous sa garde personnelle et le fait fouiller complètement. Seule la bouche n'est pas directement explorée car on craint qu'elle ne contienne une ampoule de cyanure (d'autant plus qu'on en a saisi une en fouillant ses vêtements, dans un étui accompagné d'un étui semblable, vide). Mais cette bouche fait l'objet d'une observation extérieure incessante et minutieuse lorsqu'il parle et lorsqu'il mange -la consistance de sa nourriture étant choisie pour qu'il ait à faire des efforts de mastication.
6) Le colonel Murphy, chef des services de renseignements de la 8ème armée britannique, vient diriger les opérations vers 20h, passe des coups de téléphone et finit par envoyer le prisonnier, vers minuit, à son quartier général, dans une voiture où il ne monte pas lui-même.
7) Le décès de Himmler est annoncé le lendemaine par un communiqué disant qu'il s'est suicidé en croquant une ampoule de cyanure pendant la fouille buccale pratiquée dans la villa. Des représentants militaires alliés, puis la presse, défilent devant le cadavre, après quoi il est enterré dans un lieu secret. La version donnée à la presse passe sous silence la durée de la présence du prisonnier, une fois identifié, entre les mains des Britanniques, et, de ce fait, l'invraisemblance de la présence d'une longue ampoule de verre fragile dans sa cavité buccale, dès lors qu'il parlait et mangeait normalement.
Un livre pionnier de Manvell et Fraenkel, en 1965, comporte un premier réexamen sérieux de la version officielle. Il attire, lui, l'attention sur l'invraisemblance notée ci-dessus, mais en se contentant de citer de longs passages d'un témoignage consciencieux et détaillé de Selvester, après quoi les auteurs laissent le lecteur méditer sur les contradictions de ce texte avec un témoignage désinvolte et invraisemblable de Murphy.
9) En 1991, le livre de Peter padfield résout la contradiction en gommant les aspects du témoignage de Selvester qui contredisent celui de Murphy.
10) En mai 2005, un historien peu conformiste mais réputé sérieux et habile à déterrer des archives importantes, Martin Allen, émet en appendice d'un livre sur les négociations secrètes menées par Himmler à la fin de la guerre une explication nouvelle de sa mort : il a été tué par un commando britannique dirigé par un certain "Thomas". Trois pièces sont produites à l'appui
11) En juillet 2005, deux de ces pièces sont qualifiées de "faux grossier" par Audrey Giles, une experte privée ayant travaillé pour Scotland Yard -la troisième, la plus explicite, ayant résisté à l'examen matériel et n'étant traitée de faux que parce qu'elle va dans le sens des deux autres. L'information est répercutée essentiellement par un journal, le Daily Telegraph, et un journaliste, Ben Fenton, l'un et l'autre silencieux depuis septembre 2005. Plaintes, contre-expertises, décisions de justice, retrait du livre ? Néant sur toute la ligne ! Quant aux cartons d'archives comportant les pièces litigieuses, ils ont été soustraits pendant plus d'un an à la consultation, puis remis en place... sous forme de cédéroms... ne comportant plus les pièces en question !!!
12) Quiconque réclame la vérité appartient à la mouvance négationniste... ou se fait accuser d'être à son service, consciemment ou non. Beaucoup des personnes qui discourent au sujet de cette affaire, ou qui ont à prendre des décisions la concernant, par exemple en matière de modération de forums, perdent tout le bon sens, la rigueur, la curiosité, l'équité et le goût du débat qu'on leur connaît par ailleurs.
13) Le gouvernement britannique a réagi à une mise en cause précédente de Churchill, concernant Pearl Harbor, en mettant en accès libre les archives concernées. Or, sur la mort de Himmler, aucune n'est encore disponible ! Les rapports d'époque de Selvester et de Murphy, notamment, sont toujours cachés.
Conclusion : j'ai la faiblesse de penser que ceux qui nourrissent le négationnisme sont ceux qui s'abstiennent de réclamer avec moi la lumière, ou le font du bout des lèvres quand j'ai beaucoup insisté, avant de repartir dans de grandes tirades suivant lesquelles tout est limpide.