Post Numéro: 18 de Margont 28 Déc 2011, 03:36
Je n'oublie pas que j'écris tranquillement installé dans mon fauteuil, nourri à ma faim, et sans guère d'autres risques en sortant de chez moi que de me prendre un morceau de Spoutnik sur le coin de la figure (probabilité somme toute assez faible, même ces jours-ci), et ce 66 ans après la fin de la guerre.
Je n'oublie bien évidemment pas les millions de déportés, torturés, raflés, fusillés, internés, bombardés, enrôlés de force, victimes civiles, ou "innocentes" (c'est quoi une victime "coupable" ?) des nazis et assimilés : gestapistes, miliciens et délateurs de tous ordres…
MAIS ces femmes tondues (ou plus précisément les hommes dont ce fut l'œuvre) me donnent la nausée.
Après s'être fait couper les couilles par la défaite de 40, peut-on admettre que le mâle français ait eu besoin de se refaire une virilité en se vengeant sur le premier quidam passant à sa portée (et en l'occurrence, et exclusivement, sur LA première !) ?
C'est facile de s'en prendre au faible pour se sentir fort, et d'effacer 4 ans d'humiliations et/ou de petites lâchetés en rasant le premier symbole de la collaboration tombant sous la main.
Combien d'hommes ont été traînés, nus, à travers villes ou villages, avant de se faire déposséder de l'attribut symbole de leur collaboration ? Et lequel, d'ailleurs ? Les mains ? Les couilles ? Le portefeuille ?
À ma connaissance aucun.
Oh, on en a bien lynché quelques uns, qui de toute façon auraient "légalement" fini au poteau pour peu qu'ils aient été jugés suffisamment tôt après la Libération, mais, et si je puis me permettre cet oxymore, ils ont pour la grande majorité d'entre eux été lynchés "dignement".
Que des femmes, responsables de la mort, de la torture, de la déportation d'autrui soient jugées, condamnées et exécutées, au même titre que les hommes ayant commis les mêmes crimes, ça ne me choque pas.
À crime égal, punition égale.
Mais en quoi les femmes auraient-elles mérité un châtiment supplémentaire - la tonte - alors que par ailleurs elles recevraient la sentence que méritaient leurs crimes ?
(En passant, à quoi ont été condamnés les hommes ayant violé une Wehrmachtshelferin ? Ils ont reçu une médaille ?)
C'est cette différence de traitement homme/femme qui me révolte.
Mais après tout, que représentait une femme en 1944 ? Elle n'avait même pas le droit de vote, c'est dire ! je m'énerve bien pour pas grand chose...
Le héros-coiffeur de la Libération ne diffère pas beaucoup à mes yeux d'Hermann Göring qui annonçait en 1934, dans Les neuf commandements de la lutte ouvrière, le rôle futur de la femme allemande : « Prends une poêle, un ramasse-poussière et un balai et épouse un homme ».
Autre temps, autres mœurs, sans doute…
« L’ennemi se déguise parfois en géranium mais on ne peut s’y tromper,
car tandis que le géranium est à nos fenêtres, l’ennemi est à nos portes. »
Pierre Desproges