Alex (alfa1965) a posé une question sur une Ärmeschild très particulière (viewtopic.php?f=32&p=510590#p510590).
La question en ammenant d'autres, et notamment quant à l'authenticité de certaines des ces récompenses, j'ai profité du week-end pour dégrossir la question.
L'ouvrage de François DE LANNOY consacrée aux décorations de la Wehrmacht sert de pierre angulaire à la tentative de synthèse ci-dessous.
Les spécialistes n'hésiteront pas à compléter ces informations.
Les Ärmeschild étaient réalisées en métal estampé : aluminium ou acier en début de guerre, en zinc par la suite ; argenté ou gris dans la Luftwaffe et le Heer, doré pour la Kriegsmarine sur un fond de tissu correspondant à l’arme et cousu en haut de la manche gauche de l’uniforme.
Il n’existe que 5 plaques de manche officielles et qui ont été effectivement portées. Chaque récipiendaire recevait sa plaque en 3 à 5 exemplaires pour ses différentes tenues.
Narvikschild
photo wikipedia
La première plaque de bras de la guerre a été créée le 19 août 1940 pour récompenser les soldats du Heer, de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe ayant combattu pour le port de Narvik (Norvège) entre le 9 avril et le 9 juin 1940.
La plaque reprend d’ailleurs l’ancre, l’hélice et l’edelweiss (emblême des Gebirgsjäger) qui se sont illustré ensemble.
Le General Edouard DIETL en reçoit le tout premier exemplaire des mains d’HITLER le 21 mars 1941. La Narvikschild a été attribuée à 8.577 soldats (Heer 2.755, Kriegsmarine 3.661 et Luftwaffe 2.161).
Cholmschild
photo blog did.panzer
La deuxième plaque est créée le 1er juillet 1942 pour récompenser les soldats de la poche de Kohlm du 21 janvier au 5 mai 1942 et les aviateurs du pont aérien qui ont alimenté la poche durant le siège. En acier ou en zinc estampé argenté ou gris, elle a été réalisée à 5.500 exemplaires attribués entre le 31 octobre 1942 et les 1er avril 1943.
Krimschild
photo wikipedia
La troisième plaque est créée le 25 juillet 1942 pour récompenser les soldats ayant combattu en Crimée sous le commandement de VON MANSTEIN (11.Armee) entre le 21 septembre 1941 et le 4 juillet 1942. Sa remise est conditionnée à 3 critères (notamment avoir été blessé) mais c’est la plus commune des plaques tirée à environ 3.000.000 d’exemplaires ! (pour 100.000 récipiendaires). Elle fut réalisée en acier estampé, finition bronze.
Des exemplaires en or ont été réalisés. Le premier pour le chef d’état roumain ANTONESCU, les autres pour VON MANSTEIN et les officiers de son état-major.
Demjanskschild
photo wikipedia
La quatrième plaque est créée le 25 avril 1943 pour récompenser les combattants du II.Armee-Korps du General der Infanterie Walter VON BROCKDORFF-AHLEFELDT encerclés dans la poche de Demiansk du 8 février au 21 avril 1942 et les équipages de la Luftwaffe qui les ont soutenus. Comme pour la plaque de Crimée, leur obtention est soumise à critère.
Elles ont été fabriquées en acier ou zinc argenté et sont frappées de 2 épées croisées surmontées d’un avion d’observation. Tirées à environ 100.000 exemplaires distribuées au début de 1943, les exemplaires tardifs (1944) étaient recouverts d’une peinture gris-vert.
Kubanschild
photo wikipedia
La cinquième et dernière plaque de manche est créée le 20 septembre 1943 pour récompenser les troupes du Generalfeldmarschall VON KLEIST qui se défendent dans la tête de pont du Kouban près de la mer d’Azov entre le 12 février et le 4 septembre 1943. Comme les précédentes, son attribution est conditionnée.
Elles sont réalisées en acier ou en zinc estampé, finition bronze et commencent à être distribuées au milieu de 1944.
Un exemplaire en or aurait été réalisé pour KLEIST et les officiers de son état-major.
Il existe d’autres plaques de bras, ébauchées ou projetées ou jamais attribuées et qui n’ont jamais été portées. Parmi celles-ci, la Lapplandschild demandée en février 1945 par le General der Gebirgstruppe Franz BOEHME pour les troupes opposées à l’Armée rouge en Laponie. Sa demande est acceptée le 1er mai 1945 mais ne sera jamais concrétisée… pour des raisons évidentes. Le 9 mai 1945, les hommes de la 20.Gebirgs-Armee se rendent aux Britanniques. Autorisés à garder leurs insignes et décorations, des prisonniers décident de fabriquer eux-mêmes leur plaque.
photo http://www.delcampe.net
Quant aux autres plaques non officielles, François DE LANNOY cite : la Balkanschild récompensant les unités ayant lutté contre les partisans fut approuvé par Hitler début 1945 (3 exemplaires auraient été réalisés) ; la Stalingradschild ne verra jamais le jour pour les raisons que l’on imagine ; la Varschawschild destinée à récompenser les unités SS et de police ayant participé à l’écrasement de l’insurrection de Varsovie n’auraient pas dépassé le stade de la matrice ; la Lorientschild aurait été réalisée artisanalement au cours du siège comme la Dunkirkchenschild, la Memelschild dont l'existence n'est pas confirmée et, enfin, la Budapestschild proposée mais abandonnée à l'issue malheureuse des combats.
Blog did.panzer
Enfin, François DE LANNOY évoque diverses plaques apparues dans les années ’70 (et particulièrement au Royaume-Uni selon Osprey) mais relevant de l’imagination : Afrika, Atlantik, Arnheim, Charkow, Saint-Nazaire ou La Rochelle.
Sources :
François DE LANNOY, « Ordres & décorations – Wehrmacht 1933-1945 », E-T-A-I
Gordon WILLIAMSON, «World War II German Battle Insigna», Osprey Publishing