En 1944, le canon-obusier russe de 7,62 cm Modèle 39 était, certes, une arme robuste et polyvalente (pièce de campagne ou antichar), mais l'artillerie allemande préférait de très loin employer des obusiers de 10,5 cm, en raison de la puissance létale très supérieure de leurs munitions; d'autant que les pièces de 7,5 cm pesaient, à très peu de choses près, le même poids qu'un obusier de 10 cm et que, au début de la décennie 1930, ils avaient opté, pour ces mêmes raisons, pour le calibre de 10 cm, en abandonnant, définitivement, le 7,7 cm de campagne de 14-18. Durant une brève période, à la même époque, ils avaient rechambré leurs 7,7 cm au calibre de 7,5 cm, puis les peu nombreux canons de 7,5 cm, produits par les Allemands, essentiellement, avant 1939, avaient été fabriqués pour honorer des commandes, en quantités limités, pour l'Export. Avec l'embargo qui s'était mis en place, en septembre 1939, et leurs propres besoins en matériels, ces pièces "modernes" de 7,5 cm avaient été attribuées aux régiments d'artillerie des troupes de montagne (Gebirgsjäger) pour en équiper, généralement, une de leurs deux Artillerie-Abteilungen "légères".
Si on met à part les Volks-Grenadier-Divisionen, qui, à dater de la 29 ou 30. Welle (été 1944), s'étaient vu attribuer, à partir de la fin de l'été, une "
le.Abteilung", dotée de trois batteries de 4 ou 6 pièces de 7,5 cm FK 40, qui n'étaient, en réalité, que des 7,5 cm Pak 40, convertis en pièces d'artillerie de campagne, tout en conservant leur faculté d'être, si nécessaire, employées en canons antichars, afin de renforcer les moyens de la Panzerjäger-Abteilung. Limités, dans leur emploi dans le cadre de la Feldartillerie, par leur hausse de + 22° et leur portée maximale de 7 700 m, durant l'hiver 1944-1945, les 7,5 cm FK 40 avaient, alors, bénéficié d'un "bricolage", qui leur permettait, désormais, une élévation de l'ordre de +30°, plus une étude, mais qui, elle, n'avait jamais abouti et qui consistait à installer un canon de 7,5 cm Pak 40, sur un affût de 10,5 cm le.FH 18/40. Le cahier des charges exigeait une portée maximale de plus de 13 000 m, avec une élévation de +45°, mais le FK 7M59, selon sa nouvelle dénomination, tirait, au mieux, à un peu plus de 11 000 m, tandis que, en raison de la longueur de son canon de 46 calibres, il pesait le même poids, voire, même, légèrement plus qu'un bête obusier de 10,5 cm et que ses munitions explosives avaient une charge létale moins importante!
En résumé, au sein de la
Heer, hormis l'artillerie côtière,
Küstenartillerie de l'
Atlantikwall et du
Südwall, soit 291 pièces,que je n'ai volontairement pas comptabilisées dans les "352 pièces" évoquées, les "canons-obusiers" russe de 7,62 cm Modèle 39 avaient été, essentiellement, attribués à des "
Abteilungen" légères, au sein des
Artillerie-Regimenter de divisions qu'on pourrait qualifier de "classe B", voire "C".
De surcroit, à dater de l'été 1944, il y avait eu un très sérieux problème d'approvisionnement pour ces pièces, car si l'obus n'était, lui-même, qu'une conversion du 7,5 cm allemand, relativement facile à réaliser, les douilles, elles, étaient russes; or, la
Heer, suite à l'offensive soviétique de l'été 1944, avait eu de plus en plus de mal à s'emparer de stocks de munitions russes et, en gros, une douille pouvait, au mieux, servir quatre fois avant d'être définitivement rebutée!
Quand tu passes en revue, à l'automne 1944, les déploiements des
Arko (
Artilleriekommandeur), en charge, à l'Ouest, au sein du Corps ou de l'Armée, de commander le feu sur le secteur de front qui leur était attribué, la première chose qui te "saute à la tronche", c'est la misère des stocks de munitions pour de très nombreux
Beute! Tu te retrouves, souvent, avec des dotations disponibles immédiatement de l'ordre de 40 à 50 coups!...Dans l'hypothèse de 10 coups/minute, avec des gros "fainéants" au service d'une pièce de 7,62 cm, çà faisait, au mieux, 4 ou 5 salves, lâchées en autant de minutes!