Obus 88mm flak 1939-1941

Bonjour à tous ,

C'est une question qui peut paraître bête mais les canons de 88 mm flak au début de la guerre utilisés spontanément contre les chars à Abbeville , en Russie , tiraient-ils les mêmes obus explosifs que lors d'un usage antiaérien ou bien des obus perforants étaient déjà en dotation sur la période 1939-1941 dans les unités de la Luftwaffe .

Merci d'avance pour votre réponse
Bien cordialement

[Dog Red]

C'est en réalité une excellente question.

De base, une pièce de Flak n'est pas dotée d'obus perforants, les obus explosifs sont bien plus efficaces contre les cibles aériennes.
Néanmoins, dès lors que les 88 avaient déjà été utilisés en tir tendu, notamment antichar, durant la Guerre civile d'Espagne... on peut raisonnablement se demander si l'expérience avait porté et si des perforants étaient prévus dans la dotation des unités de campagne de la Flak.

Si l'on s'en réfère à NORRIS (Osprey) en Afrique, le 88 a une capacité de percer 99mm de blindage à 2.000m.
Ca semble difficile avec un obus explosif (j'ajouterai, pour revenir en 1940, que des 88 avaient été motorisés dans le but de s'attaquer aux ouvrages de la Ligne Maginot... là encore probablement à coups de perforants... sinon à quoi bon ?).

Loïc CHARPENTIER, notre spécialiste maison, va certainement venir éclaircir et préciser tout cela...

nb les FH.18 de 10,5cm avaient, eux aussi, été utilisés en antichar en 1940.

Merci pour votre réponse, car j'ai déjà vu des gens dire que le simple vélocité d'un obus explosifs était suffisante pour percer un char avec le 88 ...

[Dog Red]

En compulsant l'excellent ouvrage consacré par Loïc à la Pak (et paru cette année), notre ami fait référence aux classiques Panzergranate Rote, 39 et voire 40 de 8,8cm.
Il précise également que si les servants de Flak étaient exercé au tir tendu, le 88 n'était pas envisagé pour le tir antichar, contrairement aux Flak de 2,0 et 3,7cm.

Mais, encore une fois, il va certainement venir apporter moulte détails.

[Dog Red]

Merci pour votre réponse, car j'ai déjà vu des gens dire que le simple vélocité d'un obus explosifs était suffisante pour percer un char avec le 88 ...

Pour moi... un explosif ne perce pas dès lors qu'ils explose au contact.
Cette explosion, non négligeable, peut occasionner des dégâts tels, au char ou surtout à son équipage, que celui-ci soit neutralisé ou contraint à la retraite.
Mais la charge d'un 105 de campagne est forcément bien plus explosive que celle d'un 88 Flak destinée à casser de l'avion.

Les Howitzer US de 105 obtiennent des résultats en tir direct, à faible distance, contre des Panzer durant la bataille des Ardennes... en HE et sans la vélocité du 88.

Ici aussi... Loïc pourra apporter un avis précieux.

Bonjour,

Daniel, idée de boetien, vu les blindages de l'époque et hors "monstre" comme le B1, l'obus classique de flak ne pourrait-il pas suffire ?
Il y avait quand même de trapinelles avec un blindage léger voir très léger.
Loïc est demandé au parloir.
A+
JP

[Dog Red]

Ta réflexion tient la route JP et je ne suis pas familier des cuirasses de 1940.

Il n'empêche... un obus explosif n'a pas de pouvoir perforant mais l'explosion devait faire son lot de dégâts sur ces chars de deuxième génération.

Rappel au passage, les perforants (AP) de 1940 sont de petit calibre (de 25 à 47) et font de jolis petits trous, causes de sales dégâts à l'intérieur du blindé.

[dynamo]

c'est une bonne question.
En 40, les 8,8 cm modèle 18 cassent du B1bis au mont Caubert.
On serait effectivement tenté de penser que c'est pas possible avec un obus explosif.
Les batteries en 1940 avaient déjà, peut être, une dotation de perforants ?

On peut se poser la question d'un explosif à courte distance surtout en 88 ou 90 .Ce sont des 105 en tir direct aux environs de Flavion ................ .Les B1bis ont quasiment tous explosé ..les tourelles ont atterri à 10 mètres de la carcasse

Voui.... c'est à quel sujet ?... Ah, le Acht-Acht en emploi antichar.

Comme l'a indiqué Daniel (Dog Red), le premier modèle de munition antichar avait été la 8.8 cm Panzergranate Rot - rot comme rouge, car le projectile antichar était identifié par un repère rouge -, puis suivra la 8.8 cm Pzgr. 39, plus puissante, mise en service en 39/40, complétée en 1941, avec la 8.8 cm Pzgr.40, munition à noyau de carbure de tungstène.

Les Pzgr. Rot et Pzgr. 39 étaient des obus de rupture, car le corps en acier pénétrant était associé à une charge explosive additionnelle, munie d'une fusée à court délai, destinée à faire plus bobo, quand elle détonait dans l'habitable. La Pzgr.40, elle, ne comportait pas de charge explosive additionnelle.

L'obus antichar de rupture est issu de son cousin l'obus de marine, mis au point à dater des années 1870, pour venir à bout des cuirasses en fer, puis en acier.
Paramètres essentiels:
Une vitesse initiale élevée (600-800-900 m/s) obtenue grâce à une puissante charge propulsive (qui use l'âme du tube!) et un canon à long tube - 45, 50, 56 calibres et plus, selon le calibre (diamètre de l'âme) - conçu pour le tir tendu (élévation faible de la pièce), les pièces de marine tiraient, par exemple, à 12 000-15 000 m avec une élévation de l'ordre de +6°.
Le poids du pélot, qui compliquait, certes, les performances de vitesse, mais assurait une meilleure stabilité du projectile en fonction de la distance.
Le diamètre du pélot, sensé être le plus proche possible de l'épaisseur du blindage à percer.

Un obus antichar de 8,8 cm, sans sa douille, pesait 9,52 kg (rot), 10,20 kg (39), un obus explosif 8,8 cm Sprg, entre 4,5 et 4,9 kg, selon la composition de sa charge explosive.

L'obus explosif était utilisé pour aveugler les trappes de vision du char adverse ou endommager, avec ses éclats, le train de roulement. Selon son calibre et son poids, il pouvait néanmoins faire très bobo à un char. A courte portée, en 1940, un pélot explosif de 10 cm, de par son diamètre, pouvait occasionner de sérieux dégâts à un blindage de 30 mm. Sur le Front Est, le projectile explosif de 152 mm russe (SU et ISU-152) pouvait fumer un StuG (blindage frontal, 80 mm)!

En 1940 et ultérieurement, les obusiers légers de 10,5 cm le FH 18 percevaient une petite dotation d'obus antichars (dérivés du modèle rot) et, dans certains cas, en 1941, des canons s.10 cm K 18 avaient également été engagés, mais pour ces derniers, on retrouvait les mêmes problèmes de poids (4,5 tonnes) et de dimensions que le 8,8 cm Flak 18/36, une pièce antichar étant sensée être "furtive" et facilement dissimulable.

En dépit de la "légende", en 1940, des 8,8 cm Flak engagés en antichar - il y en a eu, mais en de rares occasions -, le gros des destructions est à attribuer aux pièces de 3,7 cm Pak ou 3,7 cm KwK (à bord du Panzer III), de 4,7 cm Pak (t) automotrices et au 7,5 cm KwK L/24, qui armait le Panzer IV et tirait, également, un obus antichar.