De toute manière, quand la Poche de Lorient avait capitulé, en mai 1945, la ville était rasée à plus de 95% et sa population avait été dispersée, depuis un bail par mesure de sécurité dans les campagnes & départements environnants.
Donc, en mai 1945, on ne risquait de rencontrer une traction chargée de FFI, en face d'un café,encore, récemment en activité!
C'est juste un lorientais de naissance qui cause, dont la maison familiale avait fini, comme beaucoup d'autres, en tas de gravats et qui avait découvert, tout gamin, en 1951 (!), les baraquements installés à l'entrée de Larmor-Plage, pour y héberger une partie des familles lorientaises, puis, un peu plus tard, au tout début des années 60, le même type de baraquement, sans eau courante ni électricité, construit autour du centre-ville, alors, en reconstruction.
La ville de Lorient n'était pas la seule dans ce cas, car, en gros, toutes les cités qui avaient "abrité" une base sous-marine allemande avaient eu droit au même traitement! J'ai, aussi, connu La Pallice en 1964/1965, durant mon premier BE marine... Le troquet où nous allions, de temps en temps, nous désaltérer, avait, certes, lui, résisté aux bombardements, mais le reste de la cité n'avait, alors, pas grand-chose à envier à Lorient, d'autant que La Pallice était, elle, d'une tristesse mortelle!
C'était très impressionnant, car, dans les deux cas lorientais, la réalité quotidienne locale n'avait strictement rien à voir avec celle qui existait dans d'autres villes françaises, où, alors, dès les années 50, les citadins réclamaient ou disposaient, déjà, du confort électrique et des salles de bains, à tous les étages, alors que, au même moment, dans les "cités" lorientaises de baraquements en bois, le pot de chambre commun, les lampes à pétrole et les corvées d'eau aux pompes communes et les poêles à bois étaient, eux, de rigueur. Pour mémoire, au Maroc, ou j'ai passé une partie de mon enfance, le Frigidaire était de règle dans l'habitat "colonial"... depuis les années 1940!
Au début des années 60, l'eau était redevenue presque courante dans les baraques lorientaise, l'électricité , aussi, mais les puissances allouées ne permettaient pas, encore, en journée, d'alimenter, en même temps, trois ou quatre fers à repasser, dans une repasserie professionnelle familiale, spécialisée dans les uniformes et cols séparés amidonnés de matafs de tous grades (devinez pourquoi ?
). Début 1960, les fers à repasser plats ou courbes - pour repasser les cols durs séparés!
- continuaient à chauffer sur un poêle à charbon, qui , en hiver, chauffait, certes, conjointement l'atelier mais, en été, même en tenant compte des T° locale clémente, transformait l'atmosphère en véritable fournaise!
De temps en temps, j'ai l'impression de narrer des situations datant de la Guerre de Cent Ans!