Beogles a écrit: Cinq mois de permission ? Il avait déjà fait deux ans de service militaire. Il n'était plus en permission. Mais je pense que vous me faites bien marcher Enfn, je crois qu'avec toutes les interprétations que j'ai reçues, je commence à saisir toutes les nuances du concept de faire des tours de service. Grand merci.
Ton père était, alors, réserviste rappelé sous les drapeaux, cinq mois après avoir achevé son temps de service obligatoire. Pour des militaires de "carrière" un peu bas du bulbe, le retour à la vie civile était, parfois (souvent), considéré comme le royaume des planqués et des faignasses - au tout début des années 70, j'avais encore eu droit à ce type de "discours", de la part de vieux officiers-mariniers supérieurs, qui, eux, n'avaient connu que la vie militaire (depuis 1944, pour certains), quand je n'avais pas donné suite à la seconde proposition de "rempilement"! - .
Historiquement, les militaires ont souvent considéré les civils comme des "planqués", avec une connotation supplémentaire importante de " faiseurs de grève" dans les années 36-39, marquées par le Front Populaire ; sachant que la réciproque était tout aussi vraie, dans le monde civile, vis-à-vis des militaires en temps de paix (ou assimilé). A tout çà, il convient, aussi, à l'époque, de rajouter l'influence des idées d'un PCF puissant, qui voyait en chaque militaire, un suppôt du capitalisme. Ce genre de discours manichéen a perduré, chez nous, bien au delà des années 1970.
Derrière tout çà, il y avait l'idée générale, aussi bien vis-à-vis du conscrit de base que pour le réserviste "gradé", de prétendre vouloir, au sein des unités, leur apprendre la dure réalité de la vie militaire...Scrogneugneu!
Au cours des deux derniers grands conflits mondiaux, par exemple, les officiers dits "de réserve" (donc issus de la conscription ou réservistes rappelés), que ce soit dans l'armée allemande ou française, se voyaient, systématiquement, précisés, " der Reserve" (de la Réserve), dans l'armée allemande, ou CR (Cadre de Réserve) dans l'armée française, de manière à les distinguer des officiers d'active (ou de carrière).
C'est plus compliqué que ce n'est pas simple le contexte militaire. Certaines habitudes ou usages trouvent leur origine dans un passé lointain Avant la Guerre de 1870, toutes les études "sérieuses", menées par les ministères concernés, sur la composition et la compétence du corps des sous-officiers de l'armée française concluaient à l'existence d'un "repère" de planqués peu motivés, chassant, essentiellement l'avantage de la retraite -une rareté, à l'époque- sachant que, en réalité, c'était l'Armée, elle-même, et les lois successives traitant du recrutement et du renouvellement qui avaient généré cette situation. Le conflit franco-prussien avait démontré que ce n'était pas beaucoup mieux, voire pire (!), dans le corps des officiers, mais il existait, au moins, pour ces derniers, une notion d'élite choisie, qui n'était pas de mise pour les sous-officiers, mal payés et très souvent déconsidérés par leur propres hiérarchies, ainsi que par certains auteurs au talent littéraire ravageur (ex: Courteline : Le train de 8H47, etc.)