Bonjour, Daniel,
Je vais essayer de satisfaire ton désir de connaissance.
Ci-après 5 Meldungen, datant de l'automne 1944, établies par 4 s.H.-Pz.Abt. Tiger (501 - 504 - 505 - 509), sur le formulaire réglementaire, et une s.H.-Pz.Jg.Abt. Jagdpanther (654), dont l'état du matériel avait été établi sur "courrier libre"
La 501 était sensée aligner 5 Bergepanther et 13 tracteurs semi-chenillés, classes 8 à 18 tonnes. Elle déclare 1 Bergepanther (en réparation courte), 3 Tiger convertis (à son initiative) en véhicules de dépannage (Bergetiger), dont 1 en réparation, et 7 semi-chenillés, classe non précisée (dont 2 réparations) ! A cette date, les semi-chenillés lourds sont, en général, des Sd.Kfz. 7 (8 t) & Sd.Kfz. 9 (18 t), la production du Sd.Kfz. 8 (12 t), ayant été suspendue au profit du s.WS... qui commence à être distribué aux unités, mais ce n'est rien d'autre qu'un Sd.Kfz. 7 (8 t) "simplifié" et surclassé "classe 10 tonnes", à la louche.
La 504 n'a aucun Bergepanther et possède 9 semi-chenillés classe 8-18 tonnes, dont 1 au garage.
La 505, deux Bergepanther et 16 semi-chenillés ( 2 de plus que le nombre réglementaire).
La 509, 1 Bergepanther, 1 "Bergetiger", tous deux en réparation, et 4 semi-chenillés.
De son côté, la s.Pz.Jg. Abt. 654 ne dispose d'aucun Bergepanther, mais aligne 1 semi-chenillé Sd.Kfz. 9 (18 t), une grue de 6 tonnes sur le même châssis (9/1) et un portique "mobile" de levage de 16 tonnes, qui "traine", alors, du côté de Stiring-Wendel, en Moselle, et qu'elle souhaiterait échanger contre un 9/1 supplémentaire!
Clairement, la capacité de la "force de dépannage" n'avait pas suivi l'accroissement de poids des blindés ; le portique de levage de 16 tonnes, déclaré par la 654, n'avait pas sa place dans une unité de combat, c'était du matériel pour une Werkstatt-Kompanie lourde (compagnie de réparation), qui opérait bien en arrière du front; le portique servait, par exemple, à lever une tourelle de Tiger...sauf que, là, on est avec une unité de Jagdpanther, sans tourelle! Les unités de blindés lourds n'étaient pas, pour autant, restées les deux pieds dans la même godasse... un Tiger, lourdement endommagé, mais, néanmoins, réparable soit par l'unité, soit par les services techniques du secteur, ne retournait pas en usine, mais était "converti", et déclaré en tant que tel, en "Bergetiger" - à l'époque, la production de Tiger I était interrompue depuis avril précédent -. Le Bergepanther, quand il en était équipé (!), disposait d'un treuil
de halage d'une capacité de 40 tonnes - mouflé en trois brins (avec le moufle-qui-va-bien), il permettait de sortir un Tiger d'un fossé sans problème, même si l'emploi de deux Bergepanther était plus sécurisant -; une fois, ramené sur la voie "carrossable" - opération qui n'était pas toujours évidente - un seul Bergepanther pouvait, parfaitement remorquer un Tiger ...si ce n'était pas une route de montagne à 10%!
L'emploi d'autres chars pour tracter un de leur camarade était " officiellement proscrit", pour des raisons de "durée de vie" des moteurs, boites de vitesse, etc., car le conducteur de char n'était pas formé pour le boulot de dépannage ; du coup, il mettait le pied dedans et sollicitait exagérément la mécanique, risquant la casse ; les équipages de dépannage, eux, avaient le pied beaucoup plus léger et connaissaient les techniques pour dégager un char. Avec un semi-chenillé de 18 tonnes de charge remorquée nominale - calculée dans le sable libre et en pente! - on pouvait, à la limite, remorquer un Tiger, sur une courte distance, en terrain plat carrossable, mais, à condition, que le train de chenille du Panzerounet soit en bon état, sinon avec un barbotin coincé ou même des roues de route bloquées, il valait mieux oublier!
Fin 1944, l'In 6 testera le remorquage, en pente, d'un Tiger II, par un Ja-Ti, pour en vérifier la faisabilité.
Le Bergepanzer III , même dépourvu de treuil de halage, mais équipé, systématiquement, à dater de mai 1944, d'Osketten, était un véhicule efficace pour dégager un StuG ou un Panzer IV -, qui sera , pour l'essentiel, affecté dans les H.StuG-Abteilungen -. Il est très probable qu'avec deux, on parvenait à dégager un Panther d'un "mauvais pas", mais, ils n'étaient pas affectés aux unités de Panther... ce qui ne veut pas dire, pour autant, qu'ils ne leur ont, jamais, filé un "coup de main". Néanmoins, de mémoire - il conviendrait que je vérifie -, leur attribution se résumait à un exemplaire par unité de dépannage de StuGe (au sein de la Sturmartillerie).
C'est, aussi, pour les mêmes raisons que tu rencontres, de temps en temps, des caisses de T-34 converties en tracteurs de dépannage; avec eux, tu pouvais, tranquillement, leur fumer le moteur ou la boite de vitesse, tu ne risquais pas les foudres du commandement.