Dog Red a écrit:Les 58 tonnes du Tiger I mettent déjà les moyens en traction à rude épreuve dans les Tiger-Abteilungen mais que penser alors de l'arrivée progressive des Tiger II en pleine bataille de Normandie !
A ta connaissance, l'arrivée en pleine bataille des bestiaux de 69 tonnes (aux bataillons 503 et SS.101 si je n'en oublie pas) est-elle accompagnée de la dotation suffisante en Bergepanzer adaptés ? Sais-tu combien de SdKfz.9 il fallait pour espérer tracter un Tiger II ??
Il n'y a pas bézef d'infos sur les unités indépendantes, comme les
Tiger-Abteilungen, sachant, pourtant, qu'elles ont bénéficié d'un traitement de faveur dans l'exploitation des archives existantes. C'est encore pire pour tout ce qui a trait à leurs équipes de dépannage ou d'entretien, pour lesquelles les infos se résument à quelques chiffres ( dotation théorique, réelle, nombre de véhicules opérationnels, en réparation) qu'on parvient à dénicher, au hasard des
Meldungen et
Kriegsgliederungen datées - avec le système de classement US NARA, çà tient du coup de bol! -.
De fait, les plus belles organisations gravées dans le marbre, une fois soumises à la réalité des combat et de l'environnement, viraient très vite au système "
Demerden Sie sich!"... et, en gros, çà marchait!
En juillet 1944, les
Tiger II étaient en dotation à la
1.Kp./s.Pz.Abt.503. Globalement, l'entretien des
Tiger II , comme celui des
Tiger I, ne posait pas beaucoup plus de problème que celui d'un vulgaire
Panzer IV, contrairement au
Panther, qui, lui, était assez "chiant". Le taux de véhicules réparés et disponibles, par rapport au nombre de chars en dotation dans l'unité, était égal, voire supérieur à celui des
Pz. IV.
Par contre, ces gros bestiaux posaient des problèmes pour le matériel de maintenance (chèvres, grues, portiques) et en moyens de dépannage-remorquage. En théorie, leurs unités étaient sensées avoir un parc de tracteurs semi-chenillés de 18 tonnes et des
Bergepanther, mais, même quand elles avaient perçu leur dotation complète, ce qui était, souvent, rare, ces véhicules, eux-aussi, étaient victimes de pannes ou détruits "au combat". Alors, on s'arrangeait comme on pouvait... en juillet 44, la
3. Kp./Abt. 503 (
Tiger I) avait, vite fait, converti un
Beute Sherman en véhicule de dépannage.
Si tu as eu l'occasion de faire du tourisme dans le bocage normand, tel qu'il existe encore, c'est, souvent, compliqué d'y manœuvrer trois
Sd.Kfz. 9 avec un
Tiger en remorque. Je connais le coin depuis le tout début des années 70 - qui était, déjà, en très gros progrès par rapport aux années 40 ! -; ses petites routes, toutes rikiki, qui zigzaguaient entre deux haies monumentales et quasi impénétrables, constituaient un réseau plus compliqué que le labyrinthe du Minotaure! Même avec une malheureuse R16 ou 504, faire demi-tour, en "rase" campagne, tenait de l'exploit! Y engager du
Tiger et du
Panther était une couennerie monumentale, le
Pz. IV et le
StuG.III (en nombre très insuffisant) étaient mieux adaptés. Cà ne servait à rien d'avoir un canon capable de démolir n'importe quel adversaire à 2000-3000 m, dans un coin où si tu as 300 m de visibilité, en ligne droite, tu fais péter le champagne! Mais, à l'époque, le Front Est était prioritaire, depuis le déclenchement de Bagration, alors on avait joué les pompiers, en Normandie, avec les unités qui se trouvaient en France et en Belgique pour reconstitution.
De toute manière, être bien équipé ou à la "mords-moi-le-zgègue" ne changeait pas grand-chose, quand tu étais contraint de retraiter et que tu ne pouvais plus contre-attaquer pour reprendre, momentanément, le terrain perdu et y récupérer les véhicules immobilisés "réparables".
Il y a, aussi, des petits détails qui compliquaient d'autant le "dépannage" par l'équipage. Un pinpin, en bonne santé, pouvait trimbaler, sans problème, une roue de route de
Pz. III ou
IV et se cogner, en équipe, le démontage et remontage d'un chenille de 40 cm "hors tout", qui les équipaient, même s'il s'agissait d'une opération bouffeuse de temps. Avec un
Tiger I ou
II, ce n'était plus du tout la même chanson. Même s'il s'agissait d'un changement de galet de roulement extérieur - la situation la plus favorable! - , il pesait un âne mort. Quand il fallait démonter le train de roulement, pour accéder à celles de derrière, c'était l'horreur! En plus, le train de chenille faisait 66 cm de large, avec une sombre histoire de demi-maillons! Sans te faire tirer dessus par les copains-d'en-face, tu pouvais y passer la journée! Un barbotin de
Tiger n'était pas "manutentionnable" par un équipage de 5 hommes, sans un chèvre.
Tiens, la tronche d'un
Tiger II, en pleine réparation, dans un "champs de betteraves", en 1944... fort heureusement, il avait été équipé de la chèvre de 2 tonnes et de ses points de fixations, sur le toit de tourelle, à partir de juin 1944. L'équipage a bénéficié de renfort et personne ne chôme... travail sur le moteur, remplacement du canon, des barbotins droit et gauche (vu la tronche des trains de chenilles désaccouplés
).