gherla a écrit:Alcide NITRYK a écrit:Loïc Charpentier a écrit:Comme avait rétorqué Arletty à ses juges..."
Si vous ne vouliez pas que je couche avec un allemand, fallait pas les laisser entrer!".

"J'aurais bien voulu les y voir." François Mitterrand à Georges-Marc Benhamou.
Je ne vois pas bien le rapport, surtout avec un journaliste né après la seconde guerre mondiale.
Une petite explication,s'il vous plait.
Merci.
Amicalement.
Cà me parait assez simple, pourtant. A situation particulière, "nécessités" exceptionnelles...Je m'explique. Fin juin 1940, l'armée française s'étant prise une "déculottée", s'en était suivie une occupation de 4 ans (pour la Zone Nord) par un Occupant pas particulièrement tendre, plus la présence d'un gouvernement de plus en plus collaborationniste, au fil du temps. Au 20 juillet 1940, 1 790 415 soldats français (dont 27 003 officiers) avaient été fait prisonniers, dont l'essentiel ira croupir dans les Stalag jusqu'à la fin du conflit - Nota : à ces chiffres il convient de rajouter les morts (58 829) et les blessés (env. 123 000) durant la campagne (hospitalisés en France), donc, en gros, çà nous fait 2 000 000 d'hommes "jeunes".

Sur une population métropolitaine de 40 000 000 d'âmes, en 1940, en déduisant les femmes, les enfants, les hommes trop âgés pour servir sous les drapeaux, à vue de nez, la population active masculine devait être de l'ordre de 15 millions (toute correction sera la bienvenue!), pour laquelle, les 2 000 000 hommes (prisonniers, morts, blessés) représentent 15%. En résumée, la France était privée de ses forces vives et l'Occupant, en plus, allait la mettre en coupe réglée, en pillant et s'appropriant la plus grande part de ses ressources.
Malgré tout, il fallait continuer de vivre et pour ce faire, rentrer un salaire, pour les employés, et vendre, pour les artisans. Durant ces quatre années, si on fait, volontairement, abstraction des collabos "purs & durs", la population active "collabore", également, à sa manière, le boulanger en vendant ses pains au petit-état major allemand, stationné dans le palatin, le bistrotier en servant des blancs-casse aux biffins, les fonctionnaires, en travaillant pour les services de l’État Français, l'électricien qui s'est fait pistonner pour bosser chez Radio-Paris, le marché noir et le système D deviennent des sports nationaux, etc. Dans une telle situation, rien n'est tout blanc ou tout noir, mais noyé dans un brouillard grisâtre . De plus, tout le monde n'a pas une âme de résistant et, dans un tel contexte, les mauvais côtés de l'âme humaine sont, souvent, exacerbés.
La Libération avait été l'occasion d'une "grande lessive", pas toujours impartiale - quatre ans de rancœur, de jalousie , d’intérêts personnels sordides y ont, aussi , trouvé un exutoire -.
En 1945, on avait collé les ex-miliciens (survivants), qui s'étaient barrés en Allemagne, dans les bagages du gouvernement vichyste, dans des culs-de-basse-fosse. En 1946, on est venu les voir, dans leurs cellule, pour leur laisser le choix entre la prison et l'engagement "volontaire" pour aller combattre en Indo - où il n'était pas question d'expédier des appelés -; certains en sont revenus, décorés de la Légion d'Honneur (véridique!).
Alors, comment juger, impartialement, tout cet aimable "boxon" quotidien, de nos jours ? Curieusement, au fil du temps, moins les "témoins" et "acteurs" de l'époque sont, encore, vivants, plus l'opinion se veut intransigeante et implacable, à propos de faits qu'elle n'a pas connus et dont elle ignore (ou veut ignorer) les tenants et aboutissants, imposés par la situation. Il serait, peut-être, temps de passer à autre chose.