Post Numéro: 3 de Vincent Dupont 03 Sep 2012, 15:41
Bonjour,
Pour compléter la réponse de mon camarade Marc sur la période du début des hostilités, je dirais que le Levant était prêt à poursuivre la guerre. Contrairement à ce que l'on peut penser le Levant n'était pas si isolé, avait une forte armée et était au contact des britanniques en Palestine, ce qui renforce la cohésion du théâtre d'opérations et facilite peut-être en théorie le ralliement à De Gaulle.
Au moment de l'armistice le colonel de Larminat, chef d'EM du Théâtre d'Opérations du Moyen-Orient, poussa son chef, Mittelhauser, à donner des ordres (que Larminat rédigea lui-même) pour que toutes les unités puissent passer en Palestine. Une brigade polonaise fut même totalement rééquipée, pourvue en artillerie, munitions, vivres à foison sur ordre de Larminat, puisque cette unité allait continuer la guerre du coté britannique (les français n'avaient donc aucun droit de les retenir, mais les aider à continuer la guerre, ils n'allaient pas s'en priver). Larminat donna des ordres aux postes frontières de laisser passer tout le monde. Quelques jours plus tard, une fois l'ordre concernant les unités françaises parti, Mittelhauser se ravisa et "chargea" Larminat qui fut mis aux arrêts. Puaux et Mittelhauser se gargarisaient de vouloir continuer la guerre. Le soucis est qu'avec l'arrivée de Weygand et de Pétain, le respect pour les "patrons" de l'armée l'a emporté sur la désobéissance, si légitime soit-elle.
Néanmoins les ordres sont partis et la majorité des unités de Syrie et du Liban se sont mis en branle vers le sud, sans moyen de communication pour les arrêter. Mittelhauser passera plusieurs jours sur les routes à rallier les unités en marche (notamment les chars) pour donner les contre-ordres. Quant à Larminat, grâce à un camarade commandant d'un bataillon de légion il "est évadé" et rejoint les unités qui ont déjà passé la frontière, ce sera l'embryon de la 1ère brigade française libre.
Pour plus de détails sur cette période où le Levant failli passer dans la guerre :
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Chroniques irrévérencieuses du général de Larminat, publiées chez Plon en 1962.
Amicalement
Vincent
"L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l'action même."
Marc Bloch
Fusillé par l'occupant le 16 juin 1944