Post Numéro: 4 de pierma 20 Sep 2018, 19:00
Prosper Vandenbroucke a écrit:
SSMF/TR = Service de Sécurité Militaire en France/Travaux Ruraux
Ce réseau de renseignement aurait été créé en septembre 1940
Je pense que c'est par commodité administrative que le BCRA a rattaché les Travaux Ruraux à la Sécurité Militaire.
Le service des Travaux Ruraux est un service du gouvernement de Vichy, rattaché je crois au ministère de l'agriculture. Il comporte réellement une activité de génie rural qui n'a rien à voir avec la guerre.
Fin 40, il est noyauté et utilisé par le 2e Bureau comme couverture pour faire passer ses officiers dans la clandestinité.
(Le 2e Bureau a repéré l'évolution du régime vers la collaboration et le fait que Laval est un traître. Dès lors il prend toutes les mesures pour faire face à une nazification du régime ou à l'envahissement de la zone libre, en prévoyant de continuer son activité, en lien - entre autres - avec l'intelligence Service.)
Au moment de l'invasion de la zone libre, tout est donc prêt pour que le 2e Bureau continue clandestinement ses activité en France, dans le même temps que la direction des services part s'installer à Alger.
Les officiers du 2e Bureau camouflés en fonctionnaires du service des Travaux Ruraux en France occupée continueront leur travail de renseignement et de contre-espionnage, ainsi qu'un travail d'aide aux réseaux de la résistance, avec entre autres la création de l'ORA (organisation de Résistance de l'Armée, destinée à l'implantation de maquis encadrés par des officiers professionnels.)
Tout cela n'ira pas sans pertes : les réseaux du 2e Bureau sont l'objectif n°1 du SD-Ausland, le service secret nazi (disons la Gestapo, pour simplifier) parce qu'il s'agit de professionnels que les Allemands considèrent à juste titre comme très efficaces dans l'action clandestine. Ces réseaux prenant de l'ampleur, il y aura inévitablement de la casse, quelques catastrophes en chaîne, et pas mal de pertes parmi tous ces officiers et/ou résistants rattachés d'abord au 2e Bureau, qui est ensuite absorbé fin 43 à Alger par le BCRA gaulliste.
Tout cela est raconté en détail par Pierre Nord dans "Mes camarades sont morts". On peut aussi consulter les mémoires du colonel Paillole. (chef de la partie Contre-Espionnage, et donc de fait, des opération d'intoxication à destination des Allemands.)