Beogles a écrit:Bonjour,
J'ai essayé de reconstituer la hierarchie militaire du haut en bas, en mai 1940.
Voici le résultat :
Chef des armées : Général Gamelin, puis Général Weygan
Groupement d'armées : Un général à sa tête.
2e armée : général Huntzinger.
Xe corps d'armées : général Gransard.
Groupement B, artillerie lourde : Lt col. Dourzal
Groupe III : commandant Lioud
8e batterie : un capitaine (Panzani est parti)
2e pièce de la 8e batterie : Maréchal des logis André Ségol
Avez-vous des remarques ?
Je ne comprends pas quelle est la place du régiment dans cette hierarchie. (Mon père était au 185e RALT).
Pouvez-vous me l'expliquer ?
Grand merci,
Bonjour,
Au sein des généraux, il y a une hiérarchie :
Général de Brigade (2 étoiles), pour simplifier une brigade regroupe, au moins, deux régiments.
Général de Division (3 étoiles), la division regroupant, elle, trois, quatre régiments (dont un d'artillerie), plus tout le tintouin qui va avec.
Général de Corps d'Armée (4 étoiles), le corps d'armée regroupant deux ou trois divisions.
Général d'Armée (5 étoiles), l'Armée étant, elle-même, constituée de plusieurs corps d'armée. C'est au sein des 5 étoiles qu'on va chercher le "commandant des armées", en fonction de son ancienneté dans le grade, de l'importance de son piston politique, et, en principe, de ses compétences pour assumer cette lourde charge, car il constitue le fusible de tête de ligne - il suffit de se référer au sort du Généralissime Weygand, après la percée allemande de mai 1940 ou à celui du Général Nivelle, après l'échec de sa coûteuse - en termes de pertes humaines - offensive du printemps 1917.
Passons, maintenant, aux officiers supérieurs :
Colonel (5 galons or), en principe, le "patron" d'un régiment ou d'une unité de dimension comparable.
Lieutenant-colonel ( 5 galons panachés, trois or et deux argent), il est sensé commander une unité dont les effectifs sont inférieurs à ceux d'un régiment (ex : plusieurs bataillons, un groupement d'artillerie (regroupement de plusieurs batterie), etc.
Suivant l'ancienneté dans le grade, la "frontière" entre les rôles décisionnaires des Colonels et Lieutenant-colonels est assez floue. un lieut-co proche de sa promotion au grade supérieur, peut, par exemple, se voir confier le commandement d'un régiment en cours de constitution, quitte à devoir refiler, "à la fin", les clefs du camion à un 5 "pleins" ou se voir promu, lui-aussi, "5 pleins". là, aussi, le "piston" politique peut avoir son influence.
Commandant (4 galons or), premier grade des officiers supérieurs, c'est une peu la "bonne à tout faire" des décisionnaires de base. Au sein de l'Infanterie, il commande un bataillon (Chef de bataillon), de la cavalerie, un escadron (chef d'escadron), de l'artillerie, un groupe de plusieurs batteries (soit panachées, soit de la même classe de calibres).
Après, on passe dans la catégorie des officiers subalternes... Par ordre dégressif, capitaine, lieutenant & sous-lieutenant, sachant que, en gros, il peut y avoir près de dix ans de service d'écart entre un "Pitaine", qui rêve de ses 4 galons, et un "Sous-bite", fraichement sorti d'école. Selon le cas, le commandement d'un capitaine ou d'un lieutenant s'exerce sur une compagnie, une batterie, etc.
Allez, hop, passons à la "piétaille!
A la base, on retrouve les "pimpins" de service, soldat de 2ème et première classe (un chevron en laine rouge), suivis, hiérarchiquement, par les caporaux (deux chevrons rouge) et caporaux-chefs (deux chevrons rouge et un doré ou argenté), l'ensemble constituant la Troupe, dans l'armée de terre. L'avantage est que les caporaux ne sont pas, toujours, astreints aux corvées et les caporaux-chefs, jamais, sauf pour les "commander". Au passage, selon le grade et le temps de service, la solde est un peu plus rondelette. Les promotions entre le pioupiou de base (2ème classe) et caporal-chef s'effectuent à l'ancienneté dans le "grade" , à l'absence quasi-totale de "couenneries" en regard de la discipline, à l'aspect de la coupe de cheveux, au cirage des pompes (au 1er degré!), aux avis des chefs de compagnies, qui, pour cela s'enquièraient , généralement, deux fois l'an, auprès de leurs subordonnés directs, les "sous-officiers".
Pour être sous-officier, dans l'armée de terre, il fallait, d'abord, passer par le "peloton des caporaux-chefs", où ils étaient préparés pour passer "l'exam" qui leur permettait de décrocher les deux chevrons (argent ou or, selon l'arme), y compris quand le cursus scolaire permettait d'envisager d'être sous-officiers. De mémoire, jusqu'en 1939-1940, il n'existait pas d'école de sous-officiers, où on accèdait directement (après un examen ou un cours d'entrée préalable) en venant du "civil " ou du lycée. .. il fallait, d'abord, passer par la Troupe. il faudrait, néanmoins, vérifier les règles de fonctionnement du Prytanée militaire, et ce qu'il advenait de ses pensionnaires, quand ils se vautraient aimablement lors du concours d'admission à Saint-Cyr, mais çà ne concernait que des petites promos, toutes classes confondues, de 400 "loupiots"!
Grade des sous-officiers :
Sergent (deux chevrons or ou argent)
Sergent-chef (trois chevrons)
Adjudant, un fin galon "circulaire", autour de la manche et sur l'épaulette, orné en son centre d'un filet rouge.
Adjudant-chef, idem, mais l'identification visuelle des galons se complique suivant l'arme - au moins, dans la Marine, de mon temps, c'était simple!
.. Et, en haut de l'échelle, le "Major", un truc presque incompréhensible, dont je ne suis même pas certain qu'il existait en 39-40, vu que, un coup, çà vient, le coup d'après, çà disparait!
Les sergents & sergents-chefs sont responsables d'une section, d'une pièce (dans l'artillerie), les adjudants étant, eux, le plus souvent, subordonnés et rattachés à l'état-major de l'unité (compagnie, batterie, etc.) ou affectés au "commandement au quotidien" de petites unités ou services, sous l'autorité direct de l'officier en place;
Pour en revenir à la période de référence, 1938-1940, et en s'intéressant au sort du personnel appelé (donc, non engagé). En 14-18, par exemple, un instituteur sorti de l'Ecole Normal, était d'office versé dans le corps des officiers, en tant qu'aspirant puis sous-lieutenant, après avoir effectué un cours préparatoire de quelques semaines. Si ledit "individu" se révélait réfractaire (passif!) à la structure militaire du corps des officiers, il était, généralement, "balancé" dans les pelotons de caporaux, pour en sortir sergent. Car, à l'époque, le personnel instruit ne courait pas les rues, tandis que les "cabochards" irréductibles, pour raison politique, antimilitariste, objecteurs de conscience (avant la lettre!), etc., eux, finissaient, souvent, comme simple pioupiou, dans des unités disciplinaires. Cà ne rigolait pas trop, en 14-18, ni en 39-40, vis-à-vis des états d'âme personnels, dans l'armée française.
En 1938, le système avait peu évolué. Si le trouffion, en sortie de ses semaines de classe (instruction militaire de base), avait révélé qu'il possédait une instruction scolaire suffisante -à l'époque, le BEPC était, notoirement un plus! - et se pliait correctement à la discipline militaire, on l'expédiait d'office dans les pelotons de caporaux (appelés!), pour qu'il puisse prétendre au grade de sergent... le sous-off (appelé ou engagé) étant l'épine dorsale du fonctionnement militaire!
Vérifie le niveau d'instruction scolaire de ton père.
Maintenant, avec un Bac + 5, tu es, souvent, tout content de servir des hamburgers chez Mac Do, mais, à l'époque, c'était très différent. En 1964, de mon temps, sur un effectif de moins de 140 000 candidats, au Bac Général (Philo, Math Spé, Science Ex), nous étions à peine 60% à le décrocher (y compris les redoublants!). En 2017, 732 700 candidats se sont présentés au Bac, soit 15 100 de plus qu’à la session précédente, avec 87,9% d’admis, la proportion de bacheliers dans une génération atteingnant 79,1% ! Conclusion, le Certificat d'Etudes Primaires a disparu, le BEPC ne vaut plus un pet de lapin depuis les années 60, et, désormais, le "Baccalauréat", non plus... Amen! Avec un Bac X+, maintenant, selon la spécialité, on peut espérer décrocher, dans l'armée française , un poste de sous-officier "contractuel" - forme de CDD à répétitions, sans aucune garantie de pérennité! -, si on ne parvient pas à passer les concours d'entrée des écoles prestigieuses ( Saint-Cyr, Navale, Air et , dans une moindre mesure, Polytechnique, vu que ses élèves, pour l'essentiel, se cassent dans le civil!). O tempora, o mores!