Halte au feu! Cà fait beaucoup de question formulées en même temps!
Si je me réfère au "texte", les pièces (canons de 155 mm Modèle 16), après avoir été sabordées sur site et sur ordre, avaient été abandonnées. Sous toute réserve de texte supplémentaire, le personnel de la batterie n'avait, donc, retraité qu'avec ses seuls véhicules légers, camions et tracteurs ... qui avaient été chargés sur un train - les véhicules sur des wagons-plateaux, la troupe dans des wagons de marchandises (fermés) (hommes, quarante, chevaux en long, huit), les sous-officiers, dans des wagons de 3ème ou 2ème classe, les officiers, dans des wagons de 1ère classe (ou de 2ème classe, si la "SNCF" n'avait rien d'autre sous la main! Cela dit, on trouvait, "assez" facilement, un wagon de 1ère, pour ces messieurs, du temps où il existait trois classes de wagons de voyageurs).
Les priorités de circulation des convois ferroviaires, en temps de guerre, font un peu partie des mystères de la "Seuneuceufeu". Elle était sensée satisfaire aux nombreux ordres et injonctions du Grand-Quartier-Général, qui classait, en priorité N°1, les convois de matériels, de munitions, de renfort, montant "au front", et, en priorité X, les convois d'unités "débandées" refluant vers l'arrière, dans l'optique d'une "future" réorganisation. Dans un tel contexte, ces derniers étaient dirigés sur des voies secondaires et des détours interminables, pour éviter d'entraver la circulation sur les voies, considérées comme "prioritaires" (montée vers le front). En plus, il ne faut pas oublier que les "réfugiés" s'étaient, eux-aussi, accumulés dans les gares et prenaient d'assaut les convois "civils" pour essayer de s'éloigner des zones de combat. Bref, un aimable "boxon", car il fallait que toutes les locomotives de ces convois ferroviaires - pour qui il fallait trouver des wagons! - puissent se ravitailler, à échéance régulière, en eau et en charbon ; ce qui, vu le nombre de convois civils & militaires, devait tenir du casse-tête logistique, car il était, également, indispensable de ravitailler les dépôts de charbons, soit par la route, soit par voie ferrée!
En plus, les équipes de cheminots devaient être relevées, régulièrement, même en tirant sur la ficelle pour leur temps de travail (ce qu'ils ont fait sans râler).
A tout celà, il faut rajouter les destructions de voies ferrées par la Luftwaffe, les chefs de gare qui n'ayant, toujours, pas reçus les ordres relatifs à l'acheminement des convois, s'en tenaient, strictement aux consignes qu'ils avaient reçues... pas d'ordre à votre sujet, vous restez là! J'ai cru "comprendre" que des convois de chars "prioritaires" étaient restés, faute d'ordre réceptionné, coincés en rase-campagne!
La batterie de ton "Pôpa" a, après son périple ferroviaire, été, semble-t-il, rééquipée avec du nouveau matériel, qu'ils avaient récupéré en gare mais qui a leur posé problème, car, apparemment, ce n'était pas le même matériel que celui qu'ils servaient, auparavant (mise en batterie et service de la pièce différents). En principe, la "gestion" opérationnelle du matériel était du ressort de l'encadrement (officiers) des batteries - qui était instruit des différents modèles de pièces en service dans l'artillerie de campagne française - en ce cas précis, les différents modèles existants de 155 mm - et, réglementairement, disposer des manuels réglementaires de manoeuvre, pour "aider" leurs équipes. Mais, d'après ce que j'ai cru comprendre des "extraits", du côté des gradés "à galons dorés horizontaux", l'ambiance était à l'incompétence (coupable) crasse!
En ce qui concerne le “propriétaire à l’armée”, il s'agissait d'un vieux kroumir, sous-officier artilleur engagé, qui, très probablement, ancien de 14-18, considèrait que la pièce et sa mise en œuvre constituaient son domaine privé de compétence (ou d'incompétence, vu de l'autre côté). Ce genre d'individu, assez connu, tant dans le privé qu'au sein de l'armée, a tendance à garder, par devers lui, ses "connaissances" - sentiment de supériorité à la c.. ! -, sans les partager avec les "bleus" et les "réservistes". C'est une attitude lamentable, mais elle continue, néanmoins, à se pérenniser. Dans les années 70-80, elle avait constitué un des éléments (subjectifs) de la mise à la retraite "anticipée" - grassement indemnisée - de nombreux "petits cadres" (chef de bureau, petits chefs de services), incapables de transmettre leur "savoir" à de potentiels successeurs.