Un film va sortir tiré de l’histoire de l’anabase de la colonne Alessandri qui est partie de Hanoï et du Tonkin après le coup de force japonais du 9 mars 1945. J'ai déjà évoqué cette histoire dans le forum et je peux sans aucune prétentions affirmer que je connais bien le sujet. Harcelés par les Japonais qui ont assassinés 800 militaires décapités au sabre, les soldats français lâchés par les Américains ont parfois parcouru un millier de kilomètres dans la jungle pour arriver en Chine. Si la journaliste s'était un tant soit peu penché sur cette retraite, le nom des sous groupements ou du général Alessandri n’est même pas mentionné , elle aurait pu e iter d’écrire des inepties pareilles.Je suis particulièrement indigné.
https://www.liberation.fr/culture/cinem ... YDFGWJJXY/
Indochine, 1945, les Japonais attaquent. Des légionnaires à la solde de l’Etat français, rétamés, alcoolos, toxicos, sans une once d’héroïsme, doivent faire retraite précipitée à la frontière chinoise. La jungle sera l’enfer prévu, la violence élémentaire servira de fil rouge dans un film à ambition hélas (la plaie du cinéma contemporain) «en immersion». C’est le dernier projet que Jacques Perrin a produit avant de mourir – ce qui donne au récit un côté méta touchant, si seulement les Derniers Hommes était demeuré tel qu’il l’avait conçu : l’histoire dure d’une imposture, d’un légionnaire dérobant, pour sauver sa peau, l’identité d’un gradé tué.
La grande tradition du «film de la patrouille perdue» a toujours l’intérêt minimal de faire revenir les morts. Ce sont des films de procession fantomatique, d’hallucinations et d’épuisement. De plus en plus décavée, la troupe est saisie de visions de mort, mais on ne voit pas assez les fantômes parmi eux, seules apparitions suscitant un regard en retour de la part d’êtres dénués sinon de toute de vie propre, du moins de caractérisation.
La patrouille se traîne, litanie de cadavres, de visages hagards émaciés. On sombre dans la folie, le cœur des ténèbres, tout le folklore. La compagnie âpre au clair de lune, virilité crottée en terre hostile, avance au rythme pantelant du scène à scène sans surprise, procession de boue, cadavres échelonnés. C’est marche et crève. Jamais l’expérience formelle n’impressionne. Céline est cité. La lie du monde, de la guerre et des hommes, tout est sollicité de ces breloques de néant, de cette poésie des damnés usée jusqu’à la corde.