Si l'Histoire m'était contée ....

Il n'y a pas d'Histoire neutre.
Une partie du mal actuel vient de ce que l'on raconte l'Histoire à l'aune des problématiques actuelles. France, patrie des Droits de l'Homme, qui n'aurait jamais fautée...
Récemment quelqu'un se déclarait "antiraciste comme son parent Résistant de la région de Pontivy". Hors c'est justement le secteur du Morbihan où les FTP ont massacré la majorité des magrébins du département à la Libération. Certains ont pu faire partie des Légions collaborationnistes, voire opérer comme informateur pour les Allemands, mais le racisme a également joué sa part.
Autrefois on ne connaissait pas forcément beaucoup mieux l'Histoire (surtout par manque de sources et de documents). Aujourd'hui les gens n'en connaissent pas davantage (malgré la documentation à disposition), mais c'est un argumentaire repris à tout propos dans l'actualité (généralement par des ignares en Histoire) pour servir de justification et qui marche d'autant plus quand il est faux ou au moins sans nuance.

[NIALA]

C'est vrai qu'il n'y a pas d'histoire neutre, mais il y a des historiens qui cherchent des documents dans les archives, des archeologues qui cherchent des preuves dans le sol ou les monuments anciens à la recherche de la vérité, ceux là qui sont à la source de l'information, sont le plus souvent honnetes intellectuellement, et décrivent simplement ce qu'ils trouvent, sans préjugé d'aucune sorte, après que d'autres fassent le tri de ce qui les arrangent et un autre problème hélas.

Et puis rien de nouveau.
De tout temps on a "valorisé" l'ennemi pour faire paraitre sa victoire plus belle, plus grande.
Pharaon faisait massacrer un peuple pacifique puis faisait graver dans la pierre qu'il avait affronté les plus féroces guerriers de la terre.
C'est gravé dans la pierre depuis 3 ou 4000 ans mais c'était déjà de la pure propagande.
Il faut toute la nuance d'un historien pour ne pas tomber dans le panneau. Mais est ce que ce n'est pas un art qui s'est perdu ces derniers temps?

J'ai du expliquer à une documentaliste qui mélangeait esclavage et racisme qu'aux USA avant la coupure des liens avec le royaume uni il y avait un certain nombre d'esclaves blancs :des condamnés à mort en Grande Bretagne graciés de la mort par la couronne mais vendus sur le marché aux bénéfices de cette dernière......beaucoup de femmes,des enfants.... Aprés l'indépendance US,les individus ont été vendus en Australie....ça s'est terminé par un scandale en Grande Bretagne un peu avant 1900...Un ancien condamné ,trés vieux était venu rendre visite à son village d'origine après avoir fait fortune... la famille de la victime avait reconnu le condamné et avait porté plainte contre la Couronne qui ne pratiquait plus cet usage depuis 60 ou 70 ans mais qui du réviser la loi oubliée.....

[Dog Red]

Non,certes pas,mais au moins,il existait un "plein emploi"...

Bien évidemment et c'est dans ce sens que j'ai fait référence aux trente glorieuses.

Du temps de ZOLA la grande majorité des Français n'avait pas accès à l'Histoire et encore moins à la culture.
Il fallait trimer dur pour subsister.

Mon papa né à la fin de la guerre, travaillait à 16 ans mais avait un minimum de connaissances historiques et géographiques acquises en primaire.
Mais ne nous leurrons pas. Il avait appris à réciter le roman national belge jalonné d'Ambiorix (notre Vercingétorix made in Tongres), de Godfroid de Bouillon, de duc d'Albe, de 1830 et de Roi chevalier.
Le minimum minimorum de l'époque mais qui lui avait donné un gout pour l'Histoire qu'il développera grâce à la télévision des années 70... notamment de feu "Les dossiers de l'écran" dont il était friand. Était enclanché le processus de "culture générale" évoqué plus haut, alimenté par la curiosité et l'ouverture au monde plus que par les savoirs scolaires (même si ces derniers sont les déclencheurs naturels du premier).
Dans la famille, il était la première génération qui avait "du temps à perdre" à se cultiver.

Quant à la Shoah (qui semble le référentiel absolu de nos médias franco-bleges actuels), nous nous l'étions prise en pleine tronche, en famille, devant la télé encore une fois, avec la série "Holocauste" ou "Au nom de tous les miens" (ou les deux !) diffusée(s) sur TF1 au milieu des années 80. Mais surtout avec le fondamental "Shoah" de LANZMANN dont je n'ai jeté les cassettes VHS il y a moins de dix ans.

Tout ça pour dire que "quand tout va bien à la maison" il est plus facile de s'intéresser à des "futilités" essentielles comme l'Histoire.

Que dire aujourd'hui quand les moyens commencent à manquer pour tout ?
Chômage, familles monoparentales (Sic!) où il est difficile de boucler les fins de mois, budgets de l'éducation régulièrement rabotés.
Si le sondage évoqué en début de fil est méthodologiquement correct, dans l'échantillon des 16-24 ne doit pas manquer une majorité d'ados dont le milieu de vie n'est guère favorable à l'Histoire et à la culture générale.
C'est triste !

Quant à la société, de société de production heureuse d'avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale et désireuse de s'élever, elle est devenue une société de loisir consumériste.
Gagner à tout prix de l'argent pour aussitôt le dépenser à du superflu est la nouvelle religion à la mode, loin de la passion pour les savoirs.

En cela nos 16-24 ne sont pas coupables mais plutôt victimes.

Une analyse basée sur l'expérience personnelle et n'engage donc que moi.

J'apprécie ces derniers échanges sur la façon d'aborder l'écriture de l'histoire et ses errements potentiels.
Ce point précis de compréhension me passionne presque autant que d'établir les faits de la période.
Si l'Histoire m'était contée, ... Les bons contes ne font pas les bons amis de l'histoire.
J'avais cité COCTEAU (sans jamais retrouver la source exacte, avis aux amateurs !) en couverture de mon premier bouquin : "l'histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s'incarne".
JD

[Dog Red]

"l'histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s'incarne".

La formule est magnifique de clairvoyance !
Je la grave !

Voui, mais le problème c'est qu'on ne sait pas d'où c'est tiré ! Donc on "attribue".
Dans la même veine que celle "attribuée" à Napoléon : "l'histoire est un mensonge que personne ne conteste".
JD

Quand j'étais enfant d'abord ,c'était la guerre,je savais que mon père (ma mère et moi)écoutions la BBC sur le poste dissimulé derrière les torchons dans la cuisine,les Allemands voulaient nous détruire à la moindre occasion,j'avais des jouets,des petits soldats qui avaient une histoire..mon père avait constitué un petit réseau dans le village,il avait un copain ancien de 14 qui me montrait ses livres que je dévorais pendant qu'il discutait avec mon père,... tout petit ma mère lisait le journal auquel nous étions abonnés à haute voix et j'écoutais j'avais à peine cinq ans,ma mère m'avait appris à lire en suivant les conseils de la vieille institutrice du village qui disait que les enfants de l'école étaient si grossiers,vicieux et mal élevés que j'étais trop jeune pour y aller....Lors d'une visite l'un de mes cousins mutilé de guerre et instit,m'avait offert des livres de contes,et Robinson Crusoe..A six, sept ans juste après la libération,je lisais les premiers récits de guerre achetés par mon père j'allais à l'école....il y avait aussi les livres sur 14/18 du Paul Chack) et les livres donnés à mon père par son copain Polonais disparu....(tentative de rejoindre la Pologne clandestinement en 1943/44....) Tout avait de l'intérêt pour moi

[coyote]

L'influence souvent bien involontaire du cercle familial joua un rôle indéniable sur un jeune en fin de primaire/début secondaire et ce juste après la SGM.
Perso, avec deux grands pères qui ont combattus en 14/18 dont un, remobilisé en 1940 et un père réfractaire au STO, Les conversations en famille allaient bon train dans les années 50 et les questions fusaient surtout les miennes...
L'intérêt pour l'histoire militaire et civile prenait forme et cela sera suivi de lectures en rapport avec les deux conflits pour essayer d'en savoir plus. Mon père s'intéressant beaucoup à l'histoire , il n'y avait qu'un pas pour tomber dans la marmite ...!