Dans l'esprit des propos d'Alfred, les plus anciens (en âge), sur ce forum, sans pour autant avoir vécu, comme Alfred, la réalité de ces années de guerre, ont tous, plus ou moins, passé leur prime jeunesse "à l'ombre" d'Anciens, père, oncle, grands-parents, etc., qui s'étaient, eux-mêmes, cognés la Der des Ders, la Seconde Guerre Mondiale, voire, parfois les deux! Dans les années 50, ceux de "14-18" n'étaient bien souvent âgés que d'une soixantaine ou une septantaine d'années, ceux de 40-45, une petite quarantaine. En gros, nous avions été élevés dans un environnement familial, qui baignait dans le contexte des deux conflits; c'était, encore le cas, trente ans plus tard, dans les années 80, avec les Anciens de "39-45"... Mon "lardon", né en 1973, ouvrait, alors, de grands yeux, quand son grand-père maternel, lui narrait, en tout petit comité, sa modeste expérience d'ancien Artilleur de la Heer, trimbalé, entre 1942 et 1945, de Narvik - où il s'était gelé les arpions (en vrai, avec amputation à la clé!), à Bastogne, puis jusqu'à Vienne, pour finir par retraiter, puis effectuer sa reddition le 8 mai 1945, à Berchtesgaden! Sans parler du fait, que, comme il trimbalait discrètement dans son froc, ses papiers d'identité française, dans les jours qui avaient suivi sa reddition, on l'avait fourgué dans un train, direction l'Alsace, où, une fois débarqué, tout seul, sur le quai de la gare de son patelin, après avoir retrouvé ce qui restait de sa famille, il était reparti, quelques jours plus tard, réoccupé son poste de travail précédent dans la scierie locale.
C'étaient des "détails" qui marquaient un gamin de 10-12 ans et l’amenaient, souvent, à "son échelle" (!), à essayer de comprendre le contexte! Ce qui était une certaine manière personnelle d'approcher la réalité de l'Histoire, à partir de références familiales.
De nos jours, les "survivants" de ces périodes ne sont plus de ce monde ou étaient, alors, trop jeunes pour y avoir une part active. A ça, on peut rajouter l'éloignement dans le temps desdits conflits, la "Guerre de 14-18" a, désormais, plus d'un siècle d'âge, celle de "39-45", près de 80 ans.
En parallèle, les cours d'histoire, en France, ont discrètement glissé sous le tapis la Guerre d'Indochine et celle d'Algérie, trop sensibles politiquement et considérés comme étant le résultats d'une "légitime décolonisation" de peuples soit-disant "opprimés".
On peut y rajouter, également, une autre conséquence, la disparition, depuis le seconde moitié de la décennie 1990, du Service Militaire Obligatoire. Certes, sur le papier, il ne servait plus à grand-chose, mais il avait, au moins, l'avantage, à la fin de sa pratique, d'immerger, pendant 12 mois, le vulgum pecus, à raison de plusieurs dizaines de milliers d'individus, dans l'environnement général militaire.
Rien de tel, désormais, l'armée française, avec le vent dans le dos, compte, à ce jour, 200 000 "professionnels" engagés volontaires, pour une population de 68 millions d'habitants, et, hormis dans le corps de ses officiers, éprouve les pires difficultés pour "conserver" son personnel (sous-officiers et troupes), en étant contrainte de recruter, chaque année, 15 000 nouvelles recrues, rien que pour sa seule branche "Armée de Terre", sachant que ce n'est pas beaucoup mieux dans l'Armée de l'Air, voire pire dans la Marine, avec ses contraintes spécifiques!
Bref, il existe désormais une véritable dichotomie entre la population française civile et son Armée. Cette fracture a, également, ses répercussions directes ou indirectes sur l'intérêt général de notre " Belle Jeunesse" à l'Histoire de la Nation, dont une très grande partie est liée à son contexte militaire, depuis les Champs Cataloniques, en 451 après JC, jusqu'en 1870 et au-delà, en oubliant, volontairement, César, Vercingétorix, Alesia, Gergovie, en 52 avant JC, que de mon temps, on étudiait en latin, à partir des écrits d'un certain Julius (Cesar) et son récit de la Guerre des Gaules!
Tous ces conflits guerriers, pourtant essentiels pour la construction de la nation française, ne sont plus, de nos jours, que des évènements très lointains et diffus. On peut d'ailleurs y cataloguer, de la même manière, la Guerre de Cent Ans, les guerres de la Renaissance, celles du règne de Louis XIV... et même les campagnes de la Révolution et du Premier Empire. Il y a, déjà, un très gros problème, il n'existe, bien évidemment, pas la moindre photo, ni un quelconque reportage cinématographique (de préférence, colorisé!), or, de nos jours, l'image est devenue un vecteur essentiel!
Si on souhaite, éventuellement, s'intéresser à l'histoire militaire de ces temps reculés, à l'âge de l’acné et de la "masturbation " intensive , il convient de se taper des ouvrages d'histoire, tous, le plus souvent, dénués de toute image! D'où le succès rencontré par certains sites "You Tube" qui, eux, s'efforcent fort bien de "vulgariser" la "Res militarae"!
il existe, ainsi, un réel intérêt à propos des nombreuses batailles auxquelles les armées françaises avaient activement participé, mais, désormais, l'auditoire a besoin d'une relation visuelle...
Exemple : la Bataille de Fontenoy, en 1745...
https://youtu.be/wbXcQJs7dts
https://youtu.be/fhpi_OSRyWg
https://youtu.be/OJN5Ed00OQk
https://youtu.be/0Q61rm1IaXIhttps://you ... Q61rm1IaXI
https://youtu.be/sxKnp0s5vDE
... Bon, certes, après, il convient d'effectuer un nécessaire tri, en se référant aux récits officiels, mais en gros, ces différents "récits" tiennent la route!
D'une certaine manière et pour diverses raisons, l'histoire militaire française a, suivant son ancienneté, tendance à virer, pour une bonne partie de notre jeunesse, dans le domaine "archéologique"... j'exagère, mais à peine! D'autant plus que notre jeune génération de profs d'histoire met , elle-même, surtout l'accent sur le contexte économique et politique de la période de référence, la vulgaire histoire militaire ne faisant plus partie, semble-t-il, de leur formation professorale.
Les études technico-historiques militaires, pointues et fouillées, dans le cadre universitaire, sont désormais du seul domaine de la thèse d'agrégation d'histoire, mais en insistant, bien souvent, sur le seul aspect technique, sans trop insister sur leur évident environnement militaire, de manière, éventuellement, à ne pas trop rebuter la possible frange "antimilitariste" de culture "gauchisante" du jury!