6 juin 1944-6 juin 2023 Souvenons-nous

[NIALA]

Sans compter des horreurs vécues, comme un soldat allemand agonisant les trippes à l'air dans un bosquet, dont mes parents ont été témoins; les batailles des haies (nous habitions à l'époque dans la campagne rouennaise et les haies étaient nombreuses dans la région, chacune servait de cachette à des soldats aussi bien allemands qu'américains, alors les pertes étaient nombreuses.

Alain

Allez, c'est une redite, je me fais plaisir, j'aime tant me souvenir


Ils ont débarqué ! Ils ont débarqué ! C’est le débarquement!!!

J’ai 6 ans et demi, ces paroles sont claironnées dans tout le village, avec prudence toutefois, tout au long de la journée et les jours qui suivent. « On » et les autres, ne parlaient que de ça et pour cause, un événement tant attendu.

Débarquement est alors devenu pour moi un mot magique puisqu’il semble rendre les gens heureux comme s’ils avaient tout à coup reçu un billet entier gagnant de la loterie nationale. Ce mot qui demeure pour moi, sur l’instant, abstrait n’est toutefois pas totalement inconnu de mon intelligence. L’oreille toujours tendue vers ce qui se dit, j’ai déjà entendu prononcer ce mot, maintenant tant adulé, parfois en famille ou dans le village. Avant il se partageait presque sous le manteau et toujours prononcé avec gravité. Aujourd’hui, 6 juin 1944, chacun en parle plus ouvertement. Il est maintenant prononcé avec gourmandise comme déguster une bonne pâtisserie pur beurre avec un bon café, un vrai café, pas un national.

Tous se régalent de ce mot, enfin presque tous, sauf peut-être les hommes de noir vêtus, portant béret, arborant les trois belles couleurs souillées par leur indignité. Ces hommes dangereux, des tueurs, deviennent tout à coup très actifs dans notre département d’Ille et Vilaine. Les troupes ennemies peuvent vaquer tranquillement à leur besogne, les hommes en noir sont là pour garantir leurs arrières et exécuter les basses besognes.

Il se disait également, le plus souvent, « les Américains ont débarqué». A croire que les Américains représentent pour certains et à eux seuls, tous les Alliés réunis. Les Américains, j’en ai entendu parler et même presque vus. Pour moi, ils consacrent leur temps à nous survoler dans le ciel à très haute altitude, très nombreux, laissant derrière leurs avions, que je distingue à peine, de multiples, longues et magnifiques traînées blanches. Leurs passages sont synonymes de bombardement. Bombardement à l’inverse de Débarquement n’est pas un mot magique mais un mot qui me fait peur.

Je connais un peu mieux les Anglais. Je les ai parfois aperçus et de beaucoup plus près. D'ailleurs jusqu’à ce jour, pour ce qui concerne les Alliés, je n’ai entendu parler presque essentiellement que des Anglais. Chacun ici, sur la terre ferme, vantent à quelques exceptions près, la précision de leurs bombardements. Contrairement aux Américains, je distingue bien leurs avions, ils volent souvent très bas si bas qu’un jour, alors que j’étais sur un pont, l’un d’eux est passé à quelques dizaines de mètres au dessus de ma tête. Il mitraillait la voie de chemin de fer que je traversais ou bombardait Pi Park tout à coté, route de Lorient, sans dommage pour nous. Il n’a pas pu ne pas m’apercevoir avec ma maman et d’autres promeneurs, tellement il volait bas. Il participait sans doute aux préparatifs du Débarquement.

Le Débarquement rime en ce jour précis du 6 juin 1944 avec Espoir.

Témoignons notre reconnaissance à ceux qui ont donné leur vie et offert leur courage pour nous rendre notre liberté.

Oui :les Américains c'était le mythe de l'invincibilité..........de la toute puissance...........Les Anglais,moi je n'avais d'eux que le vague souvenir d'une colonne de leurs petits camions qui avaient traversé le village en1940,un s''était arrêté sous les fenêtres de ma chambre,sa benne était pleine de trépieds de mitrailleuses Vickers...Je ne savais pas ce que c'était a l'époque,ils allaient les jeter à la mer...Ils évacuaient par St Malo tout proche.....

Bonjour Alfred,

Félicitations pour tes si précoces souvenirs. En 40 j'avais 2 ans et demi et je n'en ai conservés aucun de notre long exode de Wasquehal, Nord en Bretagne. Tu as pourtant un an de moins que moi

Oui........ce qui est curieux c'est que j'ai conservé en mémoire des séquences comme dans un film avec un centrage lumineux.....Je me revois en train de manger avant d'aller me coucher alors que mon père est encore mobilisé; ;j'ai donc au plus un an et demi....... je vois le soleil couchant,je vois la mer par la fenêtre ouverte et ma mère plaçant sur la table,sur le côté, la photo de mon père........Un rituel.....j'ai aussi un flash qui remonte à sa permission pour Pâques 1940,je suis dans mon petit lit et je joue avec son bracelet plaque d'immatriculation militaire,je suis ébloui par les rayons du soleil tellement ça brille...... Etrange...je me souviens aussi de son arrivée,en Août 1940,démobilisé mais en uniforme......je cours vers lui mais je ne le reconnais pas...depuis le bout du jardin..pourquoi....??? alors que j'ai le souvenir du gros oeillet rouge que je m'apprêtais à couper juste à cet instant en dépit de l'interdiction........