30 août 2022 mort de Gorbatchev

Vous reprendrez bien un peu de pizza !




https://www.francetvinfo.fr/monde/russi ... 35195.html

91 ans est un âge respectable.

Surtout dans un pays dont l'espérance de vie masculine actuelle est de moins de 68 ans.

En Europe occidentale, nous avons une image erronée de GORBATCHEV.
Il y a quelques années, il avait donné une formidable interview d'une paire d'heures.
Il était très amer et expliquait combien son objectif avait été détourné par ses successeurs et n'était pas celui présenté généralement par nos médias.
Pour faire simple, son intention était de faire évoluer l'Union Soviétique vers une espèce de socialisme et pas plus.
Sans totalement renier les fondements de l'URSS et certainement pas basculer dans le libéralisme à l'occidentale.
(Je me demande parfois s'il ne voulait pas évoluer vers ce que la Chine est devenue progressivement au tournant des années 2000).
Il n'empêche, son rôle essentiel dans la fin de la Guerre froide, une forme de partenariat Est Ouest et une forme de libéralisation politique de l'ancien bloc de l'Est sont remarquables !
Quelle marche arrière en Russie ces 20 dernières années !?

En effet j'ai aussi vu cet interview, remarquable. Il dit bien que Boris Eltsine lui a été fatal. Il est est vrai que Gorbi ne souhaitait pas à l'URSS tout ce qu'elle est devenue, à cause ou grâce suivant le parti, à Boris Eltsine mais simplement la faire évoluer en accordant de nouvelles libertés sans pour autant bousculer le fondement du système et surtout pérenniser l'intégralité du bloc Soviétique.

A cette époque, en DDR, j'étais avec des amis anglais qui prêchaient pour Gorbi en distribuant clandestinement des tracts. Pas vu pas pris !
Walter Ulbricht voyait d'un mauvais œil les effets que pourront produire la Glasnost et la Pérestroïka sur la dictature dite prolétarienne de son pays.
A lui aussi cela lui a été fatal et peu s'en sont plaints

Raah, lovely! Une analyse (celle de Pierma) fondée, ainsi que le bref commentaire de Dog Red!

Boris Eltsine était une recrue sciemment choisie par Gorbatchev, quand il avait accédé, en 1985, au poste suprême de Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique. Ils avaient, tous deux, un mois d'écart d'âge!
Quand Eltsine avait commencé à ruer dans les brancards, entre deux ingurgitations intensives de vodka, en 1986-1987, Gorbatchev l'avait volontairement conservé dans sa gouvernance, car, aux yeux de tous, il constituait une "voie progressiste" au sein d'un Politburo sensé prendre le virage souhaité par Gorbatchev.

Il y avait eu, au moins, pour simplifier, trois facteurs essentiels dans la déconfiture de l'URSS et de son régime.

1) La catastrophe de Tchernobyl, en 1986, avait révélé aux dirigeants du monde entier, qu'il y avait un très sérieux problème au plus niveau de l'Etat soviétique - incompétence des hauts cadres en charge de la technologie nucléaire, catastrophiques et mortelles premières interventions pour tenter de juguler "l'accident", lamentables et tardives explications officielles, etc.-.

2) le basculement brutal l'URSS socialiste et communiste dans le supposé "univers démocratique" s'était déroulé plus vite que la musique, "en bordel, couvrez! , et, dès lors, avait totalement débordé les dirigeants russes, y compris Gorbatchev.

3) Le travail de fond d'Eltsine, qui se la jouait proche du "Peuple" en multipliant ses contacts avec le susdit, mais, en réalité, louchait, depuis un bail, sur le fauteuil de Gorbatchev. En 1991, alors que la Biélorussie et l'Ukraine négociaient leur "indépendance", quand les dirigeants ukrainiens avaient demandé quoi faire de la Crimée, que leur avait "aimablement" fourgué Nikita Khrouchtchev, en 1955, pour calmer le jeu avec les minorités séparatistes ukrainiennes, intentionnellement encouragées du temps de la longue occupation allemande, mais que Staline avait durement réprimées! ... Eltsine s'était marré, en répondant... Vous en faites ce que vous voulez, du moment que çà fait ch... Gorbatschev! . C'est véridique et avéré!... Sauf que, trente ans plus tard, c'est devenu, entre autres, l'objet d'un conflit ouvert et meurtrier!

Même si l'URSS et le régime étaient déjà très malades, quand, en 1985, Gorbatschev avait accédé à la fonction suprême, le peuple russe ne lui a jamais pardonné son "statut" mondiale de puissance déchue, qui avait suivi sa supposée "Perestroïka", débordée de toute part, et contrainte, dès lors, de devoir faire appel aux subsides occidentaux ( USA, Europe, etc.).

C'est là, qu'apparait Vladimir Poutine, qui faisait partie des "bagages" d'Eltsine (!), mais qui a su - que l'on soit d'accord ou non sur sa "méthode" - restaurer l'honneur et la fierté de la Russie.

Il y a un gros détail qu'on oublie... durant la décennie 1990-2000, la nouvelle Fédération de Russie avait été traitée par dessus la jambe, par les nations occidentales et, plus particulièrement, les États-Unis, qui n'y avaient vu qu'une opportunité pour pouvoir étendre leur "domination" commerciale et, accessoirement, militaire, par le biais de 'l'instrument" OTAN. Rappelez-vous, on se gaussait à l'envie, en découvrant sur le Oueb naissant, les photos de vieux soums nucléaires soviétiques en train de pourrir à quai, dans les mouillages polaires russes!

Les Russes, y compris à l'arrivée au pouvoir de Poutine, n'avaient cessé, depuis 1991, de tendre la main à leurs "anciens adversaires" du temps de la "Guerre Froide", mais personne, et, encore une fois et surtout, les Américains, ne la lui avaient pas sérieusement serrée! C'était le pied complet, car, grâce aux oligarques véreux, qui avaient mis la main, sur les entreprises d'Etat pour une insignifiante poignée de roubles, on bénéficiait, dès lors, à moindre coût, des immenses ressources naturelles de la Russie, notamment les céréales, le gaz et le pétrole... Tiens, çà ne vous évoque rien ?

Dans un domaine différent et actuel, l'Europe, les States et le Canada ont empilé, depuis fin février, les sanctions économiques à l'encontre de la Russie, sauf que cette dernière pète de santé financière, par le seul biais des augmentations des marchés de matières premières, dispose, hormis le "blocus" des "28 pays" occidentaux, d'une très large clientèle mondiale, etc. !
Du coup, l'hiver venu, la fourmi européenne risque fort de se retrouver dans le rôle de la cigale - en France, coup de bol, la facture sera moins salée! - et va se prendre dans la tronche, avec élan, les conséquences non calculées de son wagon de "sanctions"!

91 ans est un âge respectable.

Surtout dans un pays dont l'espérance de vie masculine actuelle est de moins de 68 ans.

Oui j'ai signalé que le KGB avait constaté (avant de tenter l'expérience Gorbatchev) que l'espérance de vie baissait en Union Soviétique - une exception très surprenante parmi les pays développés - mais ça ne s'est pas arrangé pendant l'anarchie qui a accompagné la décennie Eltsine :

L'espérance de vie est inférieure à la moyenne européenne pour les femmes (75 ans) mais l'est surtout pour les hommes : pour ceux-ci, l'âge moyen au décès est de 63 ans (inférieur de 9 ans à la moyenne européenne et de 14 ans à la moyenne française) . L'espérance de vie a connu une chute dramatique pendant la période de chaos politique et économique des années 1990, à la suite de la disparition de l'Union soviétique. Cela s'explique par divers facteurs : l'alcoolisme de masse, le suicide, un système de santé déficient qui ne réussit pas à stopper le développement rapide du SIDA et la tuberculose. Ainsi, la Russie a connu pendant la crise de la période de transition quatre fois plus de morts violentes que les États-Unis : en effet, elle se classait à l'époque au deuxième rang mondial pour les homicides (28,4 pour 100 000 habitants en 200043) et troisième pour les suicides (38,4 pour 100 000 habitants en 200244)

Tous ces problèmes existaient déjà à l'époque communiste, mais ils se sont aggravés pendant la "décennie noire".

Le système de santé ne doit pas être un point fort aujourd'hui, mais pendant la période Eltsine il valait mieux payer les médecins et les chirurgiens qui s'occupaient de vous : on ne leur versait qu'un salaire de misère.

Déjà longtemps avant Gorbatchev le système des bakchichs pour les médecins se pratiquait déjà - parce que l'état les payait très mal - mais pendant ces années là l'état n'arrivait à faire rentrer les impôts. (Les fonctionnaires et les retraites n'étaient payés qu'à moitié et toujours en retard. Je pense que la misère des retraités doit compter pour beaucoup dans le taux de suicide de ces années là.)

[frontovik 14]

La mort de Mikhail Gorbatchev illustre un fait, la créature a échappé à son créateur, ou il n'a pu maitriser le processus qu'il a initié.
Il faut remonter au début des années 80 et la doctrine Reagan, puis la mise en place de la Guerre Fraiche: adopter une politique agressive vis à vis de l'URSS, en particulier au moyen de la course aux armements. L'URSS s'y est lancée, épuisant ses ressources et son économie. Les pénuries, récurrentes dans les années 60 et 70 s'aggravèrent dans les années 80. Les biens de consommation manquaient de plus en plus dans un pays qui privilégiait l'industrie lourde et l'armement. Situation économique que la catastrophe de Tchernobyl n'a pas arrangée...
En fait Gorbatchev voulait mener quelques réformes politiques et culturelles mais sans remettre en cause fondamentalement la prééminence du PC, ce qui rappelle un peu la politique de déstalinisation menée par Khrouchtchev. Idem dans le domaine économique. A l'extérieur il signa les accords de Washington en 1987 qui pour la première fois permettaient aux deux adversaires de contrôler mutuellement le démantèlement des armes nucléaires.
En 1989 il ne put, ou ne voulut réprimer les contestations dans les pays du glacis communiste, puis les proclamations d'indépendance des Républiques soviétiques. Il aurait pu envoyer les chars écraser les Polonais, les Hongrois, les Baltes ou les Ouzbeks. Ce qui aurait été fait dans les années 50 voire 60 (Berlin, Budapest, Prague...) mais le temps n'était plus aux massacres...
Les années 90, années de libération démocratique, les premières depuis l'élection de la douma constituante de novembre 1917, vite dissoute par les Bolchéviks en janvier 1918, s'accompagnèrent d'une privatisation sauvage de l'économie avec ses terribles conséquences sociales. Nombre de retraités se retrouvèrent dans la misère, des babouchkas revendaient les médailles et souvenirs militaires de leur défunt mari pour survivre. Les fonctionnaires peu ou pas payés, un système médical, éducatif, culturel en ruine. Pour nombre de Russes c'est l'héritage de Gorbatchev, d'ailleurs en discutant avec des "ex soviétiques" d'un certain âge et ayant exercé des professions intellectuelles j'ai compris quel était leur ressentiment.
En général, démocratie et misère ne font pas bon ménage...
Depuis 2000 Poutine veut refaire de l'URSS une puissance forte, crainte, et assurer un développement économique et social un peu moins inégalitaire. Par contre, de là à affirmer que l'économie russe est florissante, j'ai bien peur qu'elle ne s'effondre à plus ou moyen terme. Une économie de rente n'a jamais assuré le développement pérenne d'un Etat, le faible taux d'endettement signifie surtout que le pays n'inspire pas confiance aux prêteurs. Les pénuries, cachées se multiplient, surtout celles de composants électroniques, indispensables aux industries automobile, armement, haute technologie...

Certainement un grand homme courageux, probablement dépassé dans l'application de ses réformes et devenu un fusible dans un groupe d'états corrompus.
La paix mondiale semblait être devenue la norme jusqu'à ce que l'on constate que les digues avaient craqué et que nombre de savants-techniciens s'expatrient pour des pays ayant besoin de leurs connaissances.
Trente ans plus tard que reste-t'il ???
RIP

[Patrick.Fleuridas]

Bonjour à tous,

Le fait le plus marquant pour moi est la chute du mur. Nous vivions à l'époque en Allemagne au sein des Forces Françaises en Allemagne. Je me souviens d'avoir suivi la TV allemande qui diffusait en direct les images de cet évènement extraordinaire. Mon épouse travaillait à l'époque à l'Etat-Major des FFA, et la grande crainte était une reprise en main des choses, comme en 1953. Les services français étaient en alerte. Et, rien ! pas de mouvements de troupes soviétiques, pas d'escalade. Je me souviens de ce chauffeur Est-allemand qui vient de traverser le poste frontière. Le journaliste lui demande ce qu'il va faire à Berlin-Ouest. Sa réponse: " acheter des bananes et retourner chez moi !"
Patrick

[Dog Red]

"Gorby" comme on l'a alors surnommé chez nous voulait-il la chute du mur ?
Je me pose la question.

Ses réformes dans le sens d'une meilleure économie profitable au peuple plutôt qu'à la seule Armée rouge et d'un peu plus de liberté d'expression devaient, il me semble, servir de soupape pour éviter justement l'implosion du système soviétique. Ces réformes (surtout économique) ont échoué et enclanché une chute de dominos.
Le mur de Berlin me semble un de ces dominos.

GORBATCHEV a eu l'intelligence de ne pas intervenir militairement à Berlin et lâcher HONECKER, réprimer la population est-allemande aurait été contreproductif.
Capitaliser à l'étranger sur cette "ouverture à l'Ouest" était le scénario le moins pire. Il n'empêche, 2 ans plus tard GORBATCHEV disparaissait avec l'URSS.

[frontovik 14]

Outre la chute du mur de Berlin, l'autre image forte que je retiens c'est la conclusion du discours de Gorbatchev annonçant qu'il met fin à ses fonctions de dirigeant de l'URSS, puisque celle-ci a disparu. A la fin, sur le Kremlin, le drapeau soviétique est amené, et remplacé par celui de la Russie. La fin d'un empire.