pili a écrit:A la fin de 1799, les comploteurs du coup d'état de Brumaire ...
Alors, à ce sujet...
Depuis le 9 Thermidor (comme le homard) An II (27 juillet 1794), le Comité de Salut Public a été écarté du pouvoir. Après une épuration relativement modérée – 117 condamnations à la guillotine -, les Thermidoriens promulguent une nouvelle constitution pour la République Française – la Constitution de l’An III -. Les organes exécutifs et législatifs sont répartis entre deux chambres, le Conseil des Cinq-Cents, le Conseil des Anciens, et le Directoire, qui est constitué de cinq Directeurs, dont dépendent exclusivement les Ministres.
Comme son nom l’indique, le Conseils des Cinq-Cents comporte 500 membres de plus de 30 ans d’âge, élus au suffrage censitaire (seuls, les citoyens qui s’acquittent de l’impôt ont le droit de vote, soit environ 30 000 électeurs). Il est renouvelable, tous les ans, par tiers, est chargé de l’élaboration des lois et de voter les résolutions qui sont soumises, après, à l’approbation du Conseil des Anciens.
Le Conseils des Anciens comporte, lui, 250 membres de 40 ans d’âge minimum, également renouvelables par tiers annuel. Il partage le pouvoir exécutif avec le Directoire et participe avec le Conseil des Cinq-Cents au vote des lois mais ne les discutent pas.
Le Directoire est un collège de 5 Directeurs, âge minimum de 40 ans, dont la présidence est tournante tous les trois mois. Cela dit, cette présidence n’offre aucune prépondérance décisionnaire. Tous les ans, un des membres du collège est renouvelé. Là, il y a une astuce ! C’est le Conseil des Cinq-cents qui établit une liste de 50 candidats Directeurs, transmise aux Anciens. Ces derniers ne retiennent, au final, que cinq de ces candidats dont un seul succèdera au membre sortant (lui-même non rééligible). Ces dispositions présentent une faille. Sous réserve de disposer d’une majorité des 2/3, il suffit de présenter une liste de 45 glands parfaitement anonymes et insignifiants, de lui rajouter cinq personnages bien ciblés, et, comme le Conseil des Anciens n’a pas les moyens de refuser la liste, on est sûr d’avoir un homme de son sérail chez les Directeurs et d’en modifier la politique, sauf si les Anciens, méfiants, se mettent en tête de choisir un des 45 blaireaux !
Les concepteurs de la Constitution de l’An III avaient une trouille bleue d’un éventuel coup d’état et avaient si bien bordé et verrouillé ladite constitution, que, seul, un coup d’état pouvait en permettre la révision la plus anodine!
Conséquence, la première fois, c'est le Directoire lui-même, qui fomentera son "coup d'état" !
Comme les élections du 9 avril 1797 (20 germinal, an 5) avait avantagé les
Clichystes ( pour l'essentiel, des sous-marins royalistes plus ou moins discrets), avec une majorité royaliste des deux tiers, lorsque la nouvelle cession parlementaire débute le 1er Prairial (20 mai 1797), çà avait commencé à sérieusement coincer, car çà puait grave, sous une forme apparemment légale, les préparatifs de la prise de pouvoir, au sein du Directoire, par la faction royaliste - il y a plein de preuves qui le confirment -.
Le mois d’aout 1797 voit s’accroitre les tensions de part et d’autre et le spectre de la guerre civile plane. Le Directoire ne peut différer plus longtemps la signature des lois votées par le Parlement et notamment celle instituant la Garde Nationale, qui offre, sur un plateau, une armée aux Clichyste. Les Cinq-Cents viennent de suspendre un projet de mise en accusation du Directoire mais pour combien de temps ?
D'où le "coup d'état" du 18 fructidor An 5 (4 septembre 1797), "fomenté" par trois des cinq Directeurs (Barras, l'organisateur, Larévellière et Reubell). Cà se déroule sans bain de sang. A 18 heures, ce même jour, à l'Odéon et à la Faculté de Médecine, avec un quorum atteint de 126 représentants pour les Anciens et 251 pour les Cinq-Cents, une commission de 5 membres, désignés par les Cinq-Cents, déclare que la conspiration royaliste est avérée et, que, en l’occurrence, les membres du Directoire ont sagement agi! Les élections sont cassées dans 48 départements, leurs députés exclus de la fonction législative et les fonctionnaires, nommés par leurs soins, révoqués. Une liste des factieux est établie pour une déportation immédiate en Guyane. Fin du premier épisode!... qui, en réalité, est beaucoup "touffu" et croustillant, mais bon!
Il y a un truc qu'on avait quelque peu oublié dans la joie d'avoir empêché une prise de pouvoir des royalistes, c'est la fameuse Constitution de l'An III, car elle ne subira aucun amendement et restera telle qu'elle était avant!
... Du coup, le 18 Brumaire An 8 (9 novembre 1799), çà avait été "
bis repetita", ou second épisode... par nécessité et pour les mêmes raisons d'impossibilité de révision, avant neuf ans, que précédemment!
. Certes, Lucien Bonaparte était, alors, Président du Conseil des Cinq Cents, certes, son frangin, Napoleone, était dans le coup - de retour d'Egypte depuis le 8 octobre 1799 -, mais c'est Seyes, un des Directeurs, avec la bénédictions de deux de ses pairs, Barras (one more time!) et Ducos, qui l'avait organisé! Au passage, on notera, également, que Napoléon Bonaparte n'avait, alors, pas, non plus, l'âge requis (40 ans) pour être nommé Directeur!