Forum Le Monde en Guerre

Churchill a une préoccupation persistante : que va devenir l'Europe une fois les "boys" rembarqués ?

A l'époque on se souciait beaucoup d'une renaissante militaire agressive de l'Allemagne, mais le constat de l'état de destruction de l'Allemagne écartait cette hypothèse pour longtemps.

En revanche Churchill avait "pesé" Staline et mesuré l'importance d'un contrepoids. Pour cette raison et pour d'autres, et malgré ses heurts avec De Gaulle, Churchill tenait à voir la France retrouver son rôle de grande puissance, allié naturel sur le continent, et agissait en conséquence.

"Il a été décidé qu'une zone de l'Allemagne serait allouée à la France pour être occupée par les forces françaises. Cette zone serait prélevée sur les zones britannique et américaine et son étendue serait fixée par les Britanniques et les Américains, en accord avec le Gouvernement provisoire français"

Voilà un pays qui depuis des siècles était l'un des plus puissants, sinon le plus puissant d'Europe, dont la culture était appréciée partout dans le monde, et un des vainqueurs de la Grande guerre, qui, en trois semaines, se fait carrément ratiboiser par l'Allemagne et en est réduit à accepter à l'issue d'un conflit gagné non par lui (restons objectifs) mais par une coalition, que le Royaume-Uni lui "octroie" (quelle honte…) un bout de terrain à occuper en Allemagne...

Un pays peut être grand de trois façons : culturellement, économiquement, militairement. L'Allemagne, je la connais fort bien, possède ces trois grandeurs. C'est un phare culturel éminent, son économie est florissante grâce à la qualité de ses politiciens et la valeur de ses hommes. C'est elle, sans conteste, le moteur (et le chef ?) de l'Europe. Elle pourrait recouvrer à tout moment sa grandeur militaire, il suffirait que l'occasion s'en présente, quelque part dans le monde. Et, hélas, trois fois hélas, dans les familles et dans les bistrots, on rigole de la France, malgré "sa" zone d'occupation.

Depuis la défaite de 40 je ne vois plus de vraie grandeur à la France. Certes elle n'est pas la seule dans ce cas... Mais la gloire de son passé s'éloigne. Avant la fin du siècle la France, si elle ne se ressaisit pas, entrera de son vivant dans les oubliettes de l'histoire, et cela uniquement par le fait de la débâcle de 40.

Barca vous mélangez la situation d'après-guerre avec votre appréciation de la situation actuelle de l'Allemagne.
En 1945 l'Allemagne était une nation détruite et clochardisée, où seules les campagnes et les petites villes épargnées ont permis de passer, et pas dans la joie, les terribles années jusqu'à 1948, 1ère année du renouveau. (Où malgré tout 1/3 du budget de la nouvelle République fédérale était encore consacré au logement et à la nourriture des réfugiés.)

Vaste question...
Il ne faut pas oublier que de 1940 à fin 1942 grosso modo, la France c'était plutôt Vichy que Londres et la France Libre. Que De Gaulle a fait des pieds et des mains pour assurer une petite place à la table des vainqueurs. Par contre, attribuer une zone d'occupation permettait à un pays limitrophe, le nôtre de mieux surveiller l'Allemagne vaincue. les Boys risquaient fort de retourner outre Atlantique, et les Brit de retraverser la Manche pour la plupart. Le miracle c'était plutôt de lui donner un siège de permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Pour rester dans le HS, l'Allemagne ne dispose pas de tous les critères de la puissance, il lui manque le politique (siège permanent à l'ONU, organisation de grandes conférences, implication diplomatique dans la résolution de conflits, nombres d'ambassades...), et culturellement, la langue teutonne ne cesse de perdre des pratiquants, concurrencée par l'espagnol, le chinois mandarin, et bientôt l'hindi ou l'arabe. Malheureusement, la Seconde guerre mondiale a définitivement ôté toute illusion de la France, désormais elle ne serait plus qu'une grande puissance, et c'est pourquoi elle reçut miraculeusement une zone d'occupation. Et encore, c'est surtout afin de mieux tenir tête à l'URSS, créant un rapport de 3 contre 1 plutôt que 2 contre 1. Idem au Conseil de Sécurité de l'ONU ( 4/1 puis 3/2). Quand à ce qui se passe aujourd'hui, nous sommes devenus une puissance moyenne, en rapport avec notre population et notre superficie. Inutile de se lamenter, vaut mieux s'adapter. les BRICS déboulent à grands pas, e d'autres encore émergent, comme la Turquie, l'Indonésie, le Mexique, le Nigéria... Il fallait être bien naif pour imaginer que les Chinois resteraient éternellement une nation misérable et arriérée. Les 1, 375 milliards poussent à la porte, suivis par les Indiens, à peu près aussi nombreux. Là aussi le temps de mère Thérésa et des miséreux dans les rues c'est (de plus en plus) du passé.

Pour en revenir à la zone d'occupation française en Allemagne, tiens, je me demande si ce fut une bonne ou une mauvaise affaire...

Je pense quant à moi que Churchill avait besoin d’un allié pour contrebalancer l’hégémonie US car Roosevelt était anti-colonaliste et que la Grande-Bretagne et la France avaient un empire colonial en commun.

Ps, il ne faut pas oublier le cas de l’Autriche.

Pour le cas de l'Autriche, il faut lire les écrits de Bethouard, général du 1er corps d'Armée de la 1ère Armée de De Lattre qui fut à la tête des troupes qui occupèrent une partie de l'Autriche. Il est d'ailleurs à l'origine du Lycée français de Vienne.
En particulier :
Cinq Années d'espérance ; mémoires de guerre (1939-1945), Paris, Plon, 1968 ;
La Bataille pour l'Autriche, Presses de la cité, 1965.

alfa1965 a écrit:Je pense quant à moi que Churchill avait besoin d’un allié pour contrebalancer l’hégémonie US car Roosevelt était anti-colonaliste et que la Grande-Bretagne et la France avaient un empire colonial en commun.

Il doit y avoir communion d'intérêt à ce niveau mais plus encore, CHURCHILL joue de la politique classique anglaise de l'équilibre des puissances sur le continent.
A la puissance continentale soviétique doit au moins répondre la puissance continentale française.
Solution par défaut tant l'URSS et les Etats-Unis sont devenus des géants au regard des standards d'avant-guerre.

80 ans plus tard, les puissances coloniales (de la vieille Europe donc) sont devenues des puissances régionales, guère plus.
L'absence d'Europe politique se paie ! Et va seulement commencer à se payer...

Le colonialisme à certainement joué un rôle, mais à mon avis, il s'agissait, avant toute chose, de créer un rempart vis à vis du communisme. La "guerre froide" n'était pas loin.

pierma a écrit:Churchill a une préoccupation persistante : que va devenir l'Europe une fois les "boys" rembarqués ?

les boys M***e sont toujours la