Après deux pages d'avis explicites, je n'ai plus grand-chose à rajouter, sauf que cette aimable proposition présidentielle n'est d'aucune utilité militaire! En ce qui concerne son possible rôle civil, je n'ai pas les compétences nécessaires pour juger de son bien-fondé.
Sans me considérer comme un vrai "militaire de carrière", j'ai été, néanmoins, très éloigné du statut d'appelé, car, du temps ou le service militaire "obligatoire" était de 15 mois, (18 mois, au début) j''ai passé l'équivalent de plis de 7 services militaires d'affilé, dans la Royale, au fil de mes engagements et réengagements volontaires successifs; ces derniers étaient exigés en sortie de cours de promotion de la spécialité , pour garantir, au minimum, deux ans de service après la formation (ne serait-ce que pour en couvrir les frais!)-.
A l'époque - Put..., çà ne me me rajeunit pas! - le "conscrit appelé" était largement minoritaire dans l'équipage (matelots & quartiers-maitres), quasi- inexistant chez les officiers-mariniers ( moins de 1%), et rares chez les officiers (EOR). De fait, le gros du contingent appelé était constitué des "inscrits maritimes" , notamment, ceux issus des populations iliennes d'Outre-Mer (Antilles, Réunion, Tahiti). A l'époque, l'intention première, parfaitement méritoire, était de les intégrer dans la structure nationale française, en effaçant toute intention de discrimination "raciale" ou particularisme territorial. En réalité, dans la Marine, en raison de la longueur des cours de spécialisation, adaptés à une population d'engagés de trois ans ou plus, qui fluctuait entre 6 mois et près de deux ans, et le niveau moyen d'instruction scolaire de ces "braves garçons", ils finissaient, quasiment, tous, comme aides aux cuisines ou à l’hôtellerie du carré des officiers, pour le temps de leur service militaire. Ils étaient, tous, d'aimables compagnons de chambrée, qui partageaient, sans problème, les (nombreux) envois familiaux de rhum avec les copains, même s'il fallait juste se méfier du tahitien, qui virait vite agressif, après deux malheureuses bières, et devenait, souvent, dangereux, de par sa conformité physique... 100 kilo ou plus, avec élan, çà peut faire très bobo!
. Ce particularisme tahitien mis à part, c'était des compagnons exemplaires, sauf que, pour la plupart, ils s'étiolaient - c'est un aimable euphémisme! - loin de leur terre natale! Quand ils avaient la chance d'être plusieurs, dans la même affectation, ils parvenaient à se soutenir moralement, mais isolés, çà pouvait vite virer à la neurasthénie aggravée. L'intention législative était fondée, ses résultats, beaucoup moins.
Ayant appartenu à une arme professionnelle, par excellence, je n'ai jamais cru aux "'bienfaits" du service de l'appelé, qui, quelque soient ses compétences, n'avait qu'une chose en tête... se casser vite fait de l'Armée!
A noter, néanmoins, une attitude différente, en fonction de l'époque. De mon temps, on expédiait au trou, un engagé, désormais, on le vire! Mais quand on est amené, de nos jours, à devoir renouveler, chaque année, 15 % de ses effectifs, çà s'explique. Quand je m'étais engagé dans la Royale, il suffisait de se pencher pour récupérer un job sympa, bien mieux rémunéré, dans le "civil". De nos jours, c'est l'inverse, car beaucoup n'y voient, souvent, qu'une opportunité pour acquérir un métier et une "assurance" salaire, durant la formation; l'armée, tous corps confondus, s'est, ainsi, découverte une nouvelle activité, celle d'un cabinet de recrutement en CDD et d'employeur avec "périodes d'essais". prolongées
Je vais prendre un exemple. De mon temps, les "postulants" pour la spécialité de pilote (officiers navalais, mis à part) - qui, de toute manière, avaient signé pour cinq ans "minimum", soit effectuaient la totalité de leur cours de deux ans, avec succès - pour sortir, au final, officier-marinier pilote -, suivi des spécialisations complémentaires (hélico, certificat appontage, etc.), soit, durant ledit cours, selon leurs résultats, étaient "orientés",
d'office, sur d'autres spécialités de personnel naviguant "aéro" ou, parfois, autres. Désormais, on leur laisse le choix, après quelques semaines, entre un reclassement de spé, rarement aérienne, ou la porte! Il n'y a plus besoin de s'enquiquiner, car il y a plus de postulants que de postes disponibles!