Hello ,
Je partage tout a fait vos positions :
- que cela concerne tous les ministères et finalement assez peu l'armée
- qu'il faut des missions clairement définies , avec un encadrement prévu , des structures prévues ( et donc un financement conséquent )
- que cela soit gagnant/gagnant pour toutes les parties : que les jeunes soient fiers ou contents de leur action pendant quelques mois
- que cela n'interfere pas drastiquement dans les parcours scolaires ( par exemple seulement 3 mois et a proximité du domicile pour ceux qui suivent des études longues , a effectuer durant l'été , ou un report à la fin des études )
- qu'il y ait obtention , pourquoi pas , de certificats d'aptitude/de capacités ( par exemple capacité de conduire un chariot élévateur ) , éventuellement permis de conduire - mais pas le donner pour autant - , brevet de secouriste etc
- peut être prévoir un temps partagé entre une mission quelque part et une instruction en groupe ailleurs dans laquelle on pourrait faire passer des messages sur le civisme , l'accidentologie , et que sais je encore ...
- défrayer bien entendu les frais de transport et autres, mais aussi apporter une petite paye au jeune, que l'on pourrait conditionner par l'assiduité par exemple : cela motiverai un peu plus
Pour poursuivre sur les propos de l'ami Loïc , et si je me réfère a ma personne , voici comment j'ai vécu mon service ( 1991 - période de la guerre du golfe) :
- Initialement , je voulais faire carrière dans l'armée , dans le train de l'armée de terre , mettant ainsi a profit mes compétences acquises en logistique , au profit de la nation
- Apres certaines péripéties, au lieu d'entamer une école d'officier ou de sous officier, et par les imbroglios inhérents a l'armée , je me suis retrouvé simple appelé . Suivant les conseils de mon grand frère , qui avait du servir la France " de force" ( pour des raisons sur lesquelles je ne vais pas m'étendre ici ) , je me suis résigné a effectuer mon service en me disant que je déciderai plus tard .
-habitant Toulouse me voila donc parti pour faire mes classes à ... Colmar ! Douche froide des le début .
- Ce que je ne savais pas a ce moment la , c'est qu'un cousin de ma mere ( ancien militaire/baroudeur , qui avait perdu un pied sur une mine ), ayant des liens assez proche avec des officiers influents de l'armée de l'air , a fait jouer le piston pour que je m'y retrouve . Ca n'a pas du plaire a certains , et du coup , je me suis retrouvé tres loin de chez moi , au lieu d'être , par exemple , basé a Francazal
- Etant dans les meilleurs de la section , il était tracé d'après les instructeurs que je me retrouve auprès de contrôleurs aériens ou au chiffrage , très probablement en Allemagne , dans des petites unités a taille humaine , et avec une meilleure solde
- deuxième douche froide , je vois partir mes potes de section en Allemagne et sur certaines petites bases dans l'est et je me retrouve au poste de commandement de Drachenbronn ( base radar crée sur l'emplacement de l'ouvrage du Hochwald ) , a la frontière Allemande .
- La j'y arrive et j'entame le reste de mon service, qui a consisté a traiter les couriers et télégrammes militaires chiffrés
Les bonus :
- apprendre a connaître des gens d'autres milieux durant mes classes , échanger , partager , aider, éduquer parfois . Terminé après, au commandement j'étais le moins diplomé avec mon bac+2 : donc le brassage , s'il m'a marqué , n'a duré que le temps des classes
- apprendre a connaître les documents classifiés militaires, obtenir une habilitation secret défense , faire profiter mon petit service de mes compétences pour organiser , informatiser etc
- en "chier" durant les classes, mais en fait pas tant que ça , car j'étais hyper sportif a l'époque et donc ça m'amusait plus que le reste . Par ailleurs, la confrontation de mes connaissances sur l'armement avec les instructeur a été aussi très amusante et instructive sur les lacunes de certains sous officiers engagés ...
-rencontrer le lieut-co de la base et discuter longuement avec lui , car lui aussi était du sud-ouest et passionné d'histoire . Ca c'était vraiment top .
-récupérer et lire au commandement , durant les phases d'astreinte , toute une série de documents , livres historiques . Il faut bien dire que tot le matin et tard le soir , il n'y avait que quelques appellés au PC , donc une fois les taches de routine effectuées , il fallait s'occuper ...
- ne pas avoir a faire les gardes, les TIC , etc . Les appelés placés au PC étaient très sollicités par l'état major , et ce dernier voulait les avoir tout le temps sous la main . ceci dit , on etait de corvée d'aspirateur et nettoyage tous les jours , et il fallait bien entendu que le café soit prêt a l'arrivée des officiers . Je suis devenu le roi du café en quelques semaines , mais la premiere tournée était pour notre petit service d'appelés Ils ne commandaient pas du café de grande qualité , mais j'avais quelques petits trucs pour le rendre meilleur ...
- le plaisir de former les nouveaux arrivants dans le service . Je découvrais ainsi ce qui est devenu ensuite une partie de mon métier : transmettre
- rencontrer l'officier de liaison de la base ( un aspi ) qui était historien en devenir et qui a sorti plusieurs bouquins , et avoir avec lui de longues discussions également . Lorsqu'il n'avait pas de présentations de la base a effectuer , il rédigeait des textes pour son futur bouquin depuis son bureau ... et j'allais en discuter avec lui de temps en temps , lorsque l'activité etait calme .
Les malus
- me taper 12 heures de train aller et 12 heures de train retour tous les WE ( j'avais systématiquement une 72h ) pour aller voir ma dulcinée qui était a Toulouse , et que j'ai épousé quelques années plus tard . Cette distance a crée cependant quelques difficultés et a un moment donné nous avons frôlé la séparation .
- avoir parfois l'impression d'être un esclave : réveil à 4h30/5h pour commencer à 6h apres avoir grapillé quelque chose rapidement au mess ( j'avais fini par trouver une combine dont je ne vais pas me vanter ici ) , fin du boulot vers 19/20h , tout en gagnant une misère . Heureusement , on était une bande de joyeux drilles et on allait boire quelques verres dans le patelin a coté apres le service , du coup , les nuits étaient parfois tres courtes ....
- sentiment d'avoir perdu mon temps , car au delà d'un certain apprentissage ( et de bonnes rigolades sur ce que l'armée classifiait comme confidentiel ou secret défense au passage ... qui ne faisaient rire que moi et un major car nous etions les seuls a lire des magazines militaires ) , c'est devenu apres quelques mois une routine non intéressante : la durée était trop longue .
-n'avoir fait aucun exercice de combat apres les classes , ni meme d'entrainement au tir ( durant mes classes j'ai tiré a la MAT 49 ... pas glop pas glop ! )
- être confronté a des sous officiers aigris/incompétents , qui se pensaient être dieu le père devant des appelés ( mais que l'on pouvait renvoyer dans les 22 en leur expliquant par A+B que leur raisonnement était stupide , ou simplement en demandant de passer un coup de fil au PC base lorsqu'ils devenaient trop virulents : ça en a calmé plus d'un de devoir expliquer au commandant de la base qu'il voulait mettre au trou un de ses protégés ... Quels guignols quand j'y pense ... )
- du fait de mes journées , l'incapacité de voir , au moins de temps en temps , un de mes potes d'enfance qui s'etait engagé et qui s'est retrouvé dans la meme base comme controleur aérien , mais qui était localisé a l'autre bout de la base, dans l'ouvrage historique .
Tout cela pour dire qu'il faut , et d'apres l'experience que j'en ai retiré , si le SN est relancé :
- un temps limité ( 6 mois me semble le maxima )
- un apprentissage
- une rémunération
- une proximité
- pas de temps perdu , pas de glandage
- et encore une fois , que cela ne soit pas dans l'armée , ou alors pour moins de 5% du contingent
Ah je me dois de rajouter enfin , que de dégout devant ce que j'ai vécu a l'armée , il n'etait bien entendu plus question pour moi de m'engager et j'ai donc fait ma carriere dans le civil , ce qui ne m'a pas empéché de m'interesser a l'histoire militaire .
Amicalement ,
Alain