Faute d'avoir pu me connecter et répondre avant, quelques considérations. Et parfois en rapport avec les années trente.
la stigmatisation des multinationales et de la finance internationale semble parfois relever de l'explication facile, du totem que l'on brandit en toute occasion et qui expliquera tout, et pas grand chose en fait.
La Mondialisation s'est accélérée avec le premier choc pétrolier de 1973, couplé à la fin du système monétaire mis en place par les accords de Bretton Woods, en 1971. Dès lors, le coût de la matière première essentielle aux économies occidentales ayant quadruplé, passant de 3 à 12 $ le baril, coût insupportable, a forcé les FMN à chercher à produire moins cher, d'autant qu'elles étaient forcées de participer encore à l'effort de redistribution consécutif à la mise en place de l'Etat Providence. Et elles ont investi ailleurs, encouragées par la libération des flux de capitaux. Les Quatre Dragons (Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et à un moindre degré Singapour profitèrent d'abord de ces délocalisations, puis ce fut le tour de la Chine post Mao de s'ouvrir d'abord en 1984 avec la création des ZES ou Zones Economiques Spéciales. Ensuite, le littoral s'ouvrit pour faire du pays la seconde puissance économique en termes de PIB, assez loin derrière les USA. Ces délocalisations détruisirent des millions d'emplois dans les Etats du Nord, avec toutes les conséquences que l'on connait. Sauf que, je l'ai déjà souligné, ce processus de désindustrialisation était irréversible, et en partie prévisible. De la même manière que la mécanisation (déjà!), l'accroissement des rendements, la création de grandes exploitations avait chassé des millions de petits paysans et d'ouvriers agricoles des campagnes vers les villes au XIXe s, fournissant une main d'oeuvre bon marché aux Révolutions industrielles; la désindustrialisation a fourni ou aurait dû fournir des bras pour le secteur tertiaire. Secteur tertiaire moteur de l'économie post industrielle d'aujourd'hui. Et ce qui perturbe nos concitoyens, habitués à ce qu'une usine et la production ce soit une cheminée qui fume, de la brique ou du béton, de la sueur, de la suie, du bruit, l'odeur de la graisse... c'est que les usines modernes ressemblent plus à un hypermarché ou à une enseigne de centre commercial construite en tôle. En plus qui dit production imagine fabrication de biens palpables, or les services ce ne sont pas des biens, vous ne pouvez pas les toucher ni les emporter avec vous: transport routier ou aérien, logistique, maintenances de tous types, et services aux entreprises, y compris la création de logiciels et systèmes informatiques que certains connaissent bien... Un enseignant, un médecin, un avocat ne produisent rien de concret non plus.
Le problème posé par cette transition économique c'est que les populations n'ont pas été formées, et nos gouvernants en portent la responsabilité. Ce n'est pas pour rien que les régions ou départements ou la désespérance est la plus forte, et le vote extrémiste également sont ceux où le taux de chômage et le niveau de qualification sont les plus faibles, voir à Hénin-Beaumont ou Hayange. Là bas, les plus diplômés, les plus dynamiques, les plus entreprenants partent, et restent les autres, les plus faibles. Alors quand j'écrivais qu'il fallait que les gens se bougent et n'hésitent pas à quitter leur coin, je faisait allusion à ce type de migration interne. Personnellement je n'ai jamais vu dans ma carrière d'enseignant d'élèves dont les parents, gendarmes ou fonctionnaires ou salariés du privé, souffrir de séquelles de déménagements. Au contraire, la plupart me semblaient même plutôt plus ouverts que les autres. Evidemment, les premières semaines étaient parfois difficiles mais rien d'insurmontable. Alors c'est ce que je répète à mes jeunes: partez, voyagez, déménagez si ça vous chante! D'ailleurs la plupart de mes lycéens veulent partir, étant donné les faibles perspectives d'avenir du coin... Et nous ne sommes plus dans une France figée, avec ses braves ouvriers ou employés attachés à la terre des ancêtres, sous la férule du curé, de quelques notables et de quelques maitres des forges ou des filatures.
Bien entendu, je ne souhaite pas que l'on délocalise les travailleurs en Chine, en Roumanie, ou au Bangladesh!!!
Quand aux vilaines multinationales, savez vous pourquoi elles délocalisent?
D'abord pour bénéficier d'une main d'oeuvre moins chère, vous vus en seriez douté! Ensuite d'impôts, de taxes, de législation sociale plus favorables, ça aussi vous vous en seriez douté! Puis, et ça on l'oublie, pour se rapprocher des marchés de consommation. Si vous voulez vendre en Chine dans les années 90, vous êtes forcé de produire local afin que la population du pays puisse s'offrir ce que vous fabriquer, ensuite vous réduisez les délais d'acheminement. Et là Toyota à Onnaing en constitue un bel exemple: les salariés du Nord ne sont pas payés des clopinettes, les impôts y sont comparables à ce qui se fait ailleurs; mais les délais de livraison sont réduits puisque Toyota économise deux mois de trajet par bateau depuis le Japon. Et ça réduit les stocks de pièces détachées, toujours coûteux et correspond à la philosophie de la firme, le "juste à temps". Et cette usine est un moyen de conquérir le marché européen plus facilement. Peugeot fait la même chose en Chine d'ailleurs. Enfin, dernière raison: contourner les barrières douanières et règlemetaires ou protectionnistes. Les Toyota Yaris ne paient pas les droits de douane à l'entrée de l'UE puisque construites dans l'UE...
Un dernier mot sur les PME. Bien sûr qu'il faut les encourager, les aider, elles constituent un tissu économique et social irremplaçable, mais que serait un monde sans FTN??? Eh bien pas d'ordinateur, de téléphone portable, d'appareils médicaux de pointe... car trop chers à développer. Seules les FTN en ont les moyens... en partie grâce à la financiarisation et la libre circulation des capitaux!!!
J'ai été un peu long. Maintenant je vais me coucher, et n'oubliez pas de voter!
"Je ne vous apporte pas la liberté, je l'ai trouvée ici, parmi vous". Skënderbeg.