Ce parcours au travers de la Seconde Guerre mondiale vaut à l’ancien combattant, habitant de Saint-Saire, d’avoir été promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur, par un décret du Président de la République publié au journal officiel le 23 avril, au titre des commémorations du 70e anniversaire des débarquements en Normandie et en Provence, et de la Libération.
Pierre Loquet recevra sa prestigieuse médaille le 31 août, lors des fêtes de la Libération à Neufchâtel-en-Bray, des mains du général de division Louis-Christian Jullien, président du comité de Dieppe de la société des membres de la Légion d’honneur.
Il n’en tire pas de gloire particulière. « La guerre, c’est une question de chance ou de malchance, moi je m’en suis sorti », confie Pierre Loquet qui a tout de même été gravement blessé le 6 février 1945, touché par les éclats d’une mine : « J’ai eu une éventration, j’ai encore d’ailleurs des morceaux dans le ventre... Deux brancardiers américains m’ont sauvé, en traversant le champ de mines... »
L’aventure de Pierre Loquet débute avec l’Exode de 1940, il se retrouve seul sur les routes de France, séparé de sa famille. Arrivé en zone libre, il s’engage le jour de ses 18 ans dans la petite armée française, l’armée d’armistice, autorisée par les occupants nazis. Il est affecté en Algérie où il assiste au débarquement des troupes américaines. C’est un tournant. Il rejoint alors le général Leclerc en Tunisie, à Kairouan, puis à Sabratha en Libye, au sein de la 2e Division française libre (DFL) devenue officiellement la 2e DB le 24 août 1943.
« Je m’occupais de la transmission des messages, poursuit Pierre Loquet. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion d’en remettre un au général Leclerc, mais ce n’était pas facile de le voir, il était hébergé dans une roulotte reprise à un officier Italien. Je lui ai lu le message à travers la porte... »
Le retour en France est pour bientôt. Après vingt et un jours de traversée, il arrive en Angleterre, puis débarque à Saint-Martin-de-Varreville, dans la Manche, début août 1944. « Je conduisais un Dodge quatre roues motrices qui faisait partie d’une colonne médicale... »
Peu avant la Libération de Paris, il retourne chez lui à Mamers, dans la Sarthe, où il apprend le décès de sa mère quatre mois plus tôt. L’armée de Leclerc traverse la France et peut enfin accrocher le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale de Strasbourg, le 23 novembre, respectant ainsi le serment de Kouffra pris en plein désert libyen, quatre ans plus tôt.
Convalescent après sa blessure, Pierre Loquet retourne à la vie civile et passe vingt-cinq années à Versailles au sein de l’unité chargée de surveiller le château. À l’heure de la retraite, il rejoint Saint-Saire où il participe aux activités de l’Union des anciens combattants : « Des anciens de 39-45, il n’y en a plus beaucoup... Je veux finir mon récit par un grand merci au patron, c’est comme ça que tout le monde appelait le général Leclerc ! »

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