Son professeur, qui avait appartenu un temps au parti nazi, salue alors son travail sur la diphtérie, une maladie infectieuse qui provoque des décès chez les enfants en Europe et aux Etats-Unis. On l’empêche pourtant d’obtenir son doctorat. « On m’a dit que je n’étais pas autorisée à passer l’examen oral », raconte-t-elle.
L’académie évoque des « raisons raciales ». Ingeborg est née de mère juive. Ses copies sont barrées d’une bande jaune. « Mon avenir médical a été réduit à néant. C’était une honte pour la science et une honte pour l’Allemagne », commente-t-elle. Comme elle, des milliers d’étudiants juifs sont jetés hors des universités. Beaucoup meurent dans les camps.
Ingeborg fuit, seule et sans un sou, aux Etats-Unis en 1938. Elle fait une brillante carrière médicale, et prend la tête d’une clinique pédiatrique dans un hôpital de Cincinnati. « J’ai eu beaucoup de chance, et peut-être de la ténacité ». Elle rentre finalement en Allemagne de l’Est avec son mari dans les années 1950.
Il y a quelques mois, la thèse refait surface. Un ami de son fils raconte l’histoire d’Ingeborg à l’actuel doyen de l’Université d’Hambourg. La retraitée retravaille son sujet, et présente une nouvelle version de sa thèse, 77 ans après. L’oral s’est tenu le 7 mai dans le salon de la vieille dame. « Le test a été très bon », a salué le doyen. « Vu son âge, elle a été brillante ». Une cérémonie est prévue le 9 juin par l’université. « Je ne me suis jamais sentie amer, témoigne la vieille dame. J’ai été affreusement chanceuse dans toute cette histoire ».

PHOTO: ALEXA VACHON du WALL STREET JOURNAL
http://www.20minutes.fr/insolite/160942 ... s-raciales