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Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 28 Oct 2014, 15:03
de Vincent Dupont
Bonjour à tous,

Je viens de re-parcourir les mémoires d'Henri Navarre (et oui il n'a pas que perdu Dien Bien Phu). Un éclairage pour le moins intéressant du temps où il était au SR :


Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 28 Oct 2014, 16:50
de François Delpla
encore une petite pierre à l'édifice d'un Reynaud partisan de l'armistice, pourvu qu'il ne fût pas trop dur, et utilisant sa comtesse pour dire tout haut ce qu'il pensait tout bas, au rebours de toute la littérature qui inverse le rapport d'autorité dans le couple.

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 28 Oct 2014, 18:56
de fbonnus
Voilà qui a de quoi remuer les idées préconçues ... Bizarre que ce ne soit pas plus commenté ...

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 00:25
de Bruno Roy-Henry
Reynaud était une lavette... C'est encore Delpla qui a eu le mérite de le démontrer ! Certes non, il n'était pas le Carnot, le Louvois qu'attendait de Gaulle !!!

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 08:11
de François Delpla
Bruno Roy-Henry a écrit:Reynaud était une lavette... C'est encore Delpla qui a eu le mérite de le démontrer !


Pas exactement. Je me suis inscrit dans une tradition, inaugurée pendant la guerre par Pertinax... et les pétainistes, mezzo voce car il ne fallait surtout pas donner par contraste du lustre à de Gaulle. Tradition dans laquelle s'inscrit le texte de Navarre.

J'ai cependant précisé une conclusion qui, je crois, n'avait pas été formulée avant les années 1990 avec autant de netteté : Reynaud était partisan de l'armistice si et seulement si les Anglais en faisaient autant. Loin d'être pour lui un soutien, la résistance churchillienne, qu'il ne croyait pas capable d'entraîner l'Angleterre, a été son chemin de croix.

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 10:12
de Bruno Roy-Henry
Et sans l'accord de l'Angleterre, Reynaud estimait qu'il lui fallait repasser la patate chaude à quelqu'un d'autre...

Il faut se souvenir que cet homme a démissionné, alors même qu'il bénéficiait d'une majorité au sein de son cabinet pour continuer la guerre, ce dont il n'avait évidemment aucunement l'intention.

http://www.empereurperdu.com/tribunehis ... =12&t=1028

Et que lui-même a proposé Pétain au président de la République pour lui succéder...

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 12:31
de Vincent Dupont
François Delpla a écrit:
Bruno Roy-Henry a écrit:Reynaud était une lavette... C'est encore Delpla qui a eu le mérite de le démontrer !


Pas exactement. Je me suis inscrit dans une tradition, inaugurée pendant la guerre par Pertinax... et les pétainistes, mezzo voce car il ne fallait surtout pas donner par contraste du lustre à de Gaulle. Tradition dans laquelle s'inscrit le texte de Navarre.


ça colle. Navarre s'inscrit dans le courant des officiers vichysto-résistants puis giraudistes de 1940 à la fin de la guerre (et même après)

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 12:36
de Bruno Roy-Henry
Au cas particulier, cette école est dans le vrai... Imaginons le martyr de De Gaulle avec un Reynaud qui le soutenait seulement du bout des lèvres, tout en étant déjà décidé à ne pas suivre ses conseils !!!

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 12:43
de François Delpla
Bruno Roy-Henry a écrit:Et sans l'accord de l'Angleterre, Reynaud estimait qu'il lui fallait repasser la patate chaude à quelqu'un d'autre...

Il faut se souvenir que (...) lui-même a proposé Pétain au président de la République pour lui succéder...


Ce filou n'a pas dit sa pensée réelle à grand monde et comme toujours dans ces cas-là l'historien doit soit renoncer à comprendre, soit faire parler les rares indices en reconstituant les états d'esprit.

Si Reynaud est désespéré et ne croit pas en une victoire anglaise, il ne peut que spéculer sur les effets, à cet égard, de l'armistice franco-allemand : cette privation brutale de tout allié puissant, sans parler des ressources que l'Allemagne pourrait tirer de la France tant sur le plan européen que maritime et colonial, va rendre le gouvernement Churchill (dont il a mesuré en direct la fragilité lors de son voyage à Londres le 26 mai et pendant les deux jours suivants) encore plus fragile, et l'état de guerre encore plus précaire; et sitôt la paix signée avec l'Angleterre, Reynaud pourrait revenir au pouvoir, en arguant qu'il a fait ce qu'il a pu mais qu'on l'avait appelé trop tard.

Re: "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Nouveau messagePosté: 29 Oct 2014, 12:55
de jmh
Permettez moi une question d'amateur... :oops:

Et si c'était l'inverse ? et si Reynaud souhaitait, lui aussi, une victoire allemande ? il me semble que le courant de "sympathie" vis à vis de l'Allemagne était assez fort dans la classe politique, n'y a t il donc pas la possibilité pour certains d'y voir un moyen de jouer un rôle politique avec un allié puissant qui gouverne l'Europe ?

Il me semble avoir lu, dans le livre "Vichy 1940-1944" qu'un certain nombre de parlementaires appelaient de leurs vœux la victoire allemande, dont le régime politique permettait d'éliminer les mouvements jugés décadents de la société française...