
Interview dans l'Histomag N°83, téléchargeable gratuitement ici => portailv2/download/download-97+histomag-39-45-n-83-mai-juin-2013.php
En cette rentrée 2013, c'est au tour du vénérable journal "Le Figaro" que Franck Ferrand fait l'honneur d'une interview :

Il vulgarise l'histoire à la télévision, à la radio et dans ses livres. Et défend une approche vivante de son enseignement.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Franck Ferrand n'a pas sa langue dans sa poche. Ainsi, au début du mois, sur les ondes d'Europe 1, défrayait-il la chronique dans la matinale de Thomas Sotto en dénonçant vigoureusement les nouveaux programmes scolaires. Rencontré dans son appartement parisien, celui qui se dit fier d'être un vulgarisateur persiste et signe: «L'histoire n'est plus présentée de manière vivante, les préconisations pédagogiques du ministère sont trop conceptuelles, trop abstraites.» Selon Franck Ferrand, il est essentiel d'évoquer les personnages historiques comme des êtres de chair et de sang. C'est ce à quoi il s'attache avec un gros succès d'audience, tous les après-midi de 14 à 15 heures dans «Au cœur de l'histoire», sur Europe 1. Et le mercredi 2 octobre, il fait sa rentrée sur France 3 avec une nouvelle formule de «L'Ombre d'un doute». L'émission passe de la deuxième à la première partie de soirée et devient mensuelle. Également écrivain, ce boulimique de travail publiera le 24 octobre son Dictionnaire amoureux de Versailles (Plon). Mais d'où vient à ce diplômé de Sciences Po Paris une telle passion pour l'histoire? Tout simplement de ses souvenirs d'écolier. L'occasion pour lui d'insister sur le fait qu'il ne met nullement en cause les enseignants, qui font leur travail de leur mieux dans le cadre qui leur est donné. Lui se souvient d'ailleurs avec émotion de l'institutrice de ses tendres années qui le captivait: «Elle s'appelait Mme Giraudeau, elle est toujours en vie. Elle savait raconter, captiver ses élèves.» C'est dire si Franck Ferrand tient à l'école de la République, dans la tradition de ses «hussards noirs». Mais qui aime bien châtie bien, et c'est pourquoi il dénonce les dérives actuelles.
«Un conteur né»
Lors de son marathon quotidien, véritable «tour de force à la radio», pour citer Jean des Cars, autre grand vulgarisateur, Franck Ferrand raconte de savoureuses tranches d'histoire pendant une demi-heure, avant d'enchaîner par l'interview d'un spécialiste. Citons par exemple l'émission consacrée à l'arrestation de Fouquet, suivie d'une rencontre avec l'historien Jean-Christian Petitfils. Ou encore celle dédiée à Mme de Maintenon, éclairée par les propos de Françoise Chandernagor, auteur de L'Allée du Roi, son célèbre roman consacré à l'épouse secrète de Louis XIV. Autant de rendez-vous diffusés il y a peu, que l'on peut réécouter sur Internet. «Franck est un conteur né, il donne le goût de l'histoire au public, et il travaille énormément. Il s'inscrit dans la lignée d'Alain Decaux», dit Jean des Cars.
Mener des enquêtes historiques est aussi une spécialité de Franck Ferrand, qu'il pratique notamment à la télévision dans «L'Ombre d'un doute». Parmi les énigmes déjà étudiées, citons «Zola a-t-il été assassiné?», «A-t-on sacrifié Marseille lors de la peste de 1720?», ou encore, «La mort de Rodolphe de Habsbourg, à Mayerling: suicide ou assassinat?» Notons que, dans la nouvelle formule de son magazine, Franck Ferrand raconte l'histoire d'une ville et d'une région et que le côté enquête est moins présent. Ainsi le numéro de rentrée sera-t-il consacré à Bordeaux. L'occasion pour le vulgarisateur de se demander pourquoi les Anglais ont perdu l'Aquitaine. Ou encore de raconter comment le responsable allemand des vignobles bordelais pendant la Seconde Guerre, le «Weinführer», travailla, après le conflit, à la commercialisation en Allemagne des vins du baron de Rothschild.
Reste que, même s'il prend beaucoup de plaisir à jouer les passeurs d'histoire devant un micro, Franck Ferrand affirme que l'écriture lui procure ses «plus belles émotions professionnelles». Il a d'ailleurs publié une dizaine d'ouvrages historiques ainsi que quatre romans. Parmi eux, L'Histoire interdite (Tallandier), paru en 2008, lui tient particulièrement à cœur. Dans ce livre, cédant à son penchant pour la polémique, l'auteur dit affronter les thèses officielles de l'université. Notamment à propos du lieu de la bataille d'Alésia, du rôle de Yolande d'Aragon dans la vocation de Jeanne d'Arc ou encore de Molière, à propos duquel il soutient que c'est Corneille qui aurait écrit la plupart de ses pièces. Enfin, Franck Ferrand va publier son Dictionnaire amoureux de Versailles. Comment être original sur un tel thème? «C'est simple, puisqu'il s'agit de demander à quelqu'un qui connaît bien le sujet d'en donner sa vision personnelle», glisse-t-il, la main posée sur les épreuves de son livre qu'il vient de recevoir. Le document est sur une petite table, juste à côté d'un encrier qui appartenait à Sacha Guitry. «Je l'ai acheté aux enchères il y a peu de temps. Cet objet a d'abord été la propriété de Victor Hugo, qui l'a plus tard offert à Lucien Guitry. Puis le père de Sacha l'a donné à son fils en guise de cadeau de réconciliation.» Une belle histoire qui mériterait d'être racontée à la radio…
Le Fogaro - Blaise De Chabalier | Mis à jour le 19/09/2013 à 19:19