A +/-10H45, ce matin, le ministre de la Défense russe s'est fendu de l'annonce, selon laquelle ils venaient de dézinguer, avec des missiles à moyenne portée tirés en mer, un quantité importante de matériels militaires américano-européen, en cours d'acheminement, dans un gare proche de Jitomir, agglomération au sud de Kiev.
Comme disait un gégène français, intervenant sur LCI, ce matin, nous avons un peu trop vite oublié les capacités russes en matière d'observation militaire satellitaire. Au passage, je rappelle aux plus jeunes d'entre nous, que, dans les années 50, la Russie soviétique avait mis la honte aux States, en inaugurant le lancement de satellites artificiels; il y avait eu le célèbre Spoutnik, alias Bip-bip, puis la malheureuse chienne sacrifiée Leika et, enfin, Gagarine, en 1961, premier vol humain (avec rentrée officielle de l'occupant vivant dans sa capsule!), le premier vol orbital "complet" américain, réalisé par John Glenn, n'ayant eu lieu qu'en 1962!
Il n'est pas question de vouloir tresser des couronnes de laurier à l'ex -URSS ou à la Russie actuelle, mais nos bons médias "zeuropéens", animés, bien trop souvent, par un excessif parti-pris anti-russe et, de par le fait, pro-ukrainien, ont la fâcheuse tendance à sous-estimer - ne serait-ce que par le biais de ses soit-disant experts, anciens militaires à la retraite recyclés -, les compétences militaires réelles russes et l'arsenal dont dispose son armée.
Je ne vois aucun inconvénient à ce que la France livre, à l'Ukraine, 8 Caesar et les munitions nécessaires - en espérant, au passage, que tout çà ne serait pas parti en fumée, lors du tout récent ciblage russe à proximité de Jitomir! - , mais, au second semestres 2021, ne serait-ce pas le rapport de notre propre commission de défense parlementaire qui avait constaté que le stock de munitions de l'armée française se résumait à 8 jours de disponibilité de combat ?
Une âme de tube de Caesar a une durée de vie de +/-2400 coups, en fonction du type de munitions utilisées (plus on tire loin, plus vite le tube s'use!)... donc, sur cette base, on va admettre que la première dotation attribuée ( au demeurant,très généreuse, car je ne suis pas du tout certain que nous l'ayons en dépôt!) était de 500 coups par pièce.
C'est, déjà, pas mal, car il convient, aussi, de la transporter, or, sauf erreur, le système Caesar ne prévoit pas de réserve à bord du porteur, hormis la dotation du barillet (6 coups) et, éventuellement, une réserve de 6 autres; dès lors, une munition complète de 155 mm, pesant, à la louche, 25 kg, 500 coups correspondent à 12,5 tonnes... multipliées par 8 pièces, 100 tonnes... une paille! Traduit en termes de véhicules de transport de munitions tout terrain, çà nous donne, en gros et pour diverses raisons, 25 porteurs de 4 tonnes de munitions, chacun, soit, à minima, "trois" par pièce et le nombre nécessaire de "pinpins" pour assurer la manutention!
Dès lors, mais çà n'engage que moi, quand on observe, sur certaines vidéos d'origine ukrainienne, la lenteur "affligeante" des servants ukrainiens pour le service d'un malheureux mortier de 120 mm ou d'un obusier de 155 mm... ils ne sont pas sortis de l'auberge! D'un très récent reportage vidéo ukrainien, sensé "vanter" la mise en service de l'obusier tracté US M 777 de 155 mm, il ressortait que la cadence de tir "effective" était de l'ordre, avec le vent dans le dos (!), de 1,5 coup/minute, alors que l'arme est donnée pour une cadence de tir de 4 à 6 coups:minute avec des servants "expérimentés", ce qui n'a strictement rien d'exceptionnel, vu que c'était la cadence de tir d'un obusier lourd allemand de même calibre en 1939-1945!
les Russes sont, certes, sensés être lamentablement mauvais, mais dans le domaine de l'artillerie et de sa mise en œuvre, ils ont, un, une compétence historique avérée, deux, ils disposent d'un parc monumental de pièces, trois, dont les performances efficaces pratiques générales, en termes de portée et de "précision", n'ont strictement rien à envier à celles de l'arsenal américano-européen. On peut se gargariser à l'envie avec les performances exceptionnelles, plus de 40 km de portée, de certaines munitions utilisées, par exemple, avec le Caesar, mais elles sont très coûteuses, peu nombreuses, accélèrent excessivement l'usure du tube et il n'est pas certain que nous en ayons fourni à l'armée ukrainienne!
Si "l'Otan" s'est efforcée très vite de ravitailler l'armée ukrainienne en pièces d'artillerie, avec les munitions correspondantes, c'est parce qu'il y avait, à l'évidence, un très sérieux problème de rapport de forces dans ce seul domaine, que, même, malgré le "brouillard militaire médiatique" existant, on parvient à identifier!
Ainsi, il y a plus de neuf chances sur dix pour que l'artillerie russe ait pu "traiter", seule, l'essentiel de la résistance du régiment ukrainien Azov, dans l'aciérie de Marioupol, en limitant, au maximum, les pertes de l'infanterie, les russes étant, eux-mêmes, très bien placés pour connaitre les ravages humains qu'avaient pu causer la bataille de Stalingrad ou de Berlin, d'autant que leurs forces actuelles n'ont strictement plus rien à voir avec les effectifs de l'Armée Rouge!
Ce qui m'enquiquine le plus, dans ce conflit, c'est qu'on voit pas trop, actuellement, d'où pourrait "surgir" la nécessaire négociation diplomatique qui pourrait enfin calmer le jeu! Les Ricains annoncent, publiquement, vouloir mettre à genoux la Russie, quitte à devoir, pour ce faire, "sacrifier" jusqu'au "dernier européen", mais, dans les faits, beaucoup plus sérieusement, ils savent très bien que l'exercice a ses limites et que, aucun citoyen américain ou, à fortiori, européen n'ira mourir pour Kiev!
On essaye de forcer la main de l'UE, afin qu'elle intègre rapidement l'Ukraine, sauf que l'Allemagne vient, officiellement, de très sérieusement calmer le jeu, il y a à peine 36 heures, et que la diplomatie française, depuis le début du conflit, rappelle, à ce sujet, qu'il ne faut pas, pour autant, mélanger les torchons et les serviettes... ce qui amène le "Tartarin de Kiev", roi de la communication médiatique, a venir nous qualifier de "honteusement" tièdes à "son égard"!
Si on ne se décide pas à mettre, très rapidement, en œuvre tous les moyens diplomatiques pour tenter de négocier l'arrêt du conflit, avec des concessions, de part et d'autre, plus ou moins équilibrées, sans, pour autant, devoir humilier inutilement l'un des deux adversaires, nous sommes, tous, très mal barrés.