pierma a écrit:Comme toujours avec De Gaulle, c'est bien pensé et bien écrit.
Je confirme, car c'est une analyse "chirurgicale" intelligente et documentée! Je crois savoir que l'étude des batailles napoléoniennes fait, depuis très longtemps, partie intégrante du programme d'instruction des écoles française d'officiers, telles que Polytechnique ou Saint-Cyr (d'où était issu le "Grand Charles") et que, par nécessité intellectuelle, leurs élèves débordant, nécessairement, du simple contexte tactique, étaient amenés à s'intéresser à l'environnement politique du Ier Empire.
Bien évidement, de par leur vocation militaire affichée, leurs perceptions, au premier abord, pourraient sembler fausser, mais dans le cas de Charles de Gaulle, chef d'Etat en puissance, l'analyse, alors, exprimée dans son essai publié en 1938, résume parfaitement toute la complexité du général-Premier Consul -Empereur des Français et de sa politique, à la fois civile et militaire, sachant que la Paix d'Amiens, ratifiée en mars 1802, avait sciemment été violée par les Brits et que, à dater de là, jusqu'en 1814 - on oublie la période des Cent-Jours et Waterloo - , il n'y avait eu jamais le moindre répit des Anglais, qui avaient, alors, dépensé des fortunes pour encourager, à travers l'Europe, les soulèvements nationaux, au point de se retrouver en banqueroute financière en 1814. L'énorme coup de bol des Brits avait, alors, été, en 1815, le résultat favorable (de peu!), en juin 1815, de la bataille de Waterloo!
Une très grande partie de l'image- véhiculée de nos jours-, en la personne de Bonaparte, d'un dictateur sanguinaire, esclavagiste, prêt à sacrifier les populations pour son seul pouvoir, etc. n'est, de fait, que le résultat très efficace de 15 ans d'une (très efficace) propagande britannique. La gouvernance britannique "pétait de trouille" de voir, alors, s'installer un pouvoir durable en Europe, qui aurait remis en cause sa supposée prépondérance, y compris (et surtout!) sur les mers.
Nous nous étions, certes, pris une superbe taloche maritime à Trafalgar, en octobre 1805, mais, dès 1811, la construction navale "françouaise" avait foutue une très sérieuse pétoche aux Brits. Au passage, on en revient, aussi, comme évoqué, à mon post N° 63, avec une évolution de situation, car la gouvernance avait, alors, réussi à remettre sur pied, depuis la fuite des officiers nobles, en 1790-1791, et à dater de 1795, sous le Directoire, à mettre sur pied un encadrement compétent - on flirtouillait, alors, avec les 20 ans d'expérience pour les plus jeunes officiers de marine!
A l'époque, 1811 et ultérieurement, il n'existait qu'une seule marine nationale qui aurait pu défier la Royal Navy. Devinez sa nationalité ?... même en tentant d'effectuer un blocus depuis les Pays-Bas, jusqu'à l'estuaire de l'Adour, sur la façade atlantique et devant Toulon, en Méditerrannée!
Le "problème" est que les historiens français, désespérement "terrestres", s'étaient très peu penchés sur cette renaissance de la marine française, sauf que les Brits, eux, avaient très vite pigé le risque encouru! Juste pour ne pas mourir idiot, près de 30 % de la flotte de la Royale Navy, en 1814, était constituée de bâtiments français de prise, capturés, pour l'essentiel, avant 1805!