Post Numéro: 158 de frontovik 14 30 Oct 2020, 22:42
Je me décide à réagir plus longuement à la suite de l'assassinat de mon collègue, en laissant un peu de temps à la réflexion, et à la retombée de l'émotion. Pour l'apaisement, c'est raté, après ce qui s'est passé à Nice...
Plusieurs questions émergent depuis ce matin: faut-il modifier la Constitution? Faut-il de nouvelles lois? Faut-il s'affranchir des droits humains et du droit international?
La Constitution est très bien comme elle est, en garantissant l'égalité en droit à chacun, bon, dans les faits c'est autre chose, mais au moins le texte est clair, appliquons-le. De nouvelles lois? Ca c'est une spécialité française, à chaque problème, une nouvelle loi, un nouvel impôt!!! Là encore, si on appliquait celles qui existent, on aurait beaucoup moins de problèmes. Encore faut-il une volonté politique, des moyens, et une réflexion globale sur le problème. Un exemple, coller les délinquants au gnouf? Pourquoi pas? Sauf que la prison est un énorme pourrissoir d'êtres humains, et que pas mal de petits délinquants musulmans s'y radicalisent et en sortent farcis de sourates, de haine, de djihad... Pas simple.
S'affranchir des droits de l'homme? Certainement pas! Ce serait renier nos principes et nos valeurs, les mêmes que ces cinglés veulent abattre. En ce moment ils doivent bien se marrer d'ailleurs, à voir se fissurer l'unanimisme ayant suivi les attentats précédents. On y trouve de ci de là des appels à la ratonnade, à montrer ses muscles (à défaut de sa cervelle). En tant que citoyens, bougies, marches, minutes de silence... c'est tout ce que nous devons et pouvons faire. Inutile de créer des milices de Dupond la Joie prêtent à faire n'importe quoi. Par contre, c'est au gouvernement de faire quelque chose. C'est son boulot. Que faire? Bombarder des repaires de terroristes, mais où??? Les conséquences diplomatiques et économiques risquent d'être bien pire que l'élimination, au mieux, des malfaisants. C'est vrai Israël ne se gêne pas... mais au prix d'une population vivant en état de siège. Ses ressortissants ne peuvent se déplacer partout dans le monde (en Iran par exemple, pays magnifique pourtant), et ils se trouvent sous protection quasi permanente en groupe à l'étranger. Je me rappelle d'un groupe de lycéens venus faire une sorte de "pélerinage" en Pologne, à Maidanek puis à Belzec. Des enseignants les accompagnaient... et un mec, visiblement pas un guide. Vous voyez ce que je veux dire... Pas top franchement.
Le bal des faux culs continue, à droite comme à gauche. A gauche après avoir si longtemps toléré les empiètements d'un islam radical, on se réveille enfin. A droite, après avoir si longtemps rélégué les populations les plus pauvres dans des quartiers pourris, sans s'en préoccuper. tiens, ce n'est pas un hasard si l'attentat s'est déroulé à Nice. La région abrite quelques partisans de la "mano dura", la fermeté. Quand n connait l'efficacité de ces politiques en Amérique latine, on a de quoi avoir peur...
Nox nous a donné un état des lieux dans sa partie, à moi d'en faire un de l'éduc nat.
En théorie, l'école de la République garantit l'égalité des chances à tous... en théorie. Dans les faits, mes collègues ont de plus en plus de mal à assurer leur mission, à cause de contestations de plus en plus véhémentes de la part des élèves et de leurs familles, attisés par des assoc comme le CCIF par exemple. Tout avait commencé à Creil en 1988 ou 89 avec l'affaire des collégiennes voilées. Alors qu'il aurait suffi soit d'autoriser un simple bandana, soit d'interdire tout couvre chef et point final, et surtout d'interdire tout prosélytisme, on a tortillé du Q jusqu'en ... 2004 et la législation sur les signes religieux ostentatoires... Maintenant, ces gugusses contestent tout:les cours d'EPS (piscine mixte, tenue de sport), les SVT avec le refus de Darwin, celui des cours sur la sexualité (quoique ces derniers sont aussi contestés par des cathos tradi...), de letres, et bien entendu d'histoire. Là les sujets de discorde ne manquent pas: Shoah, génocide arménien, caricatures, croisades, histoire des religions. Et malheureusement les collègues se sentent bien seuls, à cause du "pas de vagues". On étouffe les affaires par lâcheté, par manque de volonté, parfois de moyens. Par exemple en "invitant" l'imam Sefrioui lors de l'entretien dans le bureau de la principale. Lors d'une réunion avec des parents, les seules personnes présentes sont le chef, les parents, l'élève, et parfois un membre de la famille ou un ami, en cas où il est nécessaire de traduire les propos des uns et des autres.
Un dernier pour la route. Les établissements situés dans ces quartiers bien pourris sont négligés par le ministère. On y envoie d'ailleurs les plus mauvais profs, je veux dire les plus inexpérimentés, les plus jeunes. En général après l'année de stage, on envoie les néo titulaires en région parisienne, académies largement déficitaires, on comprend pourquoi... Résultats? La démotivation, le stress, la dépression, parfois l'impossibilité de faire cours, et les aménagements avec les contestataires. La plupart des collègues y restent un an ou deux, et ne pensent qu'à une chose, se barrer.
Voili voilou.
Tiens, retour au boulot lundi. Au départ il était prévu un temps de réflexion et la reprise des cours à 10, finalement ce sera à l'heure habituelle! Histoire d'éviter que les collègues ne soient trop véhéments et s'organisent pour transmettre leurs doléances au ministère ou pire, à la presse. Pas de vagues on vous dit.
"Je ne vous apporte pas la liberté, je l'ai trouvée ici, parmi vous". Skënderbeg.