Quartier Général du Führer
14 février 1945
La fatalité de cette guerre, c'est que pour l'Allemagne elle a commencé à la fois beaucoup trop tôt et un peu trop tard. Du point de vue militaire, notre intérêt était qu'elle commençât un an plus tôt.
J'aurais dû en prendre l'initiative en 38 au lieu de me la laisser imposer en 39, puisque de toute façon elle était inéluctable. Mais je n'y puis rien si les Anglais et les Français ont accepté, à Münich, toutes mes exigences !
En ce qui concerne l'immédiat, ce fut un peu trop tard. Mais, du point de vue de notre préparation morale, ce fut beaucoup trop tôt. Je n'avais pas encore eu le temps de former les hommes de ma politique. Il m'aurait fallu vingt ans pour amener cette nouvelle élite à maturité, une élite de jeunes qui auraient baigné dès l'enfance dans la philosophie nationale-socialiste. Notre drame, à nous Allemands, c'est que nous n'avons jamais le temps. Toujours les circonstances nous pressent. Et si le temps nous manque à ce point, c'est avant tout parce que l'espace nous manque. Les Russes, dans leurs vastes étendues, peuvent s'offrir le luxe de ne pas être pressés. Le temps travaille pour eux. Il travaille contre nous. A supposer d'ailleurs que la Providence m'eût accordé une existence personnelle assez longue pour conduire mon peuple au degré de développement nécessaire sur la voie du National-Socialisme, il est bien certain que les adversaires de l'Allemagne ne l'eussent pas permis. Ils auraient tenté de nous détruire avant qu'une Allemagne, cimentée par une foi unanime, nationale-socialiste de cœur et d'esprit, ne fût devenue invincible.
Faute des hommes formés selon notre idéal, il a bien fallu que nous nous servions des hommes qui existaient. Cela se voit au résultat ! Du fait de ce divorce entre la conception et la réalisation, la politique de guerre d'un Etat révolutionnaire comme le Troisième Reich fut, par la force des choses, une politique de petits bourgeois réactionnaires. Nos généraux et nos diplomates, à part d'assez rares exceptions, sont des hommes d'un autre temps. Ils conduisent donc la guerre d'un autre temps, de même qu'ils font la politique extérieure d'un autre temps. Cela est vrai de ceux qui nous servent de bonne foi comme des autres. Les uns nous servent mal par incapacité ou par simple défaut d'enthousiasme, les autres par volonté délibérée de sabotage.
C'est à l'égard de la France que l'erreur de notre politique a été la plus complète. Il ne fallait pas collaborer avec eux. Cette politique qui les a servis, nous a desservis. Abetz s'est cru original en se faisant le champion de cette idée et en nous poussant dans cette voie. Il se croyait en avance sur les faits alors qu'en réalité il retardait. Il s'est figuré que nous avions affaire à la France de Napoléon, c'est-à-dire à une nation capable de comprendre et d'apprécier la portée d'un geste noble. Il a omis de voir ce qui est, c'est-à-dire que la France, en l'espace de cent ans, a changé de visage. Elle a pris celui d'une prostituée. C'est une vieille putain qui n'a cessé de nous tromper, de nous bafouer et de nous faire chanter.
Notre devoir était de libérer la classe ouvrière, d'aider les ouvriers de France à faire leur révolution. Il fallait bousculer impitoyablement une bourgeoisie de fossiles, dénuée d'âme comme elle est dénuée de patriotisme. Voilà quels amis nos génies de la Wilhelmstrasse nous ont trouvés en France, de tout petits calculateurs, qui se sont mis à nous aimer quand l'idée leur vint que nous occupions leur pays pour défendre leurs coffres forts - et bien résolus à nous trahir à la première occasion, pour peu que ce fût sans risques !
En ce qui concerne les colonies françaises, nous n'avons pas été moins stupides. Toujours l'œuvre de nos génies de la Wilhelmstrasse ! Des diplomates du style classique, des militaires de l'ancien régime, des hobereaux, voilà quels auxiliaires nous avons eus pour faire une révolution à l'échelle de l'Europe !
Ils nous ont fait faire la guerre qu'ils eussent faite au 19eme siècle. A aucun prix nous ne devions jouer la carte française contre les peuples qui subissaient le joug de la France. Nous devions au contraire les aider à se libérer de cette tutelle, les y pousser au besoin. Rien ne nous empêchait, en 1940, de faire ce geste au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Eh bien, notre diplomatie s'est appliquée à consolider le pouvoir des Français aussi bien en Syrie qu'en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Nos gentlemen préféraient certainement entretenir des rapports avec des Français distingués plutôt qu'avec des révolutionnaires hirsutes, avec des officiers à badine qui ne songeaient qu'à nous flouer plutôt qu'avec les Arabes - qui eussent été pour nous de loyaux partenaires. Oh, le calcul de ces machiavels de profession ne m'échappe pas. Ils connaissent leur métier, ils ont des traditions ! Ils n'ont pensé qu'au bon tour qu'ils jouaient ainsi aux Anglais, car ils en sont encore au fameux antagonisme traditionnel qui oppose Français et Anglais sur le plan colonial. C'est bien ce que je disais, ils se croient toujours sous le règne de Guillaume II, et dans le monde de la reine Victoria, dans celui de finauds qui s'appelaient Delcassé et Poincaré ! Or cet antagonisme a cessé d'être fondamental. C'est beaucoup plus une apparence qu'une réalité, et parce que chez nos adversaires aussi il y a encore des diplomates de l'ancienne école. En fait, l'Angleterre et la France sont des associés jouant chacun son jeu personnel avec âpreté, qui ne reculent jamais devant les entorses faites à l'amitié mais qui se retrouvent toujours à l'heure du danger. La haine tenace du Français à l'égard de l'Allemand a quelque chose d'autrement profond. Il y a là pour nous une leçon à retenir.
De deux choses l'une en ce qui concerne la France : Ou bien elle abandonnait son alliée l'Angleterre, et en ce cas elle ne présentait aucun intérêt pour nous en tant qu'alliée éventuelle, car il est certain qu'elle nous eût abandonnés de la même manière à la première occasion ; Ou bien elle ne faisait que simuler par ruse ce changement de partenaire, et elle n'en était que plus redoutable pour nous. L'on a fait, de notre côté, des rêves absolument ridicules au sujet de ce pays. Il n'y avait véritablement qu'une formule souhaitable : Adopter à l'égard de la France une politique de méfiance rigoureuse. Je sais que je ne me suis pas trompé en ce qui concerne la France. J'ai dit avec clairvoyance, dans Mein Kampf, ce qu'il fallait en penser. Et je sais très bien pourquoi, en dépit des sollicitations qui me furent faites, je n'ai jamais accepté de changer quoi que ce soit à mes propos d'il y a vingt ans.
14 février 1945
La fatalité de cette guerre, c'est que pour l'Allemagne elle a commencé à la fois beaucoup trop tôt et un peu trop tard. Du point de vue militaire, notre intérêt était qu'elle commençât un an plus tôt.
J'aurais dû en prendre l'initiative en 38 au lieu de me la laisser imposer en 39, puisque de toute façon elle était inéluctable. Mais je n'y puis rien si les Anglais et les Français ont accepté, à Münich, toutes mes exigences !
En ce qui concerne l'immédiat, ce fut un peu trop tard. Mais, du point de vue de notre préparation morale, ce fut beaucoup trop tôt. Je n'avais pas encore eu le temps de former les hommes de ma politique. Il m'aurait fallu vingt ans pour amener cette nouvelle élite à maturité, une élite de jeunes qui auraient baigné dès l'enfance dans la philosophie nationale-socialiste. Notre drame, à nous Allemands, c'est que nous n'avons jamais le temps. Toujours les circonstances nous pressent. Et si le temps nous manque à ce point, c'est avant tout parce que l'espace nous manque. Les Russes, dans leurs vastes étendues, peuvent s'offrir le luxe de ne pas être pressés. Le temps travaille pour eux. Il travaille contre nous. A supposer d'ailleurs que la Providence m'eût accordé une existence personnelle assez longue pour conduire mon peuple au degré de développement nécessaire sur la voie du National-Socialisme, il est bien certain que les adversaires de l'Allemagne ne l'eussent pas permis. Ils auraient tenté de nous détruire avant qu'une Allemagne, cimentée par une foi unanime, nationale-socialiste de cœur et d'esprit, ne fût devenue invincible.
Faute des hommes formés selon notre idéal, il a bien fallu que nous nous servions des hommes qui existaient. Cela se voit au résultat ! Du fait de ce divorce entre la conception et la réalisation, la politique de guerre d'un Etat révolutionnaire comme le Troisième Reich fut, par la force des choses, une politique de petits bourgeois réactionnaires. Nos généraux et nos diplomates, à part d'assez rares exceptions, sont des hommes d'un autre temps. Ils conduisent donc la guerre d'un autre temps, de même qu'ils font la politique extérieure d'un autre temps. Cela est vrai de ceux qui nous servent de bonne foi comme des autres. Les uns nous servent mal par incapacité ou par simple défaut d'enthousiasme, les autres par volonté délibérée de sabotage.
C'est à l'égard de la France que l'erreur de notre politique a été la plus complète. Il ne fallait pas collaborer avec eux. Cette politique qui les a servis, nous a desservis. Abetz s'est cru original en se faisant le champion de cette idée et en nous poussant dans cette voie. Il se croyait en avance sur les faits alors qu'en réalité il retardait. Il s'est figuré que nous avions affaire à la France de Napoléon, c'est-à-dire à une nation capable de comprendre et d'apprécier la portée d'un geste noble. Il a omis de voir ce qui est, c'est-à-dire que la France, en l'espace de cent ans, a changé de visage. Elle a pris celui d'une prostituée. C'est une vieille putain qui n'a cessé de nous tromper, de nous bafouer et de nous faire chanter.
Notre devoir était de libérer la classe ouvrière, d'aider les ouvriers de France à faire leur révolution. Il fallait bousculer impitoyablement une bourgeoisie de fossiles, dénuée d'âme comme elle est dénuée de patriotisme. Voilà quels amis nos génies de la Wilhelmstrasse nous ont trouvés en France, de tout petits calculateurs, qui se sont mis à nous aimer quand l'idée leur vint que nous occupions leur pays pour défendre leurs coffres forts - et bien résolus à nous trahir à la première occasion, pour peu que ce fût sans risques !
En ce qui concerne les colonies françaises, nous n'avons pas été moins stupides. Toujours l'œuvre de nos génies de la Wilhelmstrasse ! Des diplomates du style classique, des militaires de l'ancien régime, des hobereaux, voilà quels auxiliaires nous avons eus pour faire une révolution à l'échelle de l'Europe !
Ils nous ont fait faire la guerre qu'ils eussent faite au 19eme siècle. A aucun prix nous ne devions jouer la carte française contre les peuples qui subissaient le joug de la France. Nous devions au contraire les aider à se libérer de cette tutelle, les y pousser au besoin. Rien ne nous empêchait, en 1940, de faire ce geste au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Eh bien, notre diplomatie s'est appliquée à consolider le pouvoir des Français aussi bien en Syrie qu'en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Nos gentlemen préféraient certainement entretenir des rapports avec des Français distingués plutôt qu'avec des révolutionnaires hirsutes, avec des officiers à badine qui ne songeaient qu'à nous flouer plutôt qu'avec les Arabes - qui eussent été pour nous de loyaux partenaires. Oh, le calcul de ces machiavels de profession ne m'échappe pas. Ils connaissent leur métier, ils ont des traditions ! Ils n'ont pensé qu'au bon tour qu'ils jouaient ainsi aux Anglais, car ils en sont encore au fameux antagonisme traditionnel qui oppose Français et Anglais sur le plan colonial. C'est bien ce que je disais, ils se croient toujours sous le règne de Guillaume II, et dans le monde de la reine Victoria, dans celui de finauds qui s'appelaient Delcassé et Poincaré ! Or cet antagonisme a cessé d'être fondamental. C'est beaucoup plus une apparence qu'une réalité, et parce que chez nos adversaires aussi il y a encore des diplomates de l'ancienne école. En fait, l'Angleterre et la France sont des associés jouant chacun son jeu personnel avec âpreté, qui ne reculent jamais devant les entorses faites à l'amitié mais qui se retrouvent toujours à l'heure du danger. La haine tenace du Français à l'égard de l'Allemand a quelque chose d'autrement profond. Il y a là pour nous une leçon à retenir.
De deux choses l'une en ce qui concerne la France : Ou bien elle abandonnait son alliée l'Angleterre, et en ce cas elle ne présentait aucun intérêt pour nous en tant qu'alliée éventuelle, car il est certain qu'elle nous eût abandonnés de la même manière à la première occasion ; Ou bien elle ne faisait que simuler par ruse ce changement de partenaire, et elle n'en était que plus redoutable pour nous. L'on a fait, de notre côté, des rêves absolument ridicules au sujet de ce pays. Il n'y avait véritablement qu'une formule souhaitable : Adopter à l'égard de la France une politique de méfiance rigoureuse. Je sais que je ne me suis pas trompé en ce qui concerne la France. J'ai dit avec clairvoyance, dans Mein Kampf, ce qu'il fallait en penser. Et je sais très bien pourquoi, en dépit des sollicitations qui me furent faites, je n'ai jamais accepté de changer quoi que ce soit à mes propos d'il y a vingt ans.