coyote a écrit:
C'est le coté réglage des tirs en fonction des altitudes qui est intéressant . On y découvre qu'à certaines altitudes les bombardiers pouvaient passer entre les mailles du filet;
Le résultat n'était pas certain bien sur mais pouvait minimiser les risques d'être touchés.
En fait, pour cette histoire d'altitude, ils tablaient, entre autres, sur les différences de plafonds de tir efficaces de la Flak "légère" et "moyenne" (2 cm & 3,7 cm) et de la Flak "lourde" (8,8 cm, 10,5 cm, 12,8 cm), mais, comme tu le précises, "
le résultat n'était pas certain".
Le plafond pratique d’emploi de la Flak légère avait augmenté de manière conséquente avec l’arrivée de pièces plus performantes. Le 2cm Flakvierling 38 avait ainsi gagné ainsi plusieurs centaines de mètres d’efficacité supplémentaire, grâce au volume de feu généré par la cadence de tir élevée de ses quatre tubes (700-800 coups/min). À partir de 1943, après la mise en service du 3,7cm Flak 43, puis de sa version jumelée Zwilling 43 (390 pièces en service en 1945), et, dans une certaine mesure, en dépit d’une mise au point compliquée, du 3cm Flakvierling 103/38, l’altitude pratique des pièces de 3,7cm Flak était passée de 2 000 à 4 800 m !
De leurs côtés, les pièces lourdes de 8,8cm Flak 18/36/37 étaient censées battre l’espace aérien de 1 500 m jusqu’à 8 000 m, et les 10,5cm Flak 38/39 jusqu’à 12 800 m (hausse à +85°).
Entre 1939 et 1942, le plafond pratique des bombardiers et des chasseurs excédait rarement 7 000 m, à l’exception des appareils d’observation à haute altitude. Par contre, la vitesse des avions était déjà suffisamment élevée pour que les pièces de DCA ne disposent plus que d’une fenêtre de tir réduite . De fait, les Allemands étaient arrivés à la conclusion qu’une pièce de moindre calibre, semi-automatique à tir rapide, serait mieux adaptée que les canons antiaériens lourds, chargés manuellement au coup par coup – cadence de tir de 15 à 20 coups/min selon le modèle –, pour les altitudes comprises entre 2 000 et 5 000 m - d'où le développement quelque peu loupé du 5cm Flak 41 , puis celui beaucoup trop lent du 5,5 cm Gerät 58, du quel on exigeait trop (dont un guidage direct (!) par radar de poursuite
), et qui, à la fin du conflit, n'avait pas dépassé le stade de deux prototypes en cours d'essais!
Un rapport établi en 1943 par Luftwaffe relevait qu’à l’altitude de 8 850 m, compte-tenu de la portée pratique (altitude et distance cumulées), les canons de 8,8cm Flak 18 et 36/37 ne bénéficiaient que d’une fenêtre de tir de 40 secondes pour engager et suivre (!) leur cible, le canon de 10,5 cm Flak 39 de seulement 49 secondes, et les deux pièces les plus performantes de l’arsenal allemand – 8,8cm Flak 41 et 12,8cm Flak 40 disposant d’une altitude pratique de tir, à l’élévation maximale (+ 85°), de l’ordre de 15 000 m – de 68 secondes ! À 10 000 m, altitude où seules les deux dernières pièces citées pouvaient espérer engager une cible, la fenêtre n’est plus que 31 secondes, mais le Boeing B-29, le plus performant des bombardiers alliés, n’aura, en dépit de sa cabine pressurisée, qu’un plafond pratique de 9 555 m et ne sera jamais engagé en Europe. Pour la Flak légère et moyenne, qui opérait à basse altitude (≤ 2 500m), la fenêtre de tir était de l'ordre de 25-30 secondes dans le meilleur des cas avec un appareil volant à 450 km/h et en prenant en compte la faculté de pivotement rapide de la pièce pendant qu'elle suivait sa cible.
NOTA : Il y avait, aussi, des secteurs et des zones d'altitude où il fallait "neutraliser" les tirs de la Flak pour permettre à la chasse de s'en prendre aux bombardiers, sans se prendre des pélots "amis".
C'est à çà que servaient, par exemple, les dispositifs IFF (en anglais dans le texte!
), qui faisaient office de "détrompeurs" sur les écrans radars
La Flak avait coûté un pognon dingue en matériels, munitions et "mobilisait", en 1944, un personnel, y compris les nombreuses "auxiliaires" féminines, de l'ordre de 1,2 millions (je cite de mémoire). Ses résultats avaient été
mi-figue, mi-raisin, si on rapporte la quantité de munitions bouffées au seul nombre d'avions abattus - çà dépend, aussi, des époques - , mais elle en avait, néanmoins, endommagés un très gros paquet, qu'il avait fallu immobiliser, à leur retour, pour de nécessaires réparations plus ou moins longues et coûteuses. Il existe plusieurs études "récentes" passionnantes mais très touffues
, rédigées en anglais (Beurk!
), sur le sujet.