brehon a écrit:Bonjour,
Loïc Charpentier a écrit:Pour mémoire, les 380 mm/45 calibres Modèle 1935, qui armaient le Richelieu, pouvaient tirer à 41 700 m.
37,8 km selon les sources que je possède.
À ma connaissance, les seuls canons de marine dont la portée maxi dépassait les 40 km étaient les 460 mm des Yamato/Musashi.
Pour le 16"/45 calibres Mk. II brit, j'ai, aussi, sous le coude, d'autres sources, qui indiquent des portées maximales légèrement différentes à quelques centaines de mètres près.
J'avais relevé la portée maximale du 38 cm/45 calibres Mle 35 français, dans une étude, assez "confidentielle", mais, selon moi, bien foutue ,"
Identification of the Parameters of Naval Artillery" - auteurs : K.R. Crawford & N.W. Mitioukov, publiée à Prague en 2013. Les auteurs, au demeurant bien secondés par des pointures (à la retraite!

) de l'artillerie navale, y avaient passé en revue toute l'histoire de la "relative" brève carrière - comparée à celle du boulet plein sphérique! - des canons de marine chargés par la culasse.
En France, dès les années 1850, les experts de l'artillerie navale avaient pu bénéficier du splendide, très exceptionnel et vaste pas de tir de Gâvre, dans la presqu'ile de Quiberon, et, par voie de conséquence, de la mise en place de "sa" Commission" (le département R&D de l'époque!). Par contre, les Anglais, en 1914, lors de la déclaration de guerre, eux, ne disposaient d'aucun "plan d'eau" (y compris à Scapa Flow!) qui leur aurait permis d'effectuer des mesures fiables, au-delà de 10 000 m. Le premier plan d'eau local "au-delà de 10 000 yards" n'avait été mis en service que tout début 1916, mais il avait servi, en priorité, à entrainer les canonniers et télémétreurs - la télémétrie est encore un problème supplémentaire!- aux tirs à longue distance, entre 15000 et 20 000 m, à la louche et en gros, à la limite des performances "visuelles" de la télémétrie à coïncidence (par beau temps!)... il y aurait, d'ailleurs, une discussion "interminable" à développer sur ce seul sujet.
La plupart des abaques de tir de l'artillerie navale, y compris jusqu'en 1945, ne prenaient en compte que les portées maximales où le pélot disposait, encore, de la vitesse suffisante pour infliger des dégâts à une cible, également, navale. L'augmentation de l'élévation des pièces, qui, entre 1918 et 1930, était passée de +/-12° (tirs tendus à 15000/16 000 m) à + 30/+35°, autorisant les tirs à 30 000 m, était destinée à permettre à l'artillerie navale de tirer sur de possibles cibles terrestres, selon des trajectoires semi-paraboliques, mais avec une précision relativement "merdique" (comparée aux critères navals). La précision à longue distance n'était réellement apparue qu'après la WW2, avec la mise en service des premiers projectiles "intelligents" - qui coutaient la peau des murges ! -, puis celles des missiles.
Comme je l'ai évoqué, très succinctement, plus haut, un pélot, par exemple, de 406 ou 380 mm, pouvait, très probablement, finir sa course bien au-delà de 40 bornes, avec une précision "calculée" proche de zéro, mais çà sortait, systématiquement, des abaques existants . Les officiers-canonniers étaient, alors, priés de dégainer le compas, le rapporteur, la règle à calcul et se souvenir de leurs cours d'instruction.

En plus, dans le cadre d'un pilonnage "mer-terre", ce qui compte, avant tout, est la concentration des pélots dans une surface plus ou moins définie. Un pélot de 38 cm, de près de 460 kg, même en "fin de course", peut infliger de très sérieux dégâts sur une troupe faiblement retranchée ou supposée telle.