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Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 11:35
de blackdeath
Désolé,
mais vous déviez du sujet qui est consacré aux récits de Mr Torrès.

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 15:16
de _Eti_sv_
je suis nouvellement arrivé sur le forum, et le témoignage de Mr Torres sont vraiment très intéressant... Merci beaucoup aa Mr Torres de prendre le temps de nous parler de ces expériences, et merci a la famille de Mr Torres de l'aidé à a nous parler de ce sujet.. :)

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 16:34
de Legionnaire
tetsuo a écrit:Je ne visais personne d'autant plus que je fais partie des gens dont je parle
Je joue pas mal aux jeux videos et ma période préférées, de loin, est celle de la 2nd guerre mondiale. Je me demandais juste ce dont pouvait réellement penser quelqu'un qui a connu la guerre, de mecs comme nous qui nous intéressons à ce que l'humanité fait de pire, les armes et la guerre !?


La mémoire!! On perpétue leur mémoire (on essaye en tout cas).
Autant en évoquant leur courage au champ d'honneur que en tenant compte des erreurs du passé pour ne pas les renouveler (idem, on essaye).
Il n'y a rien de choquant à cela ou alors étudier l'histoire serait absurde et visiter un musée du voyeurisme...
Je pense qu'il est moins choquant de s'y intéresser (interet sous toutes ses formes) que de passer bêtement devant tous les monuments aux morts sans jamais éprouver le moindre sentiments de gratitude.

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 22:27
de Audie Murphy
Comme l'a sagement indiqué blackdeath, ne nous éloignons pas du sujet d'origine qui est dédié à Monsieur Torres.

"Accusé de réception!"

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 22:36
de Vincent TORRES
J' imiprime et je transmets à grand père! Ce soir c moi ki suis de "corvée"!
Patrice TORRES

ok

Nouveau messagePosté: 10 Mai 2005, 22:48
de juin1944
Effectivement, tous les doutes sont dissipés, mais comprenez que nous devons nous montrer vigileants car les imposteurs existent malheureusement. Une question, donc , pour M. Torrès, qui lui est manifestement un authentique vétéran : quelle etait à l'époque, c'est à dire en 1939, l'opinion de la "lourde" à l'égard de la forteresse terrestre que fut le char 2C ?
Image

Ah ces souvenirs!

Nouveau messagePosté: 16 Mai 2005, 23:00
de Vincent TORRES
Bonsoir à toutes et à tous,
Je viens ce soir vous raconter une anecdote qui s'est déroulée dernièrement. Il faut tout d'abord savoir que nous sommes parfois réunis, nous les quatre « copains ». Je commence par le plus jeune : il s'agit d'Antoine, c'est mon frère il est de la classe 1944, il a donc 81 ans. Les deux suivants sont Jean (mon beau-frère), et moi Vincent tout deux de la classe 1938, tous deux 87 ans et le plus ancien d'entre nous Camille, de la classe 1934.
Antoine a servi au 45e régiment de transmissions. Il était chauffeur et n'a pratiquement pas connu les combats. De fin 1944 à fin 1945, et il n'a cessé de faire des aller-retour entre Paris et pratiquement toutes les villes d'Allemagne.
Jean a été mobilisé en Afrique du Nord (à Constantine) au sein du 64e bataillon de chars de combat (F. T. 17). Il a été formé comme mécanicien sur les chars. En 40, il n'a pas cessé de faire des va-et-vient entre Tunis, Alger et le Maroc. Démobilisé fin 41, remobilisé le 251142, il a embarqué a Mers el-Kébir en 44 pour débarquer en Provence le 17 août 1944 au sein du troisième régiment de chasseurs d'Afrique.
Camille lui a été maintenu sous les drapeaux en Tunisie. Ses qualifications sont (et resteront jusqu'à la retraite) « Mécanicien d'essai en vol » une action de d'éclat remarquable lui rapportera la Légion d'honneur. Il terminera sa carrière en tant que mécanicien hélico à Sud aviation Marignane.

Camille a toujours le dernier mot, c'est le plus ancien d'entre nous. Nous lui devons le respect. Nous avons fêté ses 92 ans.
À l'occasion des cérémonies du 8 mai, le plus vaillant d'entre nous, (Camille) est venu nous chercher chacun à notre domicile pour nous conduire à la cérémonie. Je tiens à vous dire que nous n'avons pas cessé d'évoquer nos souvenirs. Bien entendu le nous avons un peu abusé des plaisirs de la table. Aussi les moments douloureux évoqués, nous nous sommes laisser aller à boire un peut. Seul Camille était interdit de boissons ! Mais...
De retour, pas bien tard, nous étions tous un peu chauds ! Bien entendu nous avons chanté toutes vitres ouvertes. Puis il y a eu des silences. Et c'est cela dont je veux vous parler. Nous étions sur l'autoroute, j'étais à l'arrière droit du véhicule et j'observais Camille. Il devait penser que nous nous étions à demi endormis. Et un surprenant phénomène s'est produit. Camille s'est mis à dire à mi-voix : « pression des pneus o.k ; feux de croisement allumés ; température de l'eau OK ; pression d'huile OK ; régime moteur trois quarts ; vitesse 130 km heure ; temps clair ; visibilité 5000. »
Il est vrai que sur son véhicule il y a une quantité invraisemblable de cadrans ! Je me suis mis avoir peur, et l'arrivée d'un péage m'a donné l'occasion de rompre cette espèce de monologue surprenant mais que je comprends si bien. Ainsi en dehors des traces douloureuses des combats, nous avons tous gardé quelque part ces espèces de réflexes qui resurgissent après 60 ou 65 ans !
Je comprends pourquoi mon épouse m'a si longtemps reproché de conduire ma voiture avec brutalité... Du reste, depuis ce jour où j'ai été touché à bord du H 39, lorsque je passe devant un char, je réalise que je m'arrange toujours pour passer par derrière. Rien ne me glace plus que la gueule d'un canon.
Je vais arrêter là pour ce soir, j'ai été très bavard, je vous ai parlé de l'actualité, de ce qui fait aujourd'hui que je repense à tout cela. Les souvenirs se bousculent, les aventures ressurgissent comme des bulles la surface d'un étang. Je réalise qu'il faudrait toute une vie pour vous raconter tout cela. Mon prochain récit clôturera, je pense la phase concernant mes souvenirs à l'apprentissage de la conduite et de la pratique du F. T. 17.
Post-scriptum : je veux répondre à l'un d'entre vous au sujet du char dont il me joint la photo et au sujet duquel il me dit : « que pensez-vous à l'époque de ces super lourd ? »
Les choses étaient assez claires. Il y avait le F. T. 17 dont on se moquait beaucoup à cause de sa queue, de sa lenteur, et de son canon. Il y eut ensuite le H 39 ; le SOMUA qui avait une fâcheuse tendance à se renverser ; de plus il se démontait en deux parties ce qui lui avait valu le nom de boîtes de conserves ; et le fameux B1 bis que nous admirions. Nous l'appelions volontiers du nom amical de « Bibis »
Tous les autres blindés français (FCM notamment, fabriqués près de Toulon) 2 C etc...étaient rares et secrets.(Cela me rassurait du reste que nous ayons des armes secrètes...)
Bonne semaine à tous.
Vincent TORRES

merci !

Nouveau messagePosté: 18 Mai 2005, 16:28
de florent
Bonjour Monsieur TORRES et ravi de voir que vous nous écrivez à nouveau !

Sympatique cette anecdote malgré ces réflexes "conditionnés" dont, je suppose, les anciens combattants aimeraient se débarasser ...

Encore une fois, Monsieur, je m'excuse de ma maladresse.

Merci,
A bientôt

Mes respects,
Florent

Bonsoir à toutes et à tous,

Nouveau messagePosté: 18 Mai 2005, 23:37
de Vincent TORRES
Je voudrais ce soir vous raconter mes dernières expériences sur F. T. 17.
Ce ne sont pas de bons souvenirs, d'autant plus qu'ils se sont déroulés en 1938, à l'école de pilotage. Ceci est très important, et j'aurais l'occasion de vous reparler de ma perception très différente de la douleur, de l'horreur, et de la mort, en temps de paix puis au combat. J'ai vécu ce genre de mutation de l'esprit et de l'âme. Cette mutation qui fait du militaire un soldat.
Le F. T. 17 étaient un char très rudimentaire. Les allées et venues entre le hangar et le terrain de manoeuvre se faisaient au moyen d'un petit camion à plateau sur lequel il fallait faire grimper le char. En général, cette tâche délicate était effectuée par le moniteur. Une première fois, un jour de pluie, alors que le F. T. 17 était sur le porte char, et que nous rentrions à pied à la caserne nous avons été alertés par un bruit impressionnant. 100 mètres plus loin, en descente et dans un virage, il y avait un arbre sectionné à la hauteur de un mètre environ. Le petit camion avait glissé et percuté de face de l'arbre. Le F. T. avait pulvérisé la cabine du camion et ses occupants. Un carnage.
Ambiance dramatique. J'ai essayé de comprendre pourquoi cet accident s'était produit. C'est vrai que la route était glissante, mais j'ai surtout constaté : Que le petit camion avait des freins commandés individuellement par des câbles ; qu'il était très difficile de donner à ces câbles la même tension. Ce qui fait qu'ils n'étaient pas rare que lorsque l'on freinait, une seule roue se bloquait, rendant l'engin incontrôlable.
Que le camion porte char avait des roues à bandages ! L'adhérence sur route mouillée ou dans la boue était nulle.
Je ne me souviens pas d'avoir vu un dispositif d'ancrage par chaîne ou Câble. Il suffisait de prendre en le frein de parc du char !
J'avais fait à l'époque un petit rapport à l'attention du moniteur pour lui faire part de mes remarques. Aucune suite n'a été donnée. Nous avons continué l'apprentissage dans les mêmes conditions, et le chauffeur du petit camion était un homme condamné. Je dis le chauffeur, car après cet accident, il était interdit de monter dans la cabine en qualité de passagers. J'ai été désigné plusieurs fois pour conduire ce petit camion. J'en ai encore froid dans le dos, et je ne m'attarderai pas à vous raconter ou en vous décrire mon état lorsque enfin je descendais de celui que nous avions surnommé la guillotine.
Certains pourront se poser la question de savoir pourquoi je vous raconte cela. C'est sûr que cela me fait du bien de vous parler. Mais il n'y a pas que cela. Je voudrais vous amener à comprendre, ou à réfléchir, à la qualité du matériel qui nous était confié... À la veille de la guerre.
Un mot très bref sur le canon de 37 du F. T. 17. Sa taille, la taille de l'obus étaient ridicules. Sa portée utile n'excédait pas 200 mètres ! Mais nos moniteurs nous rassuraient, ils nous affirmaient que ce canon était un canon d'exercice... Et que nous irions au combat, si combats il y avait à bord de chars équipés du fameux 47... Ce qui s'avéra encore une fois un doux rêve.
J'ai encore été un peu long ce soir. Merci à tous ceux qui me témoignent tant de sympathie au travers de leurs chaleureux messages.
Toujours dans un ordre que je souhaiterais chronologique, je vous parlerai prochainement de mon sentiment lorsque j'ai perçu mon H. 39 tout neuf ! Des premiers tours de chenilles et de la période qui a précédé mon engagement au feu.
Vincent TORRES

Nouveau messagePosté: 21 Mai 2005, 13:36
de cosette
Pour labourer un champ de pomme de terre le ft 17 devait s'averrer utile.Immaginer un instant le sentiment d'aller au combat avec un char dont la puissance du canon aurait juste colorier la peinture d'un panzer.
cele ne devait pas etre tout rose et je vous prie de croire en ma compassion Mr Torres.

L'espoir arrive avec le h39..... :)